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Métiers de la pierre et de l’écoconstruction : Un bilan intermédiaire satisfaisant du projet Pampec

Le Projet d’appui aux métiers de la pierre et de l’écoconstruction (Pampec) est une initiative de l’Ong internationale Acting for life (Afl) financée par l’Agence française de développement (Afd). A un an de la fin, un bilan intermédiaire a rassemblé les acteurs impliqués à l’hôtel Bel Azur de Grand-Popo du lundi 22 au mardi 23 novembre, à quelques kilomètres de Cotonou.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

Après deux ans de mise en œuvre, un bilan s’impose. L’atelier multipays est l’occasion de présenter les premiers résultats et de partager les enjeux en vue de permettre une synergie d’intervention et des échanges de bonnes pratiques. Parmi la quarantaine de participants venus du Mali, Togo et du Bénin les profils sont divers. Ils vont des acteurs/actrices représentant les institutions nationales ou régionales de la formation et de l’emploi aux collectivités locales en passant par les organisations professionnelles et les partenaires techniques et financiers.

Disparues ou menacées avec la modernité, les constructions écologiques en matériaux locaux font leur comeback au Togo, Mali et Bénin grâce au projet Pampec. Le casse-tête du chômage chez les jeunes surtout déscolarisés trouve ainsi un remède avec un impact positif sur l’environnement. C’est ce qu’il ressort de la présentation en matinée du lundi, des dynamiques engagées dans chacun des trois pays forts pourvus en la ressource mais peu valorisée.

Au Mali, la matière première des matériaux locaux existe en abondance, notamment au cercle de Bandiagara dans la région de Mopti où le projet est basé. « Si vous prenez la superficie du cercle de Bandiagara, 10% est exploitable ; le reste c’est la roche. Donc nous avons beaucoup de matières premières », reconnait Amadou Guindo, coordinateur du Pampec au niveau de l’Association pour la promotion de l’agropastoralisme, du pastoralisme, de l’élevage et de la promotion humaine (Apape/Ph), association qui met en œuvre le projet au Mali. Les politiques étaient donc tout à fait dans l’erreur en laissant cette richesse inexploitée. Avec Pampec, ces roches deviennent une alternative là où le programme officiel de formation est très théorique. « Nous avons greffé le métier de l’écoconstruction sur la filière de la maçonnerie. Les élèves bénéficient en même temps de deux formations, une diplômante et une qualifiante. L’apprenant une fois sorti est apte à travailler puisqu’il a un large sens d’intervention. Il peut avoir facilement du travail que l’autre issu de la formation scolaire théorique », relève-t-il. Les statistiques qu’il a communiquées montrent une soixantaine de jeunes bénéficiaires, dont 30 pour la formation qualifiante de deux ans.

Au pays du président Faure Gnassingbé, l’Ong Gestion de l’environnement et valorisation des produits agropastoraux et forestiers (Gevapaf) est partenaire de Acting for life. Ce n’était pas facile au démarrage du Pampec, de redonner aux populations le goût des constructions en matériaux locaux. « Il fallait des signaux forts pour inciter les gens à y aller. Nous avons commencé par des réalisations publiques avec les communes, des endroits bien visibles pour permettre aux gens de voir. Nous avons fait des constructions très magnifiques dans les carrefours, les lieux publics. C’était une manière d’inciter les populations, les institutions publiques comme les particuliers à opter pour les constructions en matériaux locaux », détaille son directeur Jean Tadanlenga Yatombo. Les jeunes qui manquaient l’information au début ont été aussi vite gagnés. « Les premières années on n’atteignait pas le nombre ; on avait dix ou douze jeunes inscrits. Mais avec la sortie des premiers formés, ce qu’ils font sur le terrain et la facilité d’insertion dans les entreprises, les autres sont incités et le problème ne se pose plus ». Au nord-Togo, confie Yatombo, plus de 130 jeunes ont acquis l’expertise de construire des bâtiments en pierre et en terre et sont facilement retenus dans les entreprises puisque nantis d’un certificat signé par le centre de formation, l’Inspection régionale de la formation technique et l’Ong Gevapaf. Ce résultat motive davantage les acteurs togolais qui mènent un fort plaidoyer « pour que dans les constructions institutionnelles, l’État puisse insérer les matériaux locaux » et « que la grande majorité des jeunes communes soient construites avec des matériaux locaux, à hauteur de 20 à 30% ».

Le projet marche également au Bénin, pays d’accueil de l’atelier. Il est mis en œuvre essentiellement dans la partie septentrionale sous la bannière de l’Association des communes de l’Atacora et de la Donga (Acad). Son président Ouindeyama Taté, maire de la commune de Natitingou partage que des jeunes garçons et filles se font former en régime internat ou non sur les métiers de la pierre et de l’écoconstruction, vont en stage en fin d’année. De même, des artisans (maçons) subissent des renforcements de capacités, appuie Iskilou Darry lors de sa présentation. « La question de la formation technique et la valorisation des matériaux locaux ont un impact sur la production de l’économie sociale et méritent une attention particulière », a félicité le maire Ouindeyama. Le pays de Patrice Talon compte une soixantaine de bénéficiaires suivant les deux types de formations, diplômante ou qualifiante. Non exhaustivement, l’Acad a inséré quatre bénéficiaires au parc de la Pendjari, six auprès d’un promoteur privé pour la construction de logements à Cobly et neuf travaillent sur un chantier de l’aménagement de la route Dassa-Djougou. « Des localités béninoises regorgent de carrière en latérites et en pierres. Le Bénin s’est engagé pour une exigence de 30% de matériaux locaux dans les constructions », a-t-il précisé.

Intégration et transition écologique

« Enfin, il est possible de nous voir ensemble après deux ans de démarrage de ce projet ! », s’est exclamé Lebel Bertrand, directeur de l’Ong Acting for life (Afl), allusion faite à la crise sanitaire liée au Covid-19 « qui a beaucoup freiné les déplacements et actions ». L’homme a essentiellement décliné les dimensions développementaliste et climatique du Pampec. « D’abord sur le plan économique, c’est un projet qui à travers la formation et l’insertion des jeunes, la formation des formateurs permet de structurer une filière, et donc d’améliorer l’offre (…) Ensuite, la deuxième dimension est sociale. Ce projet s’est engagé à développer l’insertion des jeunes-surtout des filles- qui étaient loin de la scolarisation, déscolarisés, leur donner une chance d’insertion afin qu’ils jouent un rôle économique plus important dans cette filière de la construction. Par ailleurs, la troisième dimension est environnementale, puisqu’on s’appuie sur des matériaux traditionnels mieux adaptés au climat, donc contribue à la résilience et favorable à l’atténuation. En diminuant l’utilisation du ciment, ça diminue les émissions des gaz à effet de serre ; cette filière traditionnelle a un côté extrêmement important dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Enfin, un projet de développement économique assez total puisqu’il a aussi une dimension culturelle, visant l’intégration des savoir-faire traditionnels dans la construction ».
Pampec a un aspect intégrateur en mobilisant autour des mêmes enjeux socioéconomiques et écologiques, des acteurs au niveau de trois pays ouest-africains. Ces États ont en partage, en effet, le problème d’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi et l’insertion professionnelle des jeunes, a constaté le béninois Nahini Sarre, directeur départemental de l’Enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle (Ddestfp) qui a prononcé l’ouverture de l’atelier. « Vous avez vu juste en mettant un accent particulier sur la valorisation des matériaux locaux », dira-t-il. La dernière journée a été consacrée aux enjeux de l’insertion.

Stimuler la demande à travers la commande publique et institutionnelle et mettre en place des dispositifs de suivi-insertion basés sur la synergie de programmes et d’acteurs, telle est la stratégique de Afl et ses partenaires afin de favoriser le développement des débouchés et l’insertion des jeunes.

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