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Cotonou underground freestyle 2022 : Chad-P remporte, le rap béninois se fait des talents

Cotonou underground freestyle 2022

Aboudou Rachad à l’état civil, ‘’Chad-P’’ est le gagnant de la 7ème édition de Cotonou underground freestyle (Cup). La finale s’est déroulée le soir du samedi 20 août à l’espace culturel ‘’Le Centre’’ d’Atrokpocodji en marge de la cérémonie de clôture du festival Dalah’sh.

Par ©Sêmèvo Bonaventure AGBON

Sur ce dénouement, jury et spectateurs sont restés sur la même longueur d’onde. En témoignent les acclamations nourries qui ont accueilli l’évocation de Chad-P comme le gagnant. Issue d’une compétition serrée avec cinq autres finalistes tout aussi valeureux sur qui le rap béninois peut compter.

« Chad-P a remporté de justesse, puisqu’il avait des adversaires de taille. Ça n’a pas du tout été facile. Nous avons remarqué que c’est un artiste qui a vraiment du talent et qui arrive à réagir rapidement. Même quand on lui donne des thèmes il arrive à suivre rapidement. Il a des techniques pour se retrouver quand il se perd, c’est artistique. Il n’est pas parfait, il reste du travail qu’il doit faire sur lui-même mais avec le temps, je pense que ça va s’arranger », loue Like Lion (Hermann Aholodé), artiste-rappeur et membre du jury.

 

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Les deux membres du jury ont évalué les prestations à l’aune de critères portant sur l’attitude, le flow, la présence scénique et la réaction du public. ‘’El Fuego’’, ‘’Oba Tdk’’, ‘’Cœur noir’’, ‘’Melon’’, ‘’Chad-P’’ et ‘’Mad’’ ont été poussés à l’excellence, soumis à des exercices pas aussi aisés. Faire du live convaincant, répondre à des questions de culture générale, offrir du playback exquis, ou encore improviser autour de thèmes attribués sur-le-champ. Le tout face à un public excité, prêt à décerner un carton bleu ou un carton rouge selon que la prestation le conquit ou non.

Cotonou underground freestyle -Cup 2022

Avoir été finaliste était déjà signe d’une performance et d’un talent à travailler. 130 candidats s’étaient lancés dans la course au départ, soit 10 jeunes rappeurs en herbe dénichés par arrondissement de Cotonou. Six ont réussi à passer les mailles des étapes de présélection et de quart de final.

« Je suis tellement content d’avoir eu cette opportunité. Lors du parcours, nous avons bénéficié des ateliers organisés ici au Centre qui m’ont beaucoup aidé. Il y a des notions dans le rap que je ne savais pas. Grâce aux ainés, j’ai eu l’opportunité de comprendre beaucoup de choses. Je tiens à remercier les organisateurs. À l’issue de ce parcours, c’est une continuité de carrière. Je dois retravailler pour prouver mon talent », s’explose Chad-P. Soulever ainsi le trophée, « C’est un moment que j’ai beaucoup espéré dans ma vie pendant 19 ans. Dieu merci j’ai décroché aujourd’hui un trophée », exulte-t-il ensuite.

La 7ème édition du Cotonou underground freestyle (Cup), moment indélébile d’extase. « C’était vraiment palpitant. Je n’ai pas vu le temps passer. De 19h à pratiquement 23h, je suis resté branché », témoigne en sourire, José.

Cette satisfaction du public, Ayré Kama y voit un signe de réussite du concours. « On peut retenir essentiellement que le public en a vraiment besoin. Certes, c’est un peu excentré de la ville mais on a remarqué que l’envie était là », réjouit le responsable de l’association « Innov’artions » et membre du comité d’organisation du Festival Dalah’sh.

Lui-même artiste rappeur au sein du groupe Mamba noir, observe que ce concours à l’endroit des jeunes contribue à garantir une relève de qualité. «Le rap béninois a un lendemain meilleur, parce que là c’est la pépite sur scène. L’objectif du festival c’est d’aller à la racine, d’être en contact avec les jeunes, leur donner les outils afin qu’ils soient des artistes confirmés demain et mieux que ceux qu’on a aujourd’hui. C’est vrai, il y a beaucoup d’autres paramètres qu’on doit vraiment corriger, mais je pense que, avec le travail et l’endurance, ça va aller ».

Les lacunes notées chez les amoureux ne sauront être traitées seulement au détour d’un concours annuel. Le comité d’organisation entend aller au-delà. Dans son viseur désormais, la mise en place d’une école.

« Le grand défi à relever c’est de mettre en place l’école du rap –c’est un projet qui arrive. Une école de rap, pas à grande échelle, mais qui reçoit les jeunes artistes qui ont envie de faire la chose et de leur donner les codes ; parce qu’il manque beaucoup de codes à ces jeunes pour réellement parfaire leur art. Nous sommes sur ce genre de projet qui va démarrer très bientôt. Je pense que si ce projet est bien ficelé et encadre correctement ces artistes, nous en aurons de forts. Ce sur quoi il faut agir c’est de travailler à la base, de leur donner les outils qu’il leur faut, les enseignements afin qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes ».

 

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L’édition 2022 du Cup s’achève comme un autre pas de franchi dans la promotion du mouvement Hip pop. Espoir que définitivement le rap cessera d’être vu comme une musique de voyou, de délinquant.

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