Alors que les jeunes africains continuent de se donner en pâture aux aléas inhérents au fantasme européen, un collectif d’artistes notamment africains – qui y ont vécu – apporte sa contribution à la sensibilisation. Il organise au Centre culturel de rencontre international (Ccri John Smith) de Ouidah, une série de spectacles pour révéler le drame de la face cachée de l’aventure européenne. Les spectacles vont se dérouler du 27 au 30 octobre.
« Plus de 70 cadavres d’africains sur une plage en Italie ». Le constat amer a marqué le Béninois résident en France, Vincent Harisdo Edoh. La réalité va bien au-delà. Très souvent, l’actualité internationale revient sur le sort des jeunes africains en quête du mieux-être en terre européenne. Malheureusement, la plupart finissent leur course dans la méditerranée, ou dans des camps en attente de rapatriement. Et pourtant, cela ne suffit pas à dissiper le fantasme des jeunes africains. Ils y voient en effet la meilleure porte de sortie.
Pour les plus chanceux, ils finissent souvent « dans une situation de délabrement total », déplore le danseur et chorégraphe Vincent Edoh. « Parce que ceux qui ne sont pas morts, ils sont dans la rue, ils vivent dans la rue, ils dorment dans la rue », insiste-t-il. « Ils sont dans une situation de solitude ». Mais sont obligés de montrer le contraire aux leurs restés au pays. C’est cette situation qu’il veut « dénoncer » avec le projet de spectacles.
Ce dernier est intitulé « Eclats d’humanité, Voyage au cœur de la solitude ». Il a pour ambition de « raconter la vérité » aux jeunes africains. Leur montrer qu’« il n’y a rien là-bas ». Et pour le faire, qui mieux que celui qui y a vécu 40 ans « dans la solitude, dans la galère, dans la misère ». Vincent Edoh se rappelle des déboires qu’il a dû essuyer. Lui dont la famille « avait les moyens de l’aider ». Ce qui n’est pas souvent le cas des migrants.
Au cœur de la solitude
« Eclats d’humanité : Voyage au cœur de la solitude » fait référence à « cette absence d’humanité que nous vivons en Europe », a indiqué Vincent Harisdo Edoh. « C’est (aussi) ce fantasme de l’Europe que vivent les africains que nous essayons de dénoncer », a-t-il poursuivi.
Danses, performances, cinéma, débats et formations vont ponctuer le quotidien au Ccri John Smith de Ouidah pendant ces 3 jours. Le projet s’ouvre dimanche 27 octobre avec le vernissage accompagné par Abou Diarra, de l’exposition « l’invisible révélé » de l’artiste photographe François Calavia. Le même jour, les pièces chorégraphiques « Le flou migratoire » et « Anaswa, le souffle d’une mère » offrent une immersion dans la triste réalité des migrants.
Le premier propose un regard sur les enjeux contemporains de la migration. A travers la seconde, Norbert Sènou rend hommage à sa mère et à toutes les mères. Surtout celles qui, le regard tourné vers l’Occident, espèrent le retour de leurs progénitures.
« Entre deux mondes : La danse de l’identité » et « Symphonie de la solitude » prendront leurs quartiers mardi 29 octobre. Le lendemain sera l’apothéose avec la soirée cinéma sur le titre « Sombras » de Canal Oriols. En parallèle, des résidences, immersions et formations se déroulent au Centre de développement artistique et culturel (Cdac Elijah) à Ouidah. Objectif, « encourager la jeunesse à développer des choses surplace ».
Et pour faciliter les choses, Vincent Edoh croit dur qu’ « il suffit seulement que les institutions politiques et le gouvernement prennent leurs responsabilités pour que les jeunes n’aient plus envie d’aller en Europe ». Eclats d’humanité donne donc rendez-vous aux jeunes et à toute la population pour une aventure palpitante, riche en couleurs et en témoignages. Après le Bénin, le projet sera présenté au Rwanda, en Allemagne, en Tanzanie, au Bénin à nouveau puis au Togo.
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