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Covid-19/Interdiction de transport en commun : Les ‘’Zémidjan’’ devenus chers, les clients se font rares

Depuis lundi 30 mars à 00h, douze villes font l’expérience du cordon sanitaire décidé pour contrer la propagation du Covid-19. La mesure qui va avec l’interdiction des transports en commun (bus et mini-bus), pénalise les conducteurs de taxi moto communément appelés ‘’zémidjan’’.  Ces derniers se plaints de la rareté des clients, encore que le peu qu’ils rencontrent dénoncent l’augmentation des tarifs et adoptent de nouvelle méthode de déplacement.

Par Raymond FALADE

Mardi 31 mars. Sur la voie de Ouidah non loin du Geg Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi, Noël Klènon, conducteur de taxi moto et deux de ses collègues discutent, l’un assis sur sa moto de marque “Bajaj” et les autres débout, le temps que des clients s’annoncent. Depuis lundi 30 mars où les forces de l’ordre et les militaires font respecter le cordon sanitaire, ces derniers se font rares, regrettent Klènon et ses amis. En effet, la route a été barrée au niveau de Ouidah, et les “Tokpa-Tokpa” ne sont plus en circulation. « Si la voie ne passe pas, les clients ne sortent non plus. Ce qui fait que nous n’avons pas de clients », témoigne, dépité, Noël Klènon, faisant remarquer ensuite que « les populations ont peur et elles sont restées à la maison ». Ces dernières, ajoute-t-il, croient qu’il s’agit d’un confinement et ne sortent pas. Aussi, avant la mesure, le trajet Godomey-marché Dantokpa ne coûte que 200F à 250F avec les mini bus. Un tarif que les clients veulent appliquer aux zémidjan. « Certains clients qui sollicitent nos services veulent nous payer aux prix des “Tokpa-Tokpa’’. Ce qui ne nous arrange pas », fustige en chœur Klènon et ses collègues.

A Houédonou, toujours dans la commune d’Abomey-Calavi, le même constat. « On ne trouve pas de clients parce que les Tokpa-Tokpa ne circulent pas. Ce sont les clients qu’eux déchargent que nous autres, prenions », se plaint Apollinaire, conducteur de taxi moto. « Même les bonnes dames ne vont plus à Tokpa. La nouvelle du virus intimide vraiment les gens qui ont peur de sortir », croit-il. « Il a fallu que les médias commencent par expliquer aux populations qu’il ne s’agit pas d’un confinement pour qu’elles commencent par sortir à compte-goutte. Le lundi, la situation était pire. Mais aujourd’hui, ça va mieux », fait-il savoir. Au carrefour IITA, nous avons rencontré Placide. Visiblement fatigué, il discutait de la situation avec ses amis. « Depuis le matin, je n’ai même pas encore gagné 1000 francs », se désole-t-il alors qu’il sonnait 17 heures.

Alphonse, un autre conducteur estime lui aussi, en train de faire les frais du cordon sanitaire à l’origine de l’absence des bus de transport en commun qui font la ligne nord-sud. Ce sont les voyageurs à bord qui constituent leurs principaux clients dans la zone. « Si les bus qui viennent du nord continuaient d’arriver, nous n’aurons pas de problème », a-t-il déclaré.

Pierrette, commerçante au marché Dantokpa vit à Togoudo dans la commune d’Abomey-Calavi. Pour se rendre au marché, elle prenait les mini bus. Mais depuis l’interdiction du transport en commun des personnes, elle a changé de méthode. « Le mardi matin, c’est mon frère qui m’a déposé au marché. Je lui ai juste payé un litre d’essence à 450F. Il va revenir me chercher le soir. Ce qui me revient moins cher si je devais recourir aux zémidjan », déclare-t-elle, sourire aux lèvres. De Togoudou à Tokpa, dame Pierrette payait entre 200 et 300 lorsque les bus circulaient. Ce qui lui faisait environ 600 francs pour le transport par jour. Mais avec les ‘’zem”, seuls autorisés, elle doit débourser plus de 1000 francs par jour pour le transport. Une dépense qu’elle ne se risquera de faire vu ses recettes journalières. C’est la méthode qu’elle pense adopter toute la période d’interdiction du transport en commun.

La décision interdisant le transport en commun de personnes dans les villes du cordon sanitaire a été prise pour limiter la propagation du covid-19 dans les villes à risque. Elle est en vigueur pour deux semaines, soit jusqu’au 12 avril prochain à 00 heure. Elle se révèle, sur le terrain, dure à vivre pour beaucoup de citoyens, mais la santé n’a pas de prix.

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