
Le Père Jean Camille Patrick Paraïso, prêtre du diocèse de Cotonou promotion 2008, actuel directeur du Collège Monseigneur Isidore de Souza (Ouidah), garde un bon souvenir du prélat disparut il y a 24 ans le 13 mars 1999. Séminariste à l’époque, le Père Paraïso se rappelle d’un « homme très sympa, qui est humain dans tout ce qu’il fait même quand il veut punir ».
Propos recueillis par Raymond FALADE
Bénin Intelligent : Quel est l’intérêt de vous rappeler chaque année de la date de décès de Mgr Isidore de Souza ?
Père Jean Camille Patrick Paraïso : Le 13 mars est le jour anniversaire du décès de Monseigneur Isidore de Souza parce que lui-même, il est né le 4 avril 1934, je crois que nous étions tous en période de carême.
Pour nous, en rappelant ce jour, c’est montrer que Monseigneur Isidore de Souza est toujours avec nous. Ses œuvres montrent qu’il est toujours vivant avec nous et on ne peut pas ne pas se rappeler de ce qu’il est pour nous. Pour nous séminaristes et prêtres aujourd’hui, c’est l’un des évêques qui a le plus influencé notre souvenir. Depuis tout petit, on entendait parler de lui et avec aussi l’avènement de la démocratie, on ne peut pas ne pas chaque année, du 18 février au 28, parler de lui.
Pour moi, aujourd’hui, c’est toujours cette reconnaissance, cette action de grâce au Seigneur pour nous avoir donné cet homme pour ce qu’il est pour l’Église de Cotonou et pour ce qu’il est pour le Bénin. Je dis ‘’est’’, je ne dis pas ‘’était’’ parce que pour moi ça continue d’être actuel, tout ce qu’il a toujours voulu à savoir que nous ayons des ambitions nobles, des visions très loin pour que cela puisse porter et transporter notre diocèse et notre pays.
Donc j’en garde un sentiment de gratitude, de reconnaissance ; je suis heureux que notre établissement aujourd’hui sans trop forcer, soit le seul avec internat pour garçons et filles, qui porte son nom.
L’école a ouvert réellement en septembre 1999, quelques moments après sa mort sinon, c’est lui-même qui aurait dit la première messe de l’ouverture et accueilli les enfants avec son meilleur ami, le Père Vilaça Théophile, [lui-aussi paix à son âme] qui ont été vraiment les pionniers et qui y ont travaillé.
À quoi engage ce souvenir ?
Ce souvenir nous engage à chercher à toujours réaliser, à toujours agir comme Monseigneur souhaite, à savoir ne pas rester les bras croisés, ne pas rester dans une dynamique de ‘’je ne peux plus rien, je suis défaitiste’’. Non ! L’homme est toujours capable de faire quelque chose. Il ne faut pas qu’on s’habitue, qu’on s’allie à la misère, non !
Au contraire, on doit toujours chercher à sortir des ténèbres, à sortir de la misère pour remettre l’Homme débout. Donc, ces journées me renvoient à ce qu’on puisse trouver tous les moyens, les bonnes paroles, les bonnes actions, tout ce qu’on a à notre portée pour que la jeunesse aujourd’hui, à nous déposer soit debout et fière d’être jeune et d’être cadre de demain, d’être ceux-là qui vont porter encore plus loin notre pays le Bénin et toute l’Afrique pourquoi pas.
Avez-vous côtoyer Monseigneur de Souza de son vivant ?
Je ne dirai pas côtoyer mais j’ai eu la chance, d’abord de l’avoir vu en tant que enfant de chœur à la cathédrale parce que je suis de la paroisse Notre dame de Miséricorde, et ensuite, en tant que séminariste. Il arrivait que chaque trimestre on devrait apporter nos bulletins auprès de Monseigneur. C’est lui qui valide la continuité au séminaire. Et il y avait le slogan « Monseigneur de Souza n’aime pas le peut mieux-faire ». Même si tu es excellent, si jamais tu paresses un tout petit peu, Monseigneur ne serait pas d’accord. Donc, il fallait travailler de toute sa force, on donnait le meilleur de nous-mêmes à chaque fois que nous demandait l’occasion.
Mais au-delà de tout, j’ai vu un homme très sympa, qui est humain dans tout ce qu’il fait même quand il veut punir, il veut que tu perçoives ce qu’il veut. Donc, j’en garde quelqu’un qui aime le bien même dans la rigueur. Mes élèves me trouvent ici un peu rigoureux parce que, ils ne comprennent pas pourquoi. Je dis mais, le bien s’impose. Voilà comment moi je vois Monseigneur de Souza. Le bien, il faut l’imposer.
Un homme qui vous inspire aujourd’hui comme Monseigneur Isidore de Souza
Personnellement, la promotion de prêtres qu’il a ordonnée qui m’a beaucoup marqué c’est « la promotion des sept ». Il y a le père Théophile Akoha Agossoukpevi, Donatien Madokpon, Rogation Hounkpatin (paix à son âme), Akpogo Maurille, …ils étaient sept qu’il a ordonnés et c’était extraordinaire.
Je l’ai vu pour la première fois, on l’a vu exulter au cours de la messe. Je pense que ceux-là ont gardé de lui vraiment une marque et quand je vois le père Agossoukpevi, il est vraiment dans cette forme, quand je vois le père Akoha, il travaille vraiment comme lui. C’est-à-dire ils y vont à fond cette promotion.
En tout cas, c’est l’une des promotions que moi je regarde très souvent et je me dis, ils ont été moulés. Surtout les ainés qui ont été plus moulés. Nous on était déjà au petit séminaire, on l’a rencontré souvent en groupe de promotion, on n’était pas encore à un niveau où on devrait le rencontrer individuellement sauf s’il y avait un problème de cas majeur. Je l’ai connu jusqu’à Parakou.