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Larred-Uac du Prof. D. Amouzouvi : ”Adjégounlè” passe de l’informel à la clandestinité (thèse de Calice Zanou)

Adjégounlè thèse Calice Zanou

Calice D. Boza Zanou, désormais docteur du Laboratoire d’analyse et de recherche, Religions, espaces et développement (Larred) de l’Université d’Abomey-Calavi, s’est intéressé à la lutte contre les médicaments de rue au Bénin. Son sujet incisif est intitulé : « De l’informel à la clandestinité… Et pourtant ils disent que Adjégounlè est détruit ». Il a défendu sa thèse, lundi 31 octobre à la salle Okioh du bâtiment Mird de l’Université d’Abomey-Calavi. La thèse révèle l’échec des mesures légales ou règlementaires dans ce combat de santé publique. 

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

Informelle hier, la vente de faux médicaments est devenue clandestine avec l’interdiction ou la suppression de Adjégoulè. « Et pourtant ils disent qu’Adjégounlè est détruit » se veut une thèse d’exploration d’une réalité sociale.
« Malgré la réglementation pharmaceutique il s’est développé dans les pays de l’Afrique de l’Ouest en général et au Bénin en particulier, un marché parallèle de médicaments en concurrence avec les officines pharmaceutiques officielles. Les offreurs potentiels de ces médicaments opposent une résistance au décret de suspension de ce marché, qu’est Adjégounlè. Du coup, les médicaments sont devenus des enjeux économiques et financiers en plus de leur enjeu sanitaire », explique l’impétrant.

Dr Calice D. Boza Zanou a rencontré dans le cadre de sa recherche, 105 acteurs. Il a réalisé des entretiens personnels avec les offreurs à domicile et lieux garantissant la confidentialité. Conscients du risque qu’ils encourent, les acteurs de ce marché clandestin, ont dû développer ce que le thésard appelle « la vente codée ». Une stratégie pour laquelle il a confié avoir fait une « observation participante ».

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« La présente recherche s’inscrit dans la logique de la sociologie du risque de D. Le Breton (2007) avec sa rationalité et son actuel mode de distribution entre les acteurs (vendeurs et consommateurs) qui méritent d’être saisis », a-t-il précisé. Grâce à la « théorie de la déviance », il est arrivé à « cerner l’interaction entre vendeurs et consommateurs pour entretenir cette activité informelle sur un espace appelé « Adjégounlè » ».

Des résultats chiffrés, il ressort que « 100% de la population cible déclarent connaître Adjégounlè ». En matière de genre, tous les sexes opèrent sur ce marché illégal, mais les hommes dominent dans une proportion de 57% contre 43% de femmes. Dr Calice D. Boza Zanou s’est même intéressé au niveau d’instruction de ces acteurs, et il a découvert que 39% ont juste le niveau primaire et 10% le niveau supérieur.

Échec des mesures légales ou règlementaires

La thèse « De l’informel à la clandestinité… Et pourtant ils disent que Adjégounlè est détruit » débouche sur une conclusion grave. « On retiendra de cette recherche que les mesures légales ou règlementaires visant à interdire des activités à fortes pertinence sociale peinent à prospérer ».

Adjégounlè est le marché parallèle de vente le plus dense au Bénin. «En raison de sa perception et de ses rôles socioéconomiques‚ le marché d’Adjegounlè résiste à toute action de suppression et fait émerger de nouveaux modes de vente informelle de médicaments»‚ écrit-il.

À son arrivée au pouvoir le gouvernement actuel a‚ en effet‚ farouchement réprimé le phénomène des médicaments de rue. 250 tonnes de produits pharmaceutiques ont été saisis au cours de la répression et détruits en février 2019. Pour les professionnels de la pharmacie la persistance de la situation est une injustice vis-à-vis d’eux qui s’acquittent de leurs devoirs fiscaux‚ constate le thésard.

Tout comme lui‚ le Prof. Amouzouvi partage aussi le constat que des années après la lutte de santé publique engagée par le gouvernement Talon‚ «l’ordre n’est pas rest黂 les médicaments informels circulent toujours‚ plus astucieusement.

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La thèse qui a coûté des années d’investigation minutieuse, a été évaluée par un jury international présidé par le professeur Albert Jovite Nouhouayi. À ses côtés, le directeur scientifique du Laboratoire d’analyse et de recherche Religion, espaces et développement (Larred), professeur Dodji Amouzouvi comme rapporteur. Sans oublier les trois examinateurs que sont le Prof. Akue K. M. Adotevi, Prof. Tossou Atchrimi et Dr (maître de Conférences) Jacques Aguia Daho.

Mention Très honorable avec les félicitations du jury. Telle a été la décision qui a sanctionné cette thèse osée, pertinente et d’utilité sanitaire selon le jury. Calice D. Boza Zanou est de la 17ème promotion de docteurs du Larred-Uac.

 

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