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Développement durable de Bonou : L’héritage patrimonial pris au sérieux

Bonou, ex-Dogba

Les Rencontres culturelle et scientifique communautaires de Bonou (Rcsc) ont atteint leur point culminant, jeudi 22 septembre « jour scientifique ». Face à un public admiratif, quatre alléchantes communications ont été déroulées et traitent de la réappropriation de l’histoire de l’ex-territoire de Dogba et de la révélation de ses potentialités touristiques.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

« Qui sommes-nous ? et d’où venons-nous ? » Les nombreuses préoccupations du public à la suite des différentes communications ont révélé la soif des habitants de Bonou de se connaître. Même Pascal Todjinou, l’ancien bouillant secrétaire général de la Cgtb est ressorti comblé :

« Je sens une certaine fierté d’avoir à découvrir ma localité de naissance. Moi je suis de Dogba originel d’où tout est parti. Dogba régnait sur un certain nombre de localités. Avec la réforme administrative on s’est retrouvé noyé. Aujourd’hui je suis fier de constater que ma localité de naissance a une histoire, qu’on n’est pas en train de perdre mais qu’on est en train de révéler au monde entier », a-t-il confié.

L’histoire de Bonou, ex-Dogba. Docteur Ebénézer Sèdégan (Maitre-assistant) s’en est chargée à travers sa communication intitulée « Histoire de la royauté de l’ex-territoire de Dogba : chefferie traditionnelle ou royauté au sens capétien du thème ». Le spécialiste de l’art et de l’histoire contemporaine, enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) a situé l’origine de Bonou au XIIIe siècle.

« Avant la naissance du royaume de Dogba, existaient déjà dans la région des communautés qui se sont installées et qui sont venues de divers horizons : les unes ont quitté le Nigeria, déjà au XIIIe siècle suite à la révolution d’Ilé-Ifè et d’Oyo, les autres ont quitté Adja-Tado toujours dans le même sillage périodique suite à la guerre de succession à Tado. Ces différentes communautés une fois installées dans la région ont mis en place une organisation sociale. Mais à partir de 1948 avec l’appui du roi Guézo, Dogba est devenu une royauté qui va étendre sa domination sur ces anciennes communautés qui se sont installées et qui vont lui faire allégeance désormais », a-t-il dévoilé.

 

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Parler aujourd’hui de « royaume de Bonou » relève d’un grave abus, a-t-il insisté. « On parle du royaume de Dogba Affamey et non du royaume de Bonou, ce qu’il faut relever aussi. Parce qu’à partir de 1975 une réforme de l’administration territoriale a été faite par les révolutionnaires et au lieu de Dogba ils ont parlé de Bonou, qui était aussi une chefferie de la région. Donc le royaume de Dogba a été substitué au royaume de Bonou pour rester dans la terminologie voulue par le contexte du moment », a rectifié l’universitaire.

Révéler

Derrière l’initiative des Rencontres culturelle et scientifique communautaires (Rcsc), se trouve l’ambition d’impulser la renaissance culturelle et touristique pour le développement durable de Bonou.

Or « Le royaume de Dogba est une entité sociopolitique pré-coloniale mal connue » comme l’a observé Dr Sèdégan. Toutefois, « la résistance du roi Gbehanzin face à l’envahisseur colonial français » lui donne une certaine renommée. Les témoins tangibles de ces affrontements parsèment encore la région.

Bonou

Le duo Romain Oké Bonou, spécialiste du patrimoine et Félix Douhayi, philosophe-métaphysicien ont recensé et commenté ces patrimoines dans leur communication sur « La deuxième guerre de résistance de Danxomè sur l’ex-territoire de Dogba 1892-1894 : faits, spiritualité et acteurs majeurs ».

C’est une histoire glorieuse qui revient sur la bravoure des Agoojié (amazones) et surtout l’efficacité du quatuor Fâ, Vodun (Awhan Lègba, Akoto Lègba, Gou, Sakpata», Boo (improprement traduit par ‘’gri-gri’’) et du ‘’azé’’ contre un envahisseur lourdement armé. Cette haute spiritualité appliquée au contexte militaire a permis de mettre l’agresseur en difficulté.

Gbêhanzin et son armée pouvaient faire du « dédoublement mystique », ou provoquer des maladies aux soldats français grâce au vodun Sakpata. La déité Tohossou lui aurait contribué à couler un navire militaire dont les restes reposent au fond du fleuve Ouémé non loin de « Sodonou », ancien camp militaire des troupes dahoméennes abritant un légendaire baobab centenaire.

« À Bonou, ex-Dogba, Gbêhanzin n’a pas perdu la guerre », a assené Romain Oké Bonou. L’autre preuve de la déroute de l’ennemi, c’est aussi l’assassinat du commandant Faurax par l’amazone Yètinmè. Le lieu abrite encore aujourd’hui son tombeau du Français à Bonou.

« Ceux qui ont étudié jusqu’en classe de 3ème elle a été enseignée. On parle de durs combats de Dogba et Dogba c’est dans la commune de Bonou. Comment faire pour que l’histoire soit retracée, pour que l’itinéraire suivi dans cette guerre devienne pour la commune de Bonou un site reconnu, bien défini ; qui renvoie à une attraction touristique et culturelle pour permettre à ceux qui ne connaissent pas l’histoire de venir se ressourcer ici ? un peu comme ce qui se passe dans d’autres communes où des étrangers qui viennent au Bénin s’y rendent.

Nous-mêmes nous sommes en train de travailler pour que les touristes aient l’envie de venir à Bonou comme un milieu qui regorge d’assez de potentialités touristiques. Nous travaillons vraiment à valoriser tout ce qui est attrait touristique dans la commune de Bonou », détaille le maire Thierry Tolègbé.

À cet effet, la mairie envisage la création d’un service communal chargé de la gestion du patrimoine culturel. Afin de capitaliser l’« Héritage historique et patrimonial du royaume de Dogba » en vue d’un développement communal durable, Pacôme Comlan Alomakpé, spécialiste du patrimoine culturel a tracé le chemin.

Il a recommandé des études et des travaux des restaurations et d’aménagement autour des sites menacés et le développement de l’offre touristique (restauration, guides, communication).

Le tandem roi Houezêzoun Alotchehou et le maire de Bonou est résolument engagé pour y favoriser.

 

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Les Rcsc sont organisées par le Conseil suprême des chefferies traditionnelles pour la sauvegarde et la promotion des patrimoines endogènes et touristiques du Bénin (Csctb) en partenariat avec la mairie de Bonou et le Think tank Génération des vigilants. Elles se poursuivent jusqu’au samedi avec un géant concert des artistes dont Sagbohan Danialou, Anice Pepe, Zeynab et Nikanor.

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