La 6ème édition de la Semaine des frontières béninoises s’étend du 6 au 12 juin prochain. L’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (ABeGiEF) lance dans ce cadre, une campagne dénommée « Mobilisation nationale au profit des espaces frontaliers ». C’est à travers une conférence de presse donnée jeudi 6 juin par le directeur général de ladite Agence, Dr Marcel Ayiré Baglo aux côtés d’autres partenaires.
Par Sêmèvo B. AGBON
Des populations vivant dans les espaces frontaliers dépourvus d’infrastructures routières ou sociocommunautaires adéquates. Telle est en résumé la triste réalité révélée par Dr Marcel Ayiré Baglo, directeur général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (ABeGiEF). Un pont en bois avec tous les risques liés à cette solution de fortune, le véhicule d’une autorité locale piégé dans un trou, des populations qui manquent d’eau potable, de centre de santé, d’écoles, de pistes d’accès. Les images projetées par le directeur ont abattu tous les journalistes présents à la conférence. Ils découvrent que des populations pourtant béninoises souffrent loin de Cotonou ou de Parakou, dans des espaces frontaliers où la plupart des enfants n’ont même pas d’actes de naissances. Ainsi, ce que redoute Dr Marcel Ayiré Baglo c’est l’enrôlement de ces citoyens vulnérables par des terroristes au regard de la porosité des frontières. « Pauvres et abandonnés, dit-il, ceux qui vous aident deviennent vos messies. Or terrorisme n’est pas une génération spontanée ; il part toujours de la marginalisation et de la pauvreté. Les terroristes ne sont plus seulement des arabes ».
Conscient de cette situation, le Bénin a déjà engagé une politique de développement des espaces frontaliers. Elle se traduit entre autres par le renforcement de la sécurité à ces endroits (construction de commissariats), la construction d’une soixantaine d’écoles dotées de cantines scolaires, des consultations foraines à ces populations, la formation des femmes aux activités génératrices de revenus (fabrication du gari par exemple) et leur dotation en matériels et la mise en place d’une plateforme de coopération transfrontalière avec notamment le Nigéria, le Togo et le Niger. Toutefois, le conférencier soutient qu’il reste à faire. C’est au prix de ces actions que les menaces terroristes seront prévenues et on pourra redonner à ces âmes, le sentiment d’appartenance au Bénin et de fierté de son pays. Ainsi, elles se mettront au service de son développement et de sa sécurité.
La Semaine des frontières béninoises a donc pour objectif d’informer le grand public sur la mission et les actions de l’ABeGiEF pour sécuriser, viabiliser les espaces frontaliers et améliorer les conditions de vie des populations qui y vivent. Elle vise également à fédérer les actions de tous en faveurs desdits espaces. Elle porte sur le thème « Viabiliser les espaces frontaliers pour une meilleure sécurisation du territoire national ». La 6ème édition comporte une particularité, celle de la campagne « Mobilisation nationale au profit des espaces frontaliers » qui se déroulera jusqu’au 31 décembre 2019. « La gestion des espaces frontaliers étant pluridimensionnelle et nécessitant la contribution effective de toutes les parties prenantes, il est important que les ministères sectoriels, les forces de défense et de sécurité, la société civile, les partenaires techniques et financiers entre autres s’approprient la Politique nationale de développement des espaces frontaliers et participent activement à son opérationnalisation », souhaite le directeur.