Le lundi 3 mai, la communauté internationale a célébré la Journée de la liberté de la presse. A cette occasion, l’Observatoire de la déontologie et de l’éthique dans les médias (Odem) a organisé une journée porte ouverte suivie d’un panel sur la responsabilité des acteurs des médias dans la position qu’occupe désormais le Bénin dans le classement de Reporter sans frontières (Rsf).
Par Raymond FALADE
C’est un moment d’échanges et de vérité entre acteurs des médias et la société civile représentée à l’occasion par Joël Atayi-Guédégbé. « Dégringolade du Bénin dans le classement Rsf : responsabilité des acteurs et approches de solution » est le thème qui a été débattu au cours de cette rencontre. A tour de rôle, chaque panéliste a passé en revue, les difficultés que rencontre la presse béninoise et le rôle important que doivent jouer les professionnels des médias pour corriger le tir. Au tour de la table, deux anciens présidents de l’Odem (Guy Constant Ehoumi et Marie-Richard Magnidet), Joël Atayi-Guédégbé, président de l’Ong nouvelle éthique, ancien membre de l’Odem et Herbert Houngnibo, journaliste, président du Forum des éditorialistes du Bénin (Feb).
De 2016 à ce jour, le Bénin a perdu 33 places dans le classement de Reporter sans frontières (Rsf). Au-delà des inquiétudes que l’on peut avoir, les panélistes ont reconnu à l’unanimité que la presse béninoise continue de jouer vaille que vaille, le rôle qui est sien malgré les difficultés. Et ce rôle a été salué par l’acteur de la société civile. Pour lui, la presse « est la pierre angulaire de la liberté d’expression ». La diversité des contenus médiatiques participe selon lui à l’expression plurielle, un élément important pour la vitalité d’une démocratie. Joël Atayi-Guédégbé a fait observer que de plus en plus, les jeunes se font former dans le métier alors qu’il y a encore quelques années, les journalistes étaient formés sur le tas ou étaient obligés d’aller au Cameroun, au Sénégal, en Égypte…
Toutefois, beaucoup restent à faire pour non seulement une presse libre mais aussi une presse de qualité. Entre autres, la question des salaires, la quasi absence d’une police d’assurance pour les journalistes, l’environnement économique… qui font que « la plume et la caméra deviennent de plus en plus menaçantes ». Pourtant, une presse cesse de vivre lorsqu’elle est aliénée au pouvoir politique et à l’argent.
Guy Constant Ehoumi, ancien président de l’Odem dans ses propos a d’abord rappelé qu’il y 22 ans, l’Odem a été installé. Et aujourd’hui, il reste l’institution faitière des journalistes la plus crédible car il insiste sur le respect de la loi et surtout le Code de déontologie et de l’éthique. Pour lui, « la méconnaissance de la loi par les professionnels des médias est un danger ». Revenant sur le Code de l’information et de la communication en république du Bénin, il a expliqué que les professionnels des médias disposent d’un arsenal juridique qu’il leur permet de faire correctement leur travail. C’est la méconnaissance de cette loi qui fait que certains pensent que l’environnement ne leur permet pas de bien exercer leur profession. Un journaliste, dit-il, ne doit pas agir comme un web activiste. Le Code de l’information et de la communication réglemente les activités des journalistes alors que le Code du numérique ne concerne que tout ce qui est réseaux sociaux. De ce fait, le problème ne devrait pas se poser selon lui.
Il a été appuyé par Herbert Houngnibo, qui a insisté sur la détention de la carte de presse qui justifie que tel ou tel est journaliste. Le rôle du journaliste diffère donc de celui du web activiste. Le journaliste collecte, sélection et traite l’information avant de la diffuser, a-t-il rappelé. Par contre, le web activiste donne l’information de façon brutale sans un minimum d’enquête.
Revenant au thème de cette 28è édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse qui est « l’information comme bien public », il a expliqué que l’information après le traitement doit servir tout le monde quelle que soit leur position sociale.
La séance a pris fin par la visite des locaux de l’Odem.