Comme annoncé dans notre livraison du mercredi 18 septembre (BI 301) nous poursuivons notre dossier sur la sécurité avec les facteurs susceptibles d’engendrer au Bénin un extrémisme violent endogène (II). C’est une présentation de l’« Étude sur les risques et les facteurs potentiels de radicalisation et d’extrémisme violent en république du Bénin » menée dans le cadre du « Programme de prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et dans le bassin du lac Tchad –(Pprev-Ue II) ».
Présenté par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Au nombre des facteurs de risque d’un extrémisme violent au Bénin, l’auteur principal du rapport, Aziz Mossi et ses collaborateurs identifient ceux liés à la religion. Ils seront restitués en trois points, à savoir les divergences entre courants de la même religion musulmane (1), l’interrelation des confréries béninoises avec leurs homologues des pays touchés par le terrorisme (2) et l’anarchie induite par la laïcité de l’Etat (3).
- Plusieurs courants divisés, une même religion musulmane
Dans les quatre départements du nord pris en compte par l’étude, les populations sont dans leur majorité écrasante, musulmans. Ils appartiennent entre autres à six courants localement connus sous les noms de : les Tidjaniyya, les Sounantche, les Tab’lik, les Chiiya, les Izala, les Ahmadiyya et les Gaoussou. Le rapport a tenté de les classifier en deux groupes principaux. « Ces divers courants peuvent être classés en deux grands groupes de musulmans à savoir les Salafistes minoritaires (issu de l’école hanbalite et constitué d’adeptes puristes dont les deux références sont le Coran et la pratique du prophète. Ils prônent une pratique rigoriste de l’islam) et les Soufistes majoritaires (adeptes d’un islam plus traditionnel issu de l’école malikite, tolérant, avec un certain degré d’africanisation).
Si cette dominance numérique n’est pas à craindre en elle-même, ce sont les oppositions qui caractérisent les deux groupes qu’on redoute. En effet, les premiers par exemple, n’admettent aucun intermédiaire entre les fidèles et le prophète Mahomet alors que les seconds se réfèrent à un guide spirituel « faisant office d’intermédiaire entre le prophète et les fidèles » et qui serait, rapporte le Rapport, le « dernier prophète annoncé par Mahomet ». Conséquence, l’Etude a noté une « difficile cohabitation entre courants religieux » et surtout une « forte tendance à la délégitimation réciproque … sur le terrain ». Un fanatisme se développe donc au sein des fidèles musulmans, a confirmé aux enquêteurs, un responsable religieux de Djougou. « Au niveau de certains fidèles de la religion musulmane, on observe un certain fanatisme ou un radicalisme. Soit vous êtes avec eux soit vous n’êtes pas avec eux. Et ceux qui ne sont pas avec eux sont des païens, ils les considèrent comme ceux qui ne croient pas en Dieu et qui sont appelés à aller en enfer. Dans un tel contexte on comprend qu’on ne puisse hésiter à faire usage de la force dans certaines conditions ».
Pendant ce temps, les « médiateurs charismatiques » disparaissent (dont l’Imam Sanni de Natitingou), les autorités traditionnelles perdent leur légitimité. Il ne reste alors que les autorités administratives étatiques (préfets, maires, procureurs de la République, commissaires de police, etc.) pour s’impliquer, parfois par la force, « alors même qu’elles sont moins légitimées dans cet espace parce que fondant leur jugement sur des normes républicaines non reconnues par les protagonistes », indique le Rapport.
Plusieurs personnes investiguées par les auteurs ont reconnu que de plus en plus, les prêches sont bourrés de propos violents et virulents incitant à la haine et à la violence. On invite les populations à la révolte contre les musulmans traditionnels. Ce qui a amené l’autorité communale à interdire tous les prêches au niveau de ces mosquées, a témoigné un responsable de la radio Islamique, de Djougou.
- Une interrelation à risque
Par ailleurs, l’autre risque de radicalisation des différentes confréries béninoises, c’est leur collaboration avec les courants islamiques des pays frontaliers déjà touchés par les actes terroristes. « Le partage de la même aire culturelle et des mêmes langues locales, le brassage culturel et cultuel (les mêmes peuples vivent de part et d’autre des frontières) favorisent les échanges de prêcheurs entre béninois et nigérians ainsi qu’entre béninois et nigériens. Cela se traduit par l’organisation tournante de prêches de part et d’autre des frontières. Ces prêches regroupent des milliers de fidèles et la sécurité de pareils évènements n’est pas maîtrisée par les agents locaux de la police républicaine, sans moyens adéquats et peu formés à la maîtrise des foules. En conséquence, malgré la veille et les dispositifs de prévention mis en place dans certaines communes comme Malanville, Kandi et Nikki, le contrôle des prêcheurs étrangers et des mouvements de fidèles à travers les frontières reste inefficace. Ces acteurs vivant de part et d’autre des frontières ont des rapports de parenté étroits et développent des complicités difficiles à pénétrer par les agents des Fds-Forces de défense et de sécurité », lit-on à la page 33 du Rapport.
- L’anarchie sous la laïcité de l’Etat
Partant des chiffres du Recensement général de la population et de l’habitation de l’Insae (Rgph 2013), l’Etude déduit que l’Islam est la première religion au Bénin (27,7% de la population), suivi du catholicisme (25,5% de la population). Même si les quatre départements étudiés sont dominés par les fidèles musulmans, l’Alibori est le plus islamisé avec 81,3%. Ainsi, on note une construction presque anarchique de mosquées et d’écoles coraniques ou franco-arabes dont les contenus (curricula) ne sont pas en harmonie avec l’école formelle. Le Rapport voit dans ces installations effrénées « une stratégie de marquage de territoire et la volonté d’exprimer, dans un élan de délégitimation de l’Etat, une identité culturelle distincte de celle que l’Etat souhaite insuffler. » Selon un responsable de médias de Djougou cité dans le Rapport, « La forte islamisation et l’opposition d’idéologie entre les différents courants islamiques au niveau de la commune est un grand facteur de risque parce que la nouvelle génération d’islamologues formés dans les pays du Golfe ne tolère pas l’ancienne génération dans ses pratiques (…). Cette islamisation se traduit par la prolifération des mosquées dont le nombre est estimé à 526 pour la commune de Djougou et 312 à Djougou centre avec 153 écoles arabes » (p.34).
Il n’y a aucune régulation. L’Etat craignant d’heurter des « sensibilités » adopte des « postures de prudence ». Le Rapport conclu que « le débat autour de la laïcité est exploité comme un tremplin par les communautés religieuses pour remettre en cause l’ordre républicain ».
En somme, le Bénin est certes un pays de liberté religieuse. Mais la trop forte islamisation du nord-Bénin, avec des confréries opposées entre elles, et leur proximité avec des pays déjà en proie au terrorisme sans occulter surtout leur interrelation avec leurs homologues de ces pays frontaliers… craint.
La suite du dossier dans nos prochaines parutions.
Je trouve ce document sur l’islam de creut et provocateur.
Ne reveillez pas les demons.l’ecrivain serait un petit de yayi qui prenait tout son temps a crier le nom des bokos haram au Benin alorque ces gens n’ont jamis pensé à nous.
Moi je trouve ces éceits gauche.
Cessez de creuser des plaie.vas écrire sur la situation politique ou economique du Benin si tu es garçon
C’est une réalité !