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Défense des travailleurs : Procès de la Csa-Bénin à la division dans le monde syndical

Entouré de trois collaborateurs, le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa-Bénin), Anselme Amoussou a donné une conférence de presse, vendredi 13 septembre à la Bourse du travail à Cotonou. L’objet de cette sortie était d’« apprécier et faire apprécier l’action syndicale en faveur de l’évaluation des enseignants et des préparatifs de la rentrée académique ».

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

« Faut-il que nous continuions de faire preuve de clientélisme syndical vis-à-vis de nos mandants en sacrifiant leurs intérêts sur l’auteur de la recherche de l’audience publique biaisée ? Notre mandat syndical nous autorise-t-il à mettre en péril les emplois et les vies des travailleurs par l’obéissance aveugle à des injonctions de forces extérieures au monde syndical ? Ces interrogations ne viennent pas d’un intru. Elles traduisent les inquiétudes d’un dignitaire syndical qui se remet en cause et qui est perplexe quant au fonctionnement du monde syndical au Bénin : Anselme Amoussou, secrétaire général de la Csa-Bénin.

Division : c’est la première plaie du monde syndical béninois. Csa-Bénin, Cgtb, Cstb… sont de grandes associations qui ne s’entendent presque jamais sur quelle posture adopter face à une situation. Le cas récent concerne l’évaluation diagnostic des enseignants décidée par le gouvernement à propos de laquelle elles ont davantage exposé leur division. Sur le terrain, l’appel au boycott de l’un achoppe sur les appels à la composition des autres. Dans la foulée de cette cacophonie des positions, et face à l’allure que prenait la situation, des enseignants contractuels reversés en Ace en 2008 ont dû majoritairement et individuellement sauver leur tête. Afin d’éluder la menace de radiation du gouvernement. Environ 500 sont restés mordicus dans la logique du boycott jusqu’au bout. Au point qu’à l’étape actuelle, seul le ‘’Fâ’’ pourra prédire ce qui adviendrait d’eux. Leur malheur aura donc été d’avoir écouté et observé les consignes de leur hiérarchie.

Pas donc d’unité d’action au sommet des organisations syndicales béninoises. Pendant que rien ne démontre qu’un militant ne suit pas parfois les ordres d’un responsable autre que celui du syndicat auquel il est affilié. Alors, les centrales et confédérations syndicales ne sacrifient-elles parfois, et souvent les emplois et la vie de leurs mandants sous prétexte de les défendre ? Certaines d’entre elles ne sont-elles pas à la solde des pouvoirs politiques aussi divisés que diversifiés ? A toutes ces questions, Anselme Amoussou semble répondre : OUI. Comme antidote, il propose désormais aux responsables syndicales comme lui, de faire preuve de « réalisme syndical ». Il s’agit d’un syndicalisme « qui tient compte de l’environnement ». Sinon « Lorsque le syndicalisme devient un moyen de chantage, un moyen d’épanouissement personnel au détriment des revendications que nous devons porter pour nos militants, il vaut mieux s’en arrêter là », a-t-il retenu.

Faire les bons combats

Sans être esclaves de leurs bases ni s’en détourner, les leaders syndicaux doivent être capables « de parler de façon responsable à nos mandants, … de leur dire la vérité de façon responsable lorsqu’il le faut… », insiste le Sg Amoussou. Ce courage, ce réalisme ajouté à l’unité est ce qu’il faut pour qu’au Bénin, s’élève un syndicalisme au service du plus grand nombre. « Lorsque l’action syndicale finit par vous faire apparaître comme des gens qui ne peuvent jamais entendre raison, vous finirez par donner des occasions à ceux qui décident de restreindre votre marge de manœuvre », a-t-il prévenu. Le combat pour la défense des intérêts des travailleurs doit, recommande Amoussou, s’appuyer sur les armes du dialogue, de la négociation. « Ce qui se revendique c’est ce qui a été convenu de commun accord avec la partie adverse ; le reste se négocie. Il faut que nous cessions d’utiliser notre mandat syndical comme un mandat politique qui met en péril les emplois. Notre rôle également en tant que leaders c’est de préserver par moment les emplois des travailleurs parfois malgré eux, parfois contre leur volonté », a-t-il conclu.

Si le test de l’évaluation diagnostic des enseignants a éprouvé une fois encore durement l’unité syndical, il doit servir de leçon, a-t-il estimé lors de sa conférence de presse. « A la date d’aujourd’hui, des camarades qui ont refusé de participer à l’évaluation diagnostic parce qu’ils se sont laissés fourvoyer pour aller dans le sens du boycott sont les mêmes qui sont allés vers nous pour nous demander de plaider pour qu’ils aient l’occasion de composer à la faveur de la session des malades. Ce que nous avons fait et obtenu par la négociation, le débat et le dialogue. La portion congrue qui est restée dans sa position de boycott est malheureusement revenue vers nous pour nous demander de plaider leur cause. Il est temps que nous puissions profiter de l’occasion de l’évaluation et des négociations avec le gouvernement pour planter une fois de bon le syndicalisme de type nouveau qui ne refuse pas le combat mais fait les bons combats, les combats avec l’unité d’action, les combats avec la confiance renouvelée avec nos mandants », a enseigné Anselme Amoussou.

 

Intégralité de la déclaration du Sg Csa-Bénin, Anselme Amoussou

Cotonou, vendredi 13 septembre 2019

 

Lors de la rencontre que le Chef de l’Etat avait eu avec l’ensemble des confédérations et centrales syndicales, le 23 juillet 2019, il nous a été présenté le projet de procéder à l’évaluation des compétences pédagogiques et académiques des enseignants contractuels de la promotion 2008. Cette évaluation, selon le gouvernement a pour objectif essentiel l’amélioration de la qualité de l’enseignement à travers l’amélioration de la qualité des enseignants. A cette occasion la Csa-Bénin, ensemble avec d’autres organisations syndicales a demandé et obtenu les garanties théoriques et nécessaires pour non seulement rassuré les camarades concernés par l’évaluation mais surtout préserver les emplois à l’issu du processus annoncé. Ces exigences ont abouti entre autres à la mise en place d’un comité de suivi du processus d’évaluation avec la présence de pas moins de 9 représentants des organisations syndicales. Au cours des travaux de ce comité, les garanties théoriques obtenues à la séance du 23 juillet 2019 avec le Chef de l’Etat ont été confirmées par un relevé de conclusion signé des ministres de tutelle représentants le gouvernement. La Csa-Bénin a fait les consultations et compte rendu nécessaires pour prendre l’avis des organisations syndicales affiliées dont les membres sont concernés par ladite évaluation. Tout cela a permis à la confédération de demander de façon responsable aux enseignants de participer à l’opération et de se préparer pour veiller aux engagements pris par le gouvernement. Le réalisme syndicale, l’ouverture au dialogue, le lobbying ont permis à nos camarades de donner leurs avis au sein de ce comité, sur les outils et les contenus d’évaluation de même que le niveau des épreuves. Aujourd’hui les camarades évalués sont en mesure de contester leurs résultats et d’avoir accès à leurs copies pour réclamation. C’est le lieu de remercier et de féliciter l’ensemble des enseignants et singulièrement ceux qui sont membres de notre confédération pour la leçon de discipline et de maturité syndicale qu’ils donnent ainsi à toute la classe syndicale du Bénin. C’est également le lieu pour nous de reconnaitre de façon responsable la part du gouvernement dans la qualité de l’organisation de cette partie de l’évaluation. Nous espérons qu’il continuera de jouer sa partition pour que le processus s’achève sans aucun heurt et que les engagements seront respectés jusqu’au bout.

Le dernier conseil des ministres dont le relevé annonce certain nombre de mesures sociales en faveur des travailleurs et tout particulièrement les enseignants vient s’ajouter à la situation de l’évaluation pour nous donner l’occasion de nous interroger sur les stratégies syndicales et la vision nouvelle qui est celle de notre confédération. Voilà une situation où des solutions parfaites pour des réclamations vieilles de plusieurs années pointent à l’horizon et donne l’espoir à des milliers de citoyens qui étaient jusque-là en détresse.

Les questions essentielles qui se posent aujourd’hui :

  • Faut-il que nous continuions de faire preuve de clientélisme syndical vis-à-vis de nos mandant en sacrifiant leurs intérêts sur l’auteur de la recherche de l’audience publique biaisée ?
  • Notre mandat syndical nous autorise-t-il à mettre en péril les emplois et les vies des travailleurs par l’obéissance aveugle à des injonctions de forces extérieures au monde syndical.

La Csa-Bénin reste convaincue que le réalisme syndical qui tient compte de l’environnement doit être désormais notre crédo. Lorsque le syndicalisme devient un moyen de chantage, un moyen d’épanouissement personnel au détriment des revendications que nous devons porter pour nos militants, il vaut mieux s’en arrêter là. Le leadership pour nous à la Csa Bénin ne consiste pas à être esclave de ce que nous appelons pompeusement la base. Mais doit être ce leadership qui qui nous permet de parler de façon responsable à nos mandants, d’éviter de les considérer comme un bétail électoral dans la perspective des élections professionnelles, mais plutôt de leur dire la vérité de façon responsable lorsqu’il le faut et de continuer de nous déployer pour faire en sorte que ce qui se révèle aujourd’hui comme des faiblesses de l’action syndicale nous puissions les transformer en opportunités pour revoir nos pratiques syndicales. Nous avons besoins aujourd’hui de refaire notre propre capacité de mobilisation pour le mouvement syndical. Nous avons besoin de donner confiance à nos interlocuteurs également. Nous avons besoin, au niveau du mouvement syndical au Bénin, de travailler pour réaliser l’unité d’action qui peut nous permettre de faire face à toute gouvernement présent ou futur. Ce qui nous arrive à travers l’actualité des revendications aujourd’hui nous permet de comprendre et d’affirmer à nouveau notre volonté de faire en sorte que le syndicalisme soit à nouveau au service du plus grand nombre. Lorsque l’action syndicale finit par vous faire apparaître comme des gens qui ne peuvent jamais avoir raison, vous finirez par donner des occasions à ceux qui décident de restreindre votre marge de manœuvre. Ce qui se revendique c’est ce qui a été convenu de commun accord avec la partie adverse ; le reste se négocie. Il faut que nous cessions d’utiliser notre mandat syndical comme un mandat politique qui met en péril les emplois. Notre rôle également en tant que leaders c’est de préserver par moment les emplois des travailleurs parfois malgré eux, parfois contre leur volonté.

A la date d’aujourd’hui, des camarades qui ont refusé de participer à l’évaluation diagnostic parce qu’ils se sont laissés fourvoyer pour aller dans le sens du boycott sont les mêmes qui sont allés vers nous pour nous demander de plaider pour qu’ils aient l’occasion de composer à la faveur de la session des malades. Ce que nous avons fait et obtenu par la négociation, le débat et le dialogue. La portion congrue qui est restée dans sa position de boycott est malheureusement revient vers nous pour nous demander de plaider leur cause. Il est temps que nous puissions profiter de l’occasion de l’évaluation et des négociations avec le gouvernement pour planter une fois de bon le syndicalisme de type nouveau qui ne refuse pas le combat mais fait les bons combats, les combats avec l’unité d’action, les combats avec la confiance renouvelée avec nos mandants.

Nous demandons au gouvernement que les annonces qui ont été faites à travers le dernier conseil des ministres puisse se concrétiser. De ce point de vue nous avons besoin de l’ensemble des forces de notre pays pour obliger le gouvernement à tenir ses engagements.

A tous les enseignants qui nous ont suivis, nous disons félicitation. A ceux qui continuent de se laisser fourvoyer nous continuons de nous battre pour eux tous avec nos armes, nos tempéraments et notre vision. Avec cette nouvelle face que le gouvernement nous montre, nous allons continuer d’être utiles pour les camarades qui nous font confiance. »

 

Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON

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