Les rois et têtes couronnées ne se lassent pas d’exprimer leurs reconnaissances quant à la constitutionnalisation de la chefferie traditionnelle. Lors du sommet de renouvellement de son bureau tenu, vendredi 26 février au Palais royal d’Allada, le Haut conseil des rois du Bénin (Hcrb) a adressé au chef de l’Etat et aux députés de la 8e législature une Déclaration de félicitations dans ce sens.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Détenteurs du pouvoir, garants de l’ordre et du droit avant-hier ; anéantis par le colon français hier, les souverains retrouvent peu à peu leur dignité au Bénin. La reconnaissance de leur statut longtemps souhaitée, est devenue aujourd’hui une réalité dans un contexte de « réformes courageuses, audacieuses et prometteuses » impulsé depuis 2016 par le chef de l’Etat, Patrice Talon. Elle a été actée, en novembre 2019 par la révision constitutionnelle. Ainsi, la Constitution du 11 décembre 1990 révisée par voie parlementaire « a consacré une place prépondérante à la chefferie traditionnelle qui est désormais hissée au rang des institutions constitutionnelles et autonomes du Bénin », indique la Déclaration de félicitations lue par Sa Majesté Gangorosuambou, roi de Nikki et secrétaire général du Hcrb. Il s’agit-là, a-t-il poursuivi, d’un « geste capital ». D’abord, il illustre la « volonté manifeste » du président Talon appuyée par les députés de la 8e législature, « de valoriser à nouveau la chefferie traditionnelle à travers les composantes à savoir les chefs traditionnels, les rois, les souverains et autres dignitaires religieux traditionnels ». Ensuite, il contribue à l’égalité culturelle et religieuse. « Car il est primordial de renforcer les capacités des rois, reines et chefs traditionnels dans le domaine de leaders d’opinion à la cohésion sociale et aux mécanismes de prévention de la paix, d’instaurer une gestion coopération en associant le pouvoir exécutif, d’instaurer au meilleur des cas un conseil traditionnel dont les pouvoirs d’Etat peuvent lui déléguer les missions ad’hoc, dans les domaines de préservation de la paix et la sécurité », a déclaré Sa Majesté Gangorosuambou.
La suite ?
S’il est un pas, la reconnaissance de la chefferie par la Constitution ne suffit pas. Et, en exprimant ses reconnaissances, le Hcrb espère d’autres pas. Par exemple, que la Loi portant statut de Rois et têtes couronnées en République du Bénin soit votée. « J’espère qu’ils (les députés) le feront bientôt », croit François Abiola, invité d’honneur au sommet. Par ailleurs, le Haut conseil des rois du Bénin espère que dans le cadre de la mobilisation de toutes les énergies au service de la cohésion, « les pouvoirs exécutif ou/et législatif accordent à la chefferie traditionnelle des pouvoirs d’exercer conformément aux lois en vigueur leurs missions de préservation de la paix et de la sécurité en partenariat avec l’Etat central et ses composantes de gestion », précise la Déclaration.
Mais, en attendant, la présidente du parti Union démocratique pour un Bénin Nouveau (Udbn), Claudine Prudencio les a exhortés à continuer à peser dans le maintien de la paix. « Merci pour le rôle prépondérant que vous allez continuer à jouer dans ce sens. La paix ne saurait se préserver, se construire chaque jour un peu plus, sans votre contribution, vous les dépositaires de nos traditions et de nos balises ancestrales. Merci pour ce rôle que vous avez toujours su jouer, maintenir et renforcer un climat propice à l’évolution normale du processus de développement de notre pays. », a-t-elle déclaré.
Même exhortation de la part de la mairie d’Allada. « A chaque élection, nos autorités traditionnelles ont toujours joué un rôle important pour que tout se déroule bien. Ce rôle de facilitation a été reconnu par le président Talon et inscrit dans la Constitution. Justice rendue à la chefferie traditionnelle descendue de son piédestal par le pouvoir colonial et le régime marxiste-léniniste », a déploré le représentant du maire, Salomon Tonegnikes, avant d’ajouter « Votre rôle est prépondérant dans la prochaine élection du 11 avril 2021 ».