L’ « Unité d’enseignement de Boologie » de l’Université d’Abomey-Calavi organise, samedi 20 mars prochain, le 5e anniversaire du décès du professeur Cossi Jean-Marie Apovo, inventeur de la science de la ‘’Boologie’’, a annoncé le Responsable Dr. Raymond Coovi Assogba, lors d’une conférence de presse à l’Ecole doctorale pluridisciplinaire, lundi 15 mars. L’événement est placé sous le thème « Boologie : Azur des futurs défis de l’Université d’Abomey-Calavi ». Voici l’intégralité du développement que le professeur Assogba en a fait aux les journalistes.
CONFERENCE DE PRESSE
CINQUIEME ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION DU PROFESSEUR COSSI JEAN-MARIE APOVO
Thème : Boologie : Azur des futurs défis de l’Université d’Abomey-Calavi
La Boologie est une œuvre conçue par un enseignant-chercheur émérite : le professeur hors-classe Cossi Jean-Marie APOVO. Et encore une fois, nous allons nous retrouver dans ce mois de mars, précisément le samedi 20, pour entretenir la flamme du souvenir de l’audace qu’il a eu de fonder à la face du monde entier, un sujet considéré comme un relevant du diable par les missionnaires, une recherche supposée inutile et improbable par les scientifiques ; car relevant de la honte, du peu de considération pour soi, et de la peur de paraître infantile devant les autres. Il s’agit du boo en langue fon du sud Bénin ou Tim, en langue Baatͻnu, et encore appelé gri-gri en français.
Le professeur APOVO a fourni un effort de réflexion dans le droit fil de son identité d’universitaire ; et il a d’abord ancré sa réflexion sur l’Anthropologie du Boo, tablant sur ce qu’il a comme spécialité : philosophe et anthropologue ; il a procédé à une recherche empirique dans toutes les régions du Bénin, du sud au nord, de l’est à l’ouest en passant par le centre, et il a en conséquence, amassé des données auprès d’un échantillon d’enquêtés choisis parmi toutes les catégories socio-professionnelles : les étudiants, les sachant béninois, les bokᴐnᴐ, les bootᴐ, les commerçants et commerçantes, les fonctionnaires, etc. Lui-même s’est mis à la pratique de sa quête : le boo, les gbésisa, les nu-yi, etc.
En guise de résultat à sa thèse de doctorat d’Etat, il a formulé le projet de l’invention de la science la BOOLOGIE, dotant son intention d’un objet qui est la Boodicée, un système social dans lequel le boo est le centre d’impulsion, tel un pendant à la Théodicée de la pensée cartésienne, objet de débats entre les philosophes européens ; il restait aux Béninois d’avoir eux aussi leur projet historique de réflexion : la boodicée. Il a associé à l’objet, une définition comme la ruse de la raison, rejetant le préjugé et l’ignorance du ‘’gri-gri’’ à la phraséologie ethnologique et anthropologique. Puis, sans attendre une autorisation qui ne viendrait jamais d’une conscience autre, professeur Apovo a énoncé les hypothèses gnoséologiques de la nouvelle science de la Boologie ; sans omettre l’utilité de cette science pour la jeunesse béninoise et africaine.
La Boologie est la seule science, la première et la dernière à s’offrir à l’humanité pour valoriser les variables scientifiques des savoirs endogènes que sont O’Fa, O’Vodùn et O’Boo. Elle offre l’opportunité à la jeunesse africaine de repartir vers les richesses en connaissance détenues par les Vodùnnᴐ, les Bokᴐnᴐ, les thérapeutes et tous ceux des Béninois qui organisent et font fonctionner les Jᴐwamᴐ-culturels que sont Egungun, Kwlitᴐ, Gɛlɛɖɛ, Zangbétᴐ, sans oublier les Hunkpamɛ ou vodùnkpamɛ qui sont des sortes de collèges, de lycées où les vodùnsi apprennent la technologie et les techniques de manipulation des élémentaux comme le feu, l’air, l’eau et la terre ; toutes opportunités de valorisation des règnes minéral, végétal et animal dont l’efficacité de l’association sert à régler les besoins en gestion politique, économique, culturelle, éducationnel, en sécurité, en fécondité et que tout le monde appelle BOO.
Aujourd’hui, après la célébration du cinquantième anniversaire de la création de l’université d’abomey-Calavi, de nouveaux défis se posent à l’enseignement et à la recherche ; ce rappel a été fait par monsieur le Recteur de l’Université, professeur Maxime Da-CRUZ. Selon lui, avant la pandémie du corona virus, l’université a servi depuis sa création en 1971, à former des cadres mis à la disposition d’une administration publique naissante au lendemain des indépendances de 1960. « Le colon avait besoin de cadres pour faire fonctionner son administration. Donc, la création de l’université ne s’est pas écartée de cette vision première. Après le départ du colon, nous avons pratiquement reproduit le même schéma…Aujourd’hui, l’obtention d’un diplôme contrairement à ce qui se passait à l’époque, n’est plus une garantie d’emploi et c’est une préoccupation sérieuse. Donc, les offres de formation aujourd’hui doivent intégrer le besoin de professionnalisation. Il faut donner aux étudiants des compétences dans la filière qu’ils ont choisie, mais il faut aussi les préparer à affronter le monde professionnel et à être des créateurs d’entreprises» a-t-il dit dans l’interview accordé au journal Educ’Action du 21 décembre 2020.
A écouter monsieur le Recteur et à évaluer l’objet de la Boologie, il est notoire de relever que c’est une science dont l’introduction dans l’enseignement supérieur est d’un abord heuristique ; car, depuis le 10 janvier, date de célébration des « religions traditionnelles », le Vodùn est devenu le vecteur d’une activité dynamique révélatrice de possibilités d’emploi, d’exercice de talents professionnels dans les secteurs de la santé pour ce qui est de la pharmacopée et de la médecine béninoise, de la psychologie sociale pour l’encadrement de la jeunesse déboussolée et en perte de repère social, le secteur du commerce pour la vente des inputs d’animaux, de végétaux, etc., la spiritualité des personnes en quête de réponses à leurs angoisses, le renouvellement de l’homme et de l’écologie, l’élevage, etc. La Boologie est porteuse de tous ces emplois et l’ouverture de master de recherche, de master professionnel et d’un institut d’enseignement ou d’un département, et même d’un cycle d’enseignement sont des opportunités qui répondront aux nouveaux défis de l’Université d’Abomey-Calavi, pour satisfaire les besoins de la jeunesse béninoise et la nécessité d’une réadaptation de l’enseignement supérieur à la modification apportée par l’échec de la mondialisation, au modèle de développement du Bénin et des pays africains.
Avant son décès le 21 février 2016, voici l’opportunité que les travaux du prof. APOVO permettent de mettre au profit de l’enseignement supérieur en pleine mutation sous le recteur professeur Maxime Da-CRUZ. Et cela, nous considérons que c’est l’Azur, le ciel bleu ou le paradis offert aux futurs apprenants à l’université d’Abomey-Calavi.
Je vous remercie
Dr (MC) Raymond ASSOGBA
Sociologue-Anthropologue
Boologue
Expert en Spiritualité du Développement