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Chronique/ Paternité niée

Sosthène rencontre Violette et lui compte fleurette. Le gars est mignon et convaincant. Ses mots et sa stature imposent confiance. La fille bénit ciel et terre d’être tombée (enfin) sur le bon gars, le gars prédestiné. Quelques nuits d’extase lui suffiront pour prendre la décision. Elle lui garantit son cœur, fière de pouvoir fonder une famille heureuse. Le feu de l’amour dont la fumée emplit désormais son cœur est si mielleux qu’elle ne put imaginer un instant l’enfer. Les deux vont désormais se mesurer au lit dans un torrent de regards et de mots fous. Ils sont solidaires et unique dans leur monde où tout est rose.

Le bonheur dure jusqu’au jour où un méchant spermatozoïde se plante dans l’utérus féminin. La nouvelle sort le Compagnon de ses gongs. Son vrai visage s’affiche, hideux et monstrueux. La « fausse âme sœur » se révèle. Un bourreau en quête de proie sexuel se dévoile. Il ne veut pas d’une grossesse. Il prétexte n’avoir pas encore les moyens. Il impose à la femme d’avorter, promettant qu’ils feront d’autres enfants qu’ils élèveront ensemble ; qu’il faut un peu de patience, histoire de se garantir d’abord un avenir meilleur, une source sûre de subsistance. Il a beau délivrer un discours mielleux. Une femme engagée, c’est plus qu’une armée debout. Violette ne veut pas avorter. Là-dessus, son hermétisme est sans concession. Alors le gars coupe tout lien, toute communication, se fond dans les menaces. Pour couvrir le tout, il arrive souvent qu’il change de lieu de résidence ou prenne ses jambes à son cou pour se soustraire à toute éventuelle interpellation.

Cette métamorphose radicale chez le Compagnon dont le visage respirait il y a peu, le paradis, jamais la femme ne comprendrait. Hélas ! elle aura quand même chamboulé toute sa vie. Tardivement, elle réalisera ainsi le risque indélébile qu’elle a pris en dînant et buvant à la table du sexe avec un loup déguisé.

Voilà un fait de société qui fait silencieusement ravage : le refus d’assumer la paternité. En plus de détruire des vies entières, il est responsable des avortements tous azimuts. Des bébés retrouvés abandonnés çà et là dans les bas-fonds, au seuil des églises ou à un coin de la rue sont parfois les fruits d’une grossesse niée, rejetée ou non assumées. L’une des victimes, qui a résisté à toute pression et gardé seule la grossesse a connu la mort après l’accouchement et a été inhumée hier.

La sexualité responsable n’est plus la valeur la mieux partagée. Les jeunes réduisent le sexe au plaisir, et quand les conséquences frappent à la porte, ils s’enfuient par la fenêtre. La sexualité inconsciente est sans doute, un nid de maux et un casse-tête pour les sociétés contemporaines. Nos grands-parents avaient pourtant réussi à l’éluder en logeant le sexe à l’intérieur du mariage. Ce n’est guère une fantaisie que la jeune fille devait garder sa virginité jusqu’au mariage. Virginité que seul son mari connu et reconnu est habileté « à prendre » après la bénédiction des deux familles. Et si aujourd’hui les « maux sexuels » n’ont pas manqué, malgré la légitimation de la licence sexuelle à travers le commerce éhonté des préservatifs, il vaut mieux revenir à cette fidélité jadis à soi-même, jusqu’à la rencontre de l’âme sœur sûre, certifiée et traditionnellement actée.

Faut-il croiser les bras et compter gaiement les victimes de ces déviances ? Sinon il faut trouver le génie de faire du sexe l’affaire des ‘’grands’’, des responsables. Il faut réussir coûte que coûte à inscrire dans l’esprit des jeunes que ‘’sexe’’ appelle ‘’responsabilité’’, que le sexe n’est pas un plaisir. Là se jouent la paix, la sécurité et le développement.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

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