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Retrait de plainte contre l’État : Boni Yayi accorde un mauvais pardon

Boni Yayi : « Suite à la rencontre du 22 septembre 2021 entre le président Talon et moi, j’ai décidé de retirer mes plaintes concernant ma mise en résidence surveillée durant 52 jours pour contribuer au processus de paix devant aboutir à la libération de tous les prisonniers politiques, le retour de tous les exilés et l’organisation d’un dialogue politique inclusif sur l’avenir de notre patrie commune conformément à la volonté de notre peuple. »

De la part de Boni Yayi, c’est une erreur grossière que de penser que la justice exclut le pardon. À quelques heures de la délibération de la Cour de justice de la Cedeao, l’ancien président de la République a gaffé. Il aurait dû s’abstenir de retirer sa plainte contre l’État béninois dans le dossier de sa « mise en résidence surveillée » pendant 52 jours en 2019.

Il vient de faire perdre à tout un peuple, sympathisants comme pourfendeurs, une occasion en or de savoir qui a raison et qui ne l’a pas dans cette affaire. Ce qui constituerait une véritable leçon pour l’avenir. D’autant plus qu’il avait librement, et il en a le droit- formulé ladite plainte.

 

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S’agissant du geste de l’homme : Boni Yayi a pardonné quoi à qui ? Si aucune décision de justice n’a conclu à l’illégalité de sa mise en résidence surveillée, alors, quelle injustice a-t-il pardonnée ? Tout porte à croire que lui-même doutait fort de sa propre innocence. Alors la rencontre avec le Chef de l’État Patrice Talon, vient à point nommé comme alibi pour éluder une décision de justice à lui probablement défavorable. En 2020 déjà‚ la Cour constitutionnelle suite à un recours devant elle‚ avait décidé que le dispositif policier installé chez «le chantre du Changement» n’était pas contraire à la Constitution. 

En vérité, dans cette affaire de « pardon » à l’État, Boni Yayi semble ne pardonner qu’à lui-même d’avoir manqué de sagesse que son prestigieux statut d’ancien chef d’État lui imposait. Par conséquent, il se révèle finalement le plus gros perdant, le mauvais modèle.

On pourrait sans être accusé de partialité, conclure que l’Exécutif qui a comme prérogative de garantir la sécurité des biens et des personnes, avait bien agi en le mettant hors d’état de nuire.

On se souvient bien, en effet, qu’avant les émeutes des 1er et 2 mai 2019, Boni Yayi a été vu au balcon de sa résidence de Cotonou en train de menacer avec rage : « qu’ils viennent ! » parlant des policiers dépêchés à Cadjehoun suite à des informations de troubles à l’ordre public.

En matière de « Justice et pardon » le successeur de Boni Yayi est un exemple. Saisie par la société Benin Control dont l’actuel chef de l’État était président du conseil d’administration, la Cour commune de justice et d’arbitrage basée à Abidjan avait condamné l’État béninois à la rétablir dans ses droits sous peine de payer 142 milliards de Fcfa. Ceci‚ dans le dossier de retrait du Programme de vérification des importations (Pvi) du Port autonome de Cotonou‚ 17 mois après son autorisation.

On n’occultera pas le cas Sébastien Ajavon. L’homme s’honore actuellement de décisions de justice (Cadhp) à lui favorables. Même si un pardon, ou une réconciliation ‘’politique’’ intervenait demain, il n’aurait pas été vain que la Justice ait situé les responsabilités.

Justice et pardon ne sont pas incompatibles ! La paix durable est celle qui a pour socle la vérité.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

 

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