Dans une interview accordée à la chaîne de télévision Golfe TV, Kingnidé Paulin Akponna, acteur politique national et membre du Bureau politique du Bloc républicain, arguments à l’appui, a défendu vaillamment la pertinence des amendements apportés par les députés de la huitième législature au petit matin du 1er novembre 2019, à la constitution du 11 décembre 1990. Il a notamment fourni des explications qui lèvent désormais toute équivoque sur l’opportunité et la cohérence en ce qui concerne l’instauration de la vice-présidence dans la constitution du Bénin. De son avis, cette disposition majeure était importante, pour permettre la continuité du mandat présidentiel en cas de vacance de pouvoir sans remettre toutefois en cause le principe de l’alignement des mandats des députés, des maires et du Président de la République à travers l’organisation des élections générales.
Dans une analyse qui concilie technicité et politique, il démontre la pertinence et l’urgence des reformes opérées qui permettent au Bénin de moderniser sa Loi fondamentale en préservant les acquis de la constitution du 11 décembre 1990.
Lire ci-dessous l’intégralité de ses explications qui mettent fin à cette polémique
« Le toilettage de la Constitution de la République du Bénin du 11 décembre 1990 se justifie par un certain nombre d’insuffisance, de faiblesse notée comme on peut le constater déjà depuis les élections présidentielles de 2001 sous le Général Mathieu Kerekou. Il était nécessaire d’apporter une réponse à la dynamique actuelle pour moderniser notre constitution, moderniser sans toucher aux fondamentaux tels que le caractère laïc de l’État, la forme républicaine et surtout le régime présidentiel qui n’est pas du tout remis en cause par l’instauration de la vice-présidence.
La vice-présidence parce qu’il y a parmi les réformes apportées à la constitution, des dispositions relatives à l’organisation des élections générales, donc il y aura une année électorale sur cinq après l’alignement des mandats des députés, des maires et du président de la république sur cinq ans. Ceci permettrait de faire beaucoup d’économies pour le budget national.
Cela permettra également de mettre tout le monde au travail parce que, auparavant, chaque année était une année électorale ; ce qui ne permettait pas de travailler réellement pour booster l’économie nationale.
Je disais que c’est nécessaire d’avoir une vice-présidence parce que si nous devons rendre pérenne l’organisation des élections générales et ne pas remette en cause cette disposition majeure et importante pour notre économie, il va falloir prévoir la vacance du pouvoir, car si le pouvoir est vacant, le vice-président continuera jusqu’à la fin du mandat pour rendre pérenne l’organisation des élections générales.
Il y a aussi l’institutionnalisation de la cour des comptes qui est une disposition édictée par la directive n°1-2009 de l’Uemoa à laquelle le Bénin jusque-là ne s’est pas accordée. Il y avait déjà une première tentative sous Yayi Boni en 2013 qui a échoué, également sous le régime du Président Patrice Talon, car c’est l’une des raisons des tentatives de 2017 et 2018 qui malheureusement ont échoué également.
Mais à la faveur cette fois-ci des conclusions du dialogue politique, le consensus est établi autour d’un certain nombre de points dont la mise en œuvre nécessite de toucher la constitution tel que je viens de les citer.
Mais il y a aussi d’autres points non moins négligeables comme par exemple des dispositions qui ont été prises en faveur des jeunes et des femmes.
Pour les jeunes, vous pouvez noter par exemple, la limitation des mandats au niveau d’un certain nombre d’institutions comme l’Assemblée nationale, comme la Haac qui permet aux jeunes d’accéder rapidement au jeu politique et de contribuer à l’animation de la vie politique.
Il y a aussi la discrimination positive en faveur de la femme qui va dans le cadre de l’organisation de la mise en œuvre des objectifs du développement durable n°5 qui parlent de l’égalité par rapport à l’approche genre.
Voilà autant d’éléments positifs pour cette révision constitutionnelle.
Comme vous le savez, la révision constitutionnelle, la réussite de cette révision, sa qualité permettra aussi de garantir une bonne santé économique et une bonne situation sociale au sein de la république.
Il faut donc saluer la révision de cette constitution qui est un acte historique posé. Dieu a voulu que ce soit sous le mandat du Président Patrice Talon. Si le Président de la République promulgue cette constitution, ce sera à son honneur, ce serait un acte historique qu’il aurait posé en plus d’ailleurs des réussites qu’il est en train d’avoir aux économique et social pour révéler la république du Bénin.
Je crois que les députés ont fait leur travail ; ils ont montré la légitimité de cette huitième mandature qui a fait une révision constitutionnelle qui n’est pas en faveur du Chef de l’État. Ils n’ont pas fait une révision pour permettre au Chef de l’État de s’éterniser au pouvoir. Ils n’ont pas touché les fondamentaux et d’ailleurs le Chef de l’État était dans cette prédisposition qu’il ne promulguerait jamais une révision constitutionnelle qui va viser la remise en cause des fondamentaux de la constitution du 11 décembre 1990 ou lui permettre de s’éterniser au pouvoir.
L’Assemblée nationale a montré qu’elle est vraiment indépendante et qu’elle veut jouer son rôle de contre-pouvoir.
Je vous remercie. »