Après un premier report, la rencontre entre le président Talon et une délégation de cadres et notables de la commune de Tchaourou conduite par le roi de la localité s’est tenue hier, jeudi 20 juin à la Présidence de la République. Au centre des échanges, les violences survenues les 7, 8, 9 et 10 à Savè et Tchaourou sans oublier la situation de l’ancien président Boni Yayi.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
« Tchaourou est sous le choc et s’interroge ». C’est l’une des phrases fortes issue de la déclaration du porte-parole de la délégation, l’ancien ministre Théophile Worou. Pour cause, les « graves incidents survenus à Tchaourou les 27 et 28 avril, puis les 07, 08, 09 et 10 juin 2019 qui ont occasionné des blessés, d’importants dégâts matériels sur les biens privés et publics, le traumatisme et la psychose de peur ayant conduit à la paralysie des activités et de ses corollaires ». La délégation a exprimé alors ses regrets « pour les préjudices et désagréments engendrés par ces événements ». Elle a donc plaidé pour « la prise de mesures fortes en vue d’une détente au profit de nos concitoyens en détresse suites aux différents événements évoqués plus haut pour une décrispation générale ». Il a par ailleurs évoqué les « séances de concertation au niveau des cadres résidents à l’issue desquelles une délégation a été dépêchée le 14 juin ». Les préoccupations « exprimées par les différentes couches rencontrées » sont de trois ordres et concernent la situation de l’ancien président Boni Yayi ; les mesures au profit des personnes ayant subi les préjudices suites aux différentes violences ; et les mesures au profit des concitoyens en détresse. En attendant, Théophile Worou a rassuré que « le travail de sensibilisation se poursuivra sans discontinuer ».
Après avoir écouté la déclaration du porte-parole, le président Talon a salué la démarche de la délégation. Il a ensuite déploré les actes de violence enregistrés à Tchaourou et fustigé le comportement de personnalités et autres acteurs qui ont pu encourager, instiguer ou commanditer ces agissements. « Ce qu’il s’est passé à Tchaourou ne ressemble pas à nos enfants » (les enfants du Bénin), a-t-il déclaré. Ces actes n’honorent pas non plus notre pays. Il a avoué en avoir ressenti beaucoup de peine. Son exhortation, c’est que les acteurs, toutes tendances confondues, se montrent désormais capables d’oublier cette mauvaise passe pour œuvrer collectivement à rétablir le vivre ensemble. Car « Nous sommes frères et sœurs », a déclaré le président Talon pour inciter davantage à cette réconciliation entre les populations de la localité et entre les populations du Bénin en général.
Abordant la demande de « clémence » à lui adressée en faveur de « ceux qui sont dans la détresse », il a relevé que « c’est au peuple béninois que doit s’adresser ce message. Que nous (les acteurs politiques) devons être capables de demander pardon au peuple. » Il s’est alors porté volontiers pour être le porte-parole de la délégation devant la nation pour demander pardon. La délégation peut compter sur Patrice Talon pour que cet épisode soit vite oublié, que la clémence soit effective à l’endroit de ceux qui ont mal agi, tout en préservant l’Etat.
« le président Boni Yayi, c’est mon ami »
Le Bénin est un et indivisible. Cette proclamation de la Constitution doit amener les populations à vivre en harmonie entre elles, a-t-il exhorté. « Le Bénin est éternel, Tchaourou est éternel, ce sont les hommes qui passent ». Inutile donc de perdre du temps dans des divisions. Il vaut mieux travailler à l’essor du Bénin. Sur ce « Je voudrais, demain, venir à Tchaourou et manger chez n’importe qui », a déclaré Talon pour rassurer ses hôtes.
La situation de l’ancien président n’a pas été occultée. Tout en laissant comprendre qu’il accèderait aux doléances de la délégation s’agissant de clémence, il a déclaré : « le président Boni Yayi, c’est mon ami. Je ne lui veux aucun mal. Je lui offre encore mon amitié ». Enfin il a exhorté les 22 membres de la délégation à cultiver et à prôner les bonnes pratiques. Enseigner par exemple aux jeunes, aux populations en général, qu’il ne sert à rien de défier la Police, la justice… car ce sont les garantes de notre vivre ensemble. Si elles ne sont pas en place, il serait impossible aux humains de vivre dans la quiétude, tant les travers des uns et des autres pourraient prendre le dessus.
Sur-le-champ le président Talon a demandé à la délégation de mettre en place un comité de 5 personnes pour assurer le suivi de tout ce qui a été dit, et surtout continuer l’œuvre de sensibilisation des acteurs aux fins d’un retour effectif de la cohésion à Tchaourou.
Liste des membres de la délégation
1) Bagoudou Adam
2) Worou Théophile
3) Tairou Kabassi
4) Benon Nicolas
5) Bio Sawe ishola
6) kassim Kabassi
7) Adamou Amidou
8) Aboudou Issa
9) Sounon Bouko Bio
10) Chabi Sika Karim
11) Dimon Awaou
12) Lawani Afissou
13) Osseni Wabi
14) Amoussa Gani
15) Worou Goura Henrette
16) Assouni Serge
17) Abitikakakou Roi de tchaourou
18) Olaye Idtissou
19) Biaou Abou Soule
20) Atchade Issakou
21) Chabi Rachidi
22) Sarah Charles