« Le roi Stan Tohon n’est plus. Comment je suis devenu son dauphin ? Le Tchink system pour moi est un rythme local, une modernisation réussie du Tchingounmè des Mahi. C’est un rythme que j’ai d’abord du plaisir à écouter et que je me suis mis à pratiquer. Je n’avais jamais mis pied chez Tohon quand bien même je pratique le rythme dont il est le concepteur. C’est en m’écoutant qu’il a lui-même cherché mon numéro de téléphone et m’a appelé. Il ne veut plus se taire jusqu’à perdre les talents comme ce fut le cas de Riss Cool, m’a-t-il dit. C’est ainsi qu’il m’a fait venir à son festival ‘’Fine tchink music’’ et m’a consacré son successeur. Ce jour-là, il avait déclaré qu’à part Riss Cool, il ne trouvait plus un jeune qui joue ce rythme avec autant de soins, de maitrise.
Depuis ce jour, nous avons noué de bonne relation. Il ne cesse de me téléphoner régulièrement. Récemment, quand il allait à Lomé pour des raisons musicales, il m’a appelé et m’a dit : « Prince, je suis en train de te préparer des réseaux. Je vais à Lomé pour ton bien. Envoie-moi des chansons de toi que je vais montrer à ceux de Lomé pour leur dire, voilà mon fils qui me succèdera, appréciez son travail vous-mêmes ». Et je lui en ai envoyé de mes chansons. Il me semble que sa santé à commencer par chanceler depuis le Togo et il s’est envolé pour Paris. Lorsque nous nous sommes entretenus au téléphone j’ai vite su que sa santé n’allait pas bien. Depuis son hospitalisation, nous nous envoyions de messages jusqu’à la nouvelle de sa mort.
Quand un bananier meurt il laisse de fils à sa place. Si ‘’Tchink system’’ est une tâche que le roi Tohon m’a confiée, je ne serai pas fatigué de l’accomplir. Depuis l’au-delà, lui-même me soutiendra et accompagnera nous tous qui lui emboitons les pas.
Je voudrais exprimer mes condoléances à sa famille à Abomey Azali et à tous les Béninois. La disparition de Stan Tohon est une grande perte pour notre pays et le monde. Mais je leur demande de ne pas trop verser de larmes. Nous sommes là pour assurer son arrière musical. Le Tchink système n’est pas parti. Je demande simplement aux populations de me soutenir comme ils l’ont soutenu, afin que ce rythme ne disparaisse jamais. »
Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON
du courage PRINCE GUÉDÉSSI