Quatre ans ! c’est le nombre d’années qui nous sépare du décès du professeur Cossi Jean-Marie Apovo disparu le 20 février 2016. A l’Université d’Abomey-Calavi, la meilleure manière pour se souvenir de cet homme est de vulgariser la ‘’science de la Boologie’’ dont il est l’inventeur. Voici le contenu de cet événement prévu le vendredi 20 mars et dont les préparatifs vont bon train, rassure son successeur, docteur Raymond Assogba, socio-anthropologue.
Par Sêmèvo B. AGBON
Depuis la mort du professeur Cossi Jean-Marie Apovo, Dr Raymond Assogba, Maitres de conférences des universités du Cames, socio-anthropologue, boologue et expert en spiritualité du développement est devenu le porte flambeau de la ‘’Boologie’’ dont il assure la vie et la survie. C’est donc lui qui est à la manette de cet anniversaire-souvenir. Lors d’une conférence de presse, lundi 16 mars à l’amphithéâtre de l’ex Flash de l’Uac, il a exposé les sens communautaire et conjoncturel de se souvenir du professeur Apovo et présenté les activités prévues.
La Boologie pour construire et bâtir un Bénin nouveau
Dans la biographie qu’il a faite du professeur Apovo, le docteur Raymond Assogba le présente comme « un scientifique, un béninois authentique qui a fait ce que les Français et les Américains font ». En effet, a-t-il étayé, « il a inventé une science en partant d’une réalité cultuelle qui est o boo défini par les Blancs comme ‘’gri-gri’’ parce qu’ils ignorent ce que c’est mais savent qu’il y a du vrai. Ce ‘’vrai’’, le professeur Apovo a trouvé que c’est ‘’la ruse de la pensée’’. Donc il a fait de la Boologie la première science inventée par un Béninois à l’université d’Abomey-Calavi ». L’objet de cette science est la ‘’Bodicée’’, appréhendée comme « les formes d’existence à partir du Boo ». « Le Boo a trois fonctions : servir à se protéger, avoir de la richesse, le bonheur et répondre à ceux qui vous agressent. Donc à partir de ces trois formes de vie le professeur a tenté de montrer comment il est possible d’utiliser des techniques, une méthodologie pour faire la recherche de manière à voir les problèmes à partir du point de vue des Jowamon, c’est-à-dire les cultures béninoises. Il trouve qu’à partir de la Boologie on peut scientiser le Vodoun, voir les problèmes à partir de nos réalités et faire un développement moins cher ». Le professeur Assogba en déduit que se souvenir de Apovo revêt un premier sens dit communautaire. « Ce souvenir est destiné à la jeunesse universitaire et scolaire du Bénin et de l’Afrique. Le sens de ce souvenir, réside dans l’exemple que le professeur Apovo a offert à la vue du patriotisme : utiliser la ruse de la pensée ou boo pour construire et bâtir un Bénin nouveau ; et cette nouveauté n’est pas que politique ou économique, mais surtout comme une tentative humaine d’édifier une puissance de virtualité appelée Nun Dodo. La ruse de la pensée est un instrument intellectuel d’investissement financier, physique, économique, politique, social ; c’est-à-dire de développement humain : Nun Dodo », a-t-il expliqué.

La Boologie pour défendre et illustrer l’anthropologie africaine
En inventant la Boologie, le professeur Apovo qui « a rendu son corps biologique au Vodoun Sakpata » permet à l’Africain de disposer « d’une science sociale de dominer vraiment le monde et l’Homme ». « « Nous avons fait cela (c’est-à-dire inventer une science sociale sur la théorie et la pratique du Boo) par devoir, devoir patriotique et devoir culturel pour défendre et illustrer l’anthropologie africaine et célébrer l’authenticité béninois dans ses noms ‘’bophores’’, Bonyiko’’ uniques au monde », disait l’inventeur lui-même. Docteur Raymond Assogba de renchérir, en le citant, que l’invention de la Boologie permet de « célébrer la présence de la jeunesse béninoise dans l’œuvre universitaire, de penser les solutions aux problèmes du siècle et du millénaire ». Pour coller à l’actualité il insiste que « en ce temps de commercialisation des pandémies mondiales inventées par quelques puissances économiques, il est important de rappeler à la jeunesse qu’un être de grand standing scientifique leur a ouvert la voie de l’audace, l’art de manier la raison pour ruser avec les problèmes et survivre à tout génocide ». C’est en cela le sens conjoncturel du souvenir du professeur Apovo.
Au programme…
La célébration du 4ème anniversaire du décès du Pr. Cossi Apovo est prévue pour le vendredi 20 mars. Une conférence sera prononcée le matin sur « Les boo-technologies utilisés par les Amazones de Béhanzin » à l’amphithéâtre de l’ex Flash. Ce sera aussi l’occasion de la présentation de l’ouvrage publié à titre posthume de Apovo intitulé ‘’Bojèlènu’’. Des moments de partage de souvenirs par les amis et connaissances du professeur Apovo seront enfin au rendez-vous. Sans oublier madame Davo qui parlera de sa nouvelle littéraire ayant pour nom ‘’Tula’’ de o Fa.