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Mali : Fin forcée pour IBK (Grondement inaudible de la communauté internationale)

Son second mandat n’aura pas été constitutionnellement à son terme. De force, des militaires ont délogé, mardi 18 août, le président malien Ibrahim Boubacar Keita; concrétisant ainsi la volonté populaire qui, depuis plusieurs mois déjà, exige sa démission à coup de marches gigantesques…Le soir, IBK a dû annoncer sa démission à la télévision.

Par Sêmèvo B. AGBON

“Pour mon maintien aux affaires, (…) vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions à partir de ce moment et; avec toutes les conséquences de droit, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement. Qu’Allah aide et bénisse le Mali”. C’est par ces mots que le président Malien, cache-nez au visage et derrière ses grosses lunettes, a annoncé hier soir sur la télévision nationale Ortm, sa démission longtemps exigée par les populations.

Avant d’en arriver là, les événements de la journée font froid dans le dos. Un Chef d’État, démocratiquement élu qui finit arrêté par des militaires sous la forte ovation des même populations qui l’avaient pourtant gaiement porté au pouvoir. Hier, mardi 18 août le monde a assisté à la fin de Ibrahim Boubacar Keita. Le président malien a été en effet arrêté, avec son Premier ministre Boubou Cissé ainsi que son fils Karim Keïta à sa résidence de Sebenikoro par des militaires dont la mutinerie a démarré le camp de Kati, à 15 km de Bamako. Ils ont été ensuite « conduits par les militaires révoltés dans des véhicules blindés à Kati », a confirmé le directeur de la communication du chef du gouvernement, Boubou Doucouré.

Tout a commencé dans la matinée par des scoops alertant d’un coup d’État au Mali. Très vite des images floues inondent la toile. Peu à peu des détails plus pointées commencent à parvenir au monde avec l’annonce de l’arrestation d’autres membres du gouvernement. C’est la révolte des soldats de l’armée de terre et d’hommes de la garde nationale qui assure la sécurité d’Ibrahim Boubacar Keiïa. Selon des sources, le limogeage du lieutenant-colonel Ibrahim Traoré, chef de la sécurité présidentielle, lundi 17 août est déclencheur de la mutinerie.

Pas de violence ni morts. Peu avant d’être appréhendé, le Premier ministre a pondu un communiqué dans lequel il a demandé en vain aux militaires qui ont pris le contrôle de la garnison de « faire taire les armes », annonçant la disponibilité du gouvernement pour un « dialogue fraternel afin de lever tous les malentendus ». « Les mouvements d’humeur constatés traduisent une certaine frustration qui peut avoir des causes légitimes », a-t-il reconnu.

Conduit par l’imam Dicko, la coalition du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RPP), un mouvement hétéroclite de laïcs, religieux, de l’opposition et de la société civile réclame depuis plusieurs mois la démission du président Keita. Il lui est reproché une mauvaise gestion de la crise sécuritaire, le népotisme, et surtout les dernières élections législatives ont jeté la poudre au feu. Il y a eu “blanchiment de voix”, a dénoncé l’imam Mahmoud Dicko.

En 2012, une mutinerie provenant du même camp de Kati a renversé le président Amadou Toumani Touré.

La communauté internationale peut-elle convaincre ?

Sans surprise, les voix à l’international condamnant l’action des militaires ont fusé. De la sous-région à l’Europe en passant par l’Amérique, la communauté internationale a ordonné les mutins de retourner dans les casernes. L’Union africaine a condamné énergiquement les événements à travers Moussa Faki, président de la Commission de l’Ua. Washington a affirmé quant à lui son opposition à “tout changement extra-constitutionnel de gouvernement”.
Quelle sera la suite des événements ? Telle est la question qui hante les esprits. Des pressions seraient en train d’être faites sur les militaires pour libérer et rétablir dans leurs pouvoirs les otages, avec la promesse de non poursuite des mutins.

Seulement, quel écho, quel poids et incidence auront les communiqués et condamnations étrangères ? La question se pose au regard de la grave crise de confiance dont elles souffrent auprès des populations. Partout sur le continent les populations reprochent notamment à la Cedeao, l’Ua…de former un creuset de chefs d’État qui gouvernent contre les peuples. Leur indifférence pendant les crises préfiguratrices d’explosion sociale et face aux gouvernances chaotiques avec le musellement des oppositions nationales, le tripatouillage des constitutions, etc. est également évoquée.

Même perception de la France, de l’Union européenne. Dans la tête de la plupart des populations africaines, leurs président une fois élus deviennent des valets de ces dernières, des ”nègres de maison” qui leur livrent les richesses de leurs pays, pendant que elles végètent dans la pauvreté.

Maintenant que le président même a annoncé sa démission, que restera-t-il des sanctions et menaces de la Cedeao, de l’Union africaine et globalement de la communauté internationale ?

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