Élu vendredi 17 mai avec 78 voix pour et une contre, le président de l’Assemblée nationale 8ème législature, Louis Vlavonou (Union progressiste) a été investi hier, jeudi 27 juin au Palais des gouverneurs à Porto-Novo. Entre sobriété, simplicité et élégance, la cérémonie a été l’occasion pour l’heureux de livrer un discours dans laquelle se mêlent foi, appel à la paix et les grands défis à relever sous sa présidence. Sans oublier une présence sous-régionale qui dément les rumeurs de non reconnaissance de ce Parlement.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
C’est un Parlement de défis que vient d’entériner davantage l’investiture de son président, Louis Vlavonou. Face aux critiques de monocolore et d’illégitime qu’on lui oppose au plan local au regard des conditions du déroulement du scrutin législatif du 28 avril, il devra gagner l’estime des citoyens de par ses prestations et relever par ailleurs le défi de sa reconnaissance internationale. Si, sur le premier point, le président Louis Vlavonou a été rassurant dans son discours d’investiture hier, le second semble déjà acquis.
En effet, les délégations et personnalités étrangères présentes à Porto-Novo reconnaissent de façon tacite cette 8ème législature. Si non, pourquoi Amadou Soumahoro, président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire, Bénéwendé Stanislas Sankara, premier vice-président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Alban Sumana Kingsford Bagbin, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale du Ghana, Issa Moumouni, Chef de la délégation de l’Assemblée nationale du Niger ; et Fabrice Fifonsi, Chef de la délégation du Réseau africain des parlementaires de lutte contre la corruption (Apnac) rehausseraient cet événement de leur présence ? Un désaveu donc pour les ‘’Forces de la résistance’’ qui ‘’exigent’’ toujours la reprise des élections législatives. « Au-delà de ma modeste personne, vous honorez ainsi la vitalité de la démocratie béninoise et contribuez à son rayonnement et à son enracinement », salue le président investi.
Le contexte particulier et les critiques contre ce Parlement n’ont pas manqué de réponse dans le discours de l’Honorable Louis Vlavonou. Selon lui, cette législature est le « fruit d’une réforme courageuse de notre système partisan. Ce changement a été préparé depuis plusieurs décennies à travers diverses initiatives ». Cette transformation, a-t-il justifié, a été rendue incontournable par le parcours du Bénin depuis l’allégresse de la Conférence nationale de 1990 dont « le bilan global ne pousse pas à l’optimisme ». Parce que « source d’extension et d’approfondissement de la pauvreté et de la misère au sein de nos populations ». D’où l’adoption des nouveaux textes controversés, la nouvelle Charte des partis politiques et le nouveau Code électoral par la législature précédente. Ils visent, signe le président Louis Vlavonou, à « doter notre pays d’acteurs d’une démocratie véritable, et non de façade, qui transforment nos comportements et améliorent nos conditions de vie. »
Un Code d’éthique s’impose
Comme tout changement rencontre des oppositions, la première application de ces instruments juridiques le dimanche 28 avril dernier a donné lieu à des actes de violence inouïe et de vandalisme qui se sont poursuivis après. « Il est regrettable que certains de nos concitoyens aient choisi la violence pour exprimer leurs désaccords et se soient livré à des actions qu’il convient de condamner avec fermeté et de bannir à jamais. Celles-ci ont entrainé des pertes de vies humaines, des destructions de biens publics et privés, autant de dégâts dont nul ne peut s’honorer, quelle que soit la cause défendue et les frustrations subies. », a déploré Louis Vlavonou. Aussi, dans le fort taux d’abstention et les bulletins nuls, le président du Parlement croit y lire des « messages » que les électeurs ont envoyé et qu’il ne faut pas ignorer. Une situation qui fait de cette mandature, « celle de tous les défis », a-t-il conclu. Et de rassurer que les députés seront irréprochables dans leurs missions. « Nous devons nous acquitter des tâches que la Constitution nous confère : légiférer et contrôler l’action du gouvernement. Outre ces activités traditionnelles, la situation politique dans notre pays nous impose d’élargir notre champ d’action et d’innover », a-t-il annoncer. Outre « le contrôle, plus que par le passé, de l’action du gouvernement » en vue de contribuer à l’amélioration de la gouvernance de notre pays, le président Vlavonou a indiqué que leur vigilance doit « s’étendre aux entreprises publiques et semi-publiques et à tous les domaines prévus par la loi ». Il ne s’agit pas pour l’Assemblée nationale, a-t-il clarifié, de s’ériger en « instrument contre le pouvoir de façon systématique ».
Par ailleurs, afin de mener à bien leurs actions, les députés doivent se remettre en cause eux-mêmes, pense le président. Et pour cela, un Code éthique s’impose pour bâtir « un parlement de type nouveau ». Ce qui veut dire, a-t-il détaillé, que les valeurs de « la ponctualité, l’utilisation rationnelle du temps, le respect mutuel, la dignité dans tous nos comportements à l’hémicycle comme dans la vie courante, dans notre rôle permanent de représentant du peuple », doivent désormais être de mise.
« Les défis à relever par la présente législature sont nombreux et variés et notre responsabilité en tant que représentants de la nation est grande », a-t-il réitéré. D’ores et déjà, le président Vlavonou a affiché sa « détermination inébranlable à travailler en symbiose avec toutes les composantes du Parlement » pour la réussite du mandat. Sur ce, il a invité ses pairs à la même détermination, à se « mettre résolument au travail, à transcender nos divergences politiques et à faire preuve de disponibilité pour qu’ensemble nous puissions gagner le pari de la huitième législature et inscrire celle-ci en bonne place dans le palmarès du Parlement béninois. »