Vous êtes ici
Accueil > Actualité > Bio Guera : La tête d’un héros au pays des droits de l’Homme…

Bio Guera : La tête d’un héros au pays des droits de l’Homme…

La France tient à être bien vue des populations africaines. Mais elle manque cruellement de poser des actes qui apaisent vis-à-vis de son passé colonial  criminel en Afrique. En ce XXIe siècle il est assez gênant et révoltant de savoir que cette nation pompeusement appelée « pays des droits de l’Homme » continue de garder sur son sol la tête d’un héros‚ Bio Guera, qu’elle a tué‚ décapité alors que la victime ne défendait que légitiment sa terre natale.

 

LIRE AUSSI : Patrice Talon : «Il est là, le Bénin révélé !»

 

Faut-il amorcer un long processus, faire beaucoup de bruits avant de voir la tête de Bio Guera revenir sur sa terre pour bénéficier des honneurs dus ? En tout cas, c’est désormais un souhait ardent des populations.

La France est sous pression. En tête de l’offensive et de la revendication tout à fait légitime, des organisations intrépides comme la chancellerie de l’Ordre des « Wasangari », l’Organisation pour la défense des droits de l’homme et des peuples (Odhp) et la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb). Elles exigent la restitution de la tête de Bio Geurra, notamment à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre la torture célébrée par le 7 mai. Un combat que le gouvernement doit dès maintenant inscrire dans son agenda, exactement comme dans le cas des 26 trésors royaux de l’ex-Danxomè.

Un peu d’histoire

 

LIRE AUSSI : Exposition à la Présidence : Trois siècles d’histoire à portée de vue

 

Le 17 décembre 1916, Bio Guera, un des héros nationaux, a été décapité par les troupes françaises sur l’ordre du commandant Ferius à Baoura, une localité de la commune de Bembéréké, l’un des lieux des combats. « Une mort atroce, inhumaine et infamante » décrit la chancellerie de l’Ordre des « Wasangari ». D’abord objet d’une avilissante exhibition au grand public, « la tête a été emportée par le vainqueur colonialiste cynique. Pour un ”Wasangari” c’est le pire des sorts que d’être enterré sans la tête », fustige la chancellerie.

 

LIRE AUSSI : Littérature : Père Rodrigue Gbédjinou fête 20 ans d’écriture‚ un parcous ecclésial et patriotique

 

La restitution de la tête de Bio Guera n’aura rien d’inédit. Elle la résultante normale du vent de demande de restitution qui souffle en Afrique et au Bénin. Des peuples africains qui exigent et obtiennent la restitution d’objets culturels et/ou cultuels (plutôt symboles du sacré ou de divinités), volés pendant les guerres de colonisation. « Certains dont le Ghana ont obtenu la restitution des crânes emportés de leurs rois. Notre pays, le Bénin n’est pas en marge de ce mouvement d’émancipation patriotique. Il a obtenu la restitution d’une partie de ses objets d’art (symboles) volés et en est joyeux et fier. Il doit poursuivre le combat pour arracher tous les objets (d’art) culturels voire rituels ainsi emportés par les colonialistes français, de même que la tête de Bio Guerre ou toute autre partie de corps éventuelle dissimulé », exige la chancellerie.

Fort de cette considération, l’Organisation pour la défense des droits de l’homme et des peuples ( Odhp), la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) et également certains groupes d’intellectuels du Bénin lancent d’ailleurs un appel « patriotique à tous les peuples (Baatonu, Boo, Dendi, Mokolé, Peulh) de l’aire culturelle wasangari du Bénin (qui s’étend de Malanville à Tchaourou et de Tchikandou à Kouandé) pour qu’ils se lèvent comme un seul homme pour exiger la restitution de la tête de Bio Guerra ».

La France gagnerait en honneur à accéder très tôt à cette demande. Traîner les pas ne lui serait que davantage préjudiciable face à la montée des mouvements à son encontre sur le continent.

Par Sènankpon DOSSOU

Laisser un commentaire

Top