Patrice Talon, avec le franc parlé qu’on lui connaît, a encore frappé. Dans une interview exclusive à l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, le Chef de l’Etat a dit ses ‘’vérités’’ sans mettre de gang. Le parrainage lors de la présidentielle de 2021, les relations avec les anciens présidents Boni Yayi et Soglo, l’amitié avec Azannaï, le mandat unique déjà abandonné, Sébastien Ajavon, les critiques sur la gouvernance de la Rupture, les polémiques sur la Criet… Tout a été abordé par le chef de l’Etat sans hypocrisie aucune. Il y a en effet, de quoi s’étonner quand le chantre de la Rupture dit sans gêne que Ajavon n’a jamais été un ami, mais juste un ‘’partenaire politique’’ et qu’en politique, les alliances ne sont que circonstancielles. Dans le même style, il appelle ses prédécesseurs à se ressaisir et à mériter leur rang. Il rassure qu’il y aura compétition en 2021, que ‘’Les démocrates’’ auront leur récépissé à condition de remplir les formalités exigées.
Au terme de la lecture in extenso de cette interview, l’opinion (re)découvre un Talon que ni les critiques ni l’impopularité n’a déçu ni découragé dans son ardeur de réformer et développer le Bénin contre vents et marrées.
Extraits
JA: À la fin de Juillet, une partie de l’opposition regroupée autour de votre prédécesseur, Boni Yayi, et de l’ancien numéro deux de l’Assemblée, Éric Houndété, a lancé son nouveau parti, Les Démocrates. Cette formation obtiendra-t-elle son récépissé auprès du ministre de l’intérieur.
Patrice TALON: Il n’y a pas de raison qu’elle ne l’obtienne pas dans la mesure où elle remplit les conditions exigées par la loi: la liste des fondateurs, un congrès, etc…comme tant d’autres. Mais je ne m’occupe pas de cela, ce n’est pas mon rôle.
JA: Qu’avez-vous fait de vos sociétés ? Comptez-vous renouer un jour avec votre vie d’entrepreneur?
Patrice TALON: Je n’ai plus cette passion-là. Le business n’est plus ma motivation. Je fais désormais face à d’autres défis : démontrer qu’un pays, le mien, peut, comme moi je l’ai fait jadis, partir de peu de chose et arriver à beaucoup ; être dans le cœur de mes compatriotes ; se dire que tout est possible. Et devenir un jour, dans quelques mois ou quelques années, un ancien président exemplaire capable de servir une cause noble. Être un modèle.
« En 2016, Sébastien Ajavon n’était pas un ami mais «un partenaire politique… en politique, il n’y a que des partenariats de circonstance ».
Patrice Talon. Jeune Afrique.
JA: Vos relations avec les anciens présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo ne sont pas bonnes, c’est une évidence. À quoi l’attribuez-vous ?
Patrice TALON: Je crois que l’on s’attendait que ces personnalités profitent de leur statut de quasi-intouchables pour être des recours en matière de conseils, de sagesse, d’arbitrage et d’expérience. Mais quand, à l’instar de Thomas Boni Yayi, on se comporte en compétiteur alors qu’on n’est plus dans la compétition, il y’a problème. Et quand, tel le patriarche Soglo, on en vient à insulter en public le chef de l’État en exercice de son propre pays, il y’a de quoi s’inquiéter. Je souhaite que l’un et l’autre retrouvent leur rang et leur niveau, qu’ils se ressaisissent. Dans l’intérêt du Bénin, qu’ils ont tous deux eu l’honneur de diriger.
JA: L’élection présidentielle, c’est dans six mois. Or l’obligation pour tout candidat d’obtenir le parrainage de seize élus pose problème, dans la mesure où l’opposition n’en dispose aucun ou presque. S’oriente-t-on vers un scrutin à candidat unique ?
Patrice TALON: Je ne le pense pas. Il y aura compétition. Les maires et les députés joueront leur rôle pour parrainer les candidats de leur choix, lesquels ne relèveront pas tous de la majorité. Ils ne seront peut-être pas trente-cinq ou quarante comme autrefois, mais il y en aura plusieurs, et entre eux la bataille sera rude. Rassurez-vous, la démocratie béninoise est toujours bien vivace.
Par S. B. AGBON
En réalité, en ce Président, je me résous à pratiquer davantage le sens , le vrai, sens de responsabilité et bonne moralité… c’est tout ce qui justifie son engagement irréprochable.