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« La ruse et la rage » : Joseph Djogbenou revient sur ses mots

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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C’est l’une de ses phrases les plus mémorables, mais aussi les plus polémiques — une phrase que de nombreux Béninois ne lui pardonnent toujours pas. À l’époque, l’homme était ministre de la Justice. Après l’échec de la révision de la Constitution par voie parlementaire, Joseph Djogbénou, visiblement très déçu et en colère, avait lâché une bombe, le 11 avril 2017 :
« Rien ne sera plus comme avant, rien, absolument rien ne sera plus comme avant. Si la politique dans ce pays se fait avec lucidité, nous la ferons avec lucidité. Si elle se fait avec la rage, nous la ferons avec la rage. Et si elle se fait avec la ruse, nous la ferons avec la ruse. »
Dès lors, beaucoup ont conclu que le régime de la Rupture allait désormais user de la « ruse et la rage » pour conduire ses politiques. Depuis, Joseph Djogbénou est considéré comme l’idéologue de cette ligne dure. Mais les critiques et l’inimitié que ces mots lui ont attirées, il les traîne comme un boulet.
En conférence, jeudi 10 avril au Centre de Recherche et de Formation “Le Chant d’Oiseau” de Cotonou, sur le thème : « L’impératif de la bonne gouvernance pour relever les défis actuels », il est revenu sur ces propos, avec une verve éloquente dont il a le secret.

« Je voudrais quelque peu, non pas avec pour volonté de convaincre mais d’expliquer, parce qu’au-delà de tout, nous sommes des êtres humains et qu’il nous arrive, comme il arrive à chacun, d’avoir à nous exprimer sur le fondement de ce qui est lié à notre propre conviction ou à nos sentiments. Le contexte, c’est 2017… Nous avons conduit, sous l’éclairage et la direction du président de la République, une refonte de notre Constitution avec une naïveté, je vais dire, une sincérité absolue.
Si ce projet avait abouti, toutes les institutions de la République, notamment la Cour constitutionnelle, auraient eu leurs membres élus ; les enseignants auraient désigné par élection leurs représentants ; les magistrats auraient été désignés également par leurs pairs par élection. La Cour suprême aurait eu son président élu par les pairs.

Cette réforme, avec ce contenu, nous l’avons soutenue à l’Assemblée nationale. Trois voix ont empêché son adoption. Trois voix que l’humain que je suis a considérées comme des voix ayant condamné l’adoption du projet par la ruse plutôt que comme des voix ayant condamné l’adoption du projet par la rage.

Nous avions compris que nous n’avions pas été habiles, que nous n’étions pas dans la politique politicienne, que nous n’avions acheté personne, que nous n’avions rien fait d’éthiquement contrevenant et ce projet avait échoué de trois voix… Je suis un humain. La politique, c’est une foi, c’est une conviction. Le président de la République a cru en cette réforme. Le constat ayant été fait, et vous savez, certains ici en ont eu les échos…
…par la ruse qu’on le fait, désormais on va procéder ainsi. Si c’est par la rage, désormais on va procéder ainsi. Que aujourd’hui, que celles ou ceux qui procèdent ainsi disent que la ruse et la rage attribuent [ce résultat], ce n’est pas ma nature, ni mon caractère, ni mon éducation.»

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