
8 ans après l’adoption de l’agenda 2030 par les 193 États membres de l’Onu, bien que des prouesses ont été enregistrées, des doutes en ce qui concerne la mise en œuvre des Objectifs de développement durable ( Odds) ne cessent de hanter les acteurs de la société civile en Afrique. Comme solution pragmatique, tous doivent s’unir pour la cause commune estime Modoukpe Yvonne Kenny Takin Igboeli, médecin généraliste et présidente de l’Ong Mama Afrika.
Propos recueillis par Arnauld KASSOUIN
Bénin Intelligent : Est-il possible d’envisager un monde sans faim, sans violence où tous jouissent des mêmes privilèges au regard d’opportunités et de législations dans un contexte africain ?
Modoukpe Yvonne Kenny Takin Igboeli : Non ! Mais ce n’est pas impossible non plus. Parvenir à cet idéal va dépendre de nos politiques développées et de la volonté de tous à primer l’intérêt collectif au détriment du personnel.
Quelle appréciation faîtes-vous de la marche vers l’atteinte des Odds en Afrique de l’Ouest ?
On a fait du chemin. Le bilan est satisfaisant sur l’ensemble des 17 odds. Nous pouvons en être fier en n’oubliant pas que tout n’est pas encore accompli.
En effet, de mieux en mieux la question des odds est sur les lèvres. Je prends l’exemple de l’égalité entre les sexes, l’accès à l’eau etc… Les gens savent désormais que des associations ou des organisations travaillent à cela. Ce fait, pour ma part, relève en partie du succès du travail de tous. De l’engagement de nos gouvernants et des associations. Tout ça à été possible du fait que les politiques ont compris tous les enjeux liés à l’atteinte de l’agenda des Nations Unies. Mieux, il est observé une appropriation de ces objectifs de développement durable par toutes les couches de la société civile.
Les États africains sont-ils en mesure de financer la mise en œuvre des Odds ?
Les États Africains ne doivent plus attendre les financements extérieurs basés notamment sur la dette. Car la dette n’enrichit que celui qui prête. Il faut que les États Africains s’unissent et coopèrent entre eux. Qu’ils travaillent à se soutenir mutuellement. À développer leur capacité d’industrialisation ou de transformation de leur matière première, à amplifier le développement local et à promouvoir le développement africain. Le capital humain est disponible, c’est une richesse dans laquelle les États doivent travailler à investir et à valoriser.
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Ces quelques éléments peuvent aider l’Afrique à s’auto financer. Il manque parfois de la vision, la bonne. La volonté de changer le cours des choses, de changer de méthodes, de paradigme. On peut bien financer la mise en œuvre des Odds.
Pourquoi devrait-on être optimiste en ce qui concerne l’atteinte de l’agenda 2030 ?
L’agenda 2030 prend en compte les réalités de l’Afrique et du monde entier. Aussi , sa mise en œuvre est accessible et adaptable partout. L’on retrouve d’ailleurs dans l’Agenda 2063 plusieurs objectifs de l’Agenda 2030. Faire donc les choses à temps en faisant de la prospective permettrait d’accélérer la marche vers l’atteinte des objectifs de développement durable. À bonne date..
Mais en toute honnêteté, il n’est pas évident d’atteindre les Odds avant 2030 du moment où nous sommes déjà à 7 années de l’échéance. De plus, à la lecture des choses d’énormes défis restent à relever.
Nous aurons néanmoins eu le mérite d’avoir fait du chemin (…) d’avoir fait un long chemin pour être plus précis. Les défis à relever seront cependant au quotidien. Et nous devons y travailler avec méthode et commun accord avec les pays.
Quels rôles les organisations non gouvernementales de développement peuvent exactement jouer dans la réalisation des Odds ?
A l’heure actuelle, il est important que chaque organisation se spécialise et travaille avec une ligne éditoriale. Ne plus faire ce que tout le monde fait mais apporter une particularité pour mieux atteindre un plus large public et les objectifs fixés . Il est tout aussi important de maîtriser les besoins réels de chaque communauté. Surtout afin de ne pas faire des activités parce qu’on doit les faire. Mais en faire pour vraiment impacter. Et pour l’intérêt public.
Sur quels objectifs en particulier doivent-elles être le plus actives ?
Tous les Odds valent l’un que l’autre. Les Odds sont liés. Cependant, nous parlons aujourd’hui plus de pauvreté, de faim, d’éducation, d’égalité entre les sexes, de changement climatique, d’eau portable et bien d’autres. Du coup, le choix en ce qui concerne les objectifs sur lesquels il faut être le plus actif ne doit pas causer de problème.
Comment expliquez-vous le fait que Mama Afrika ait choisi de se consacrer uniquement à l’atteinte des Odds ?
L’amour pour les Odds naîtra avec la rencontre de Mr Philippe Mathis, délégué des citoyens de l’anneau (C2a). Un bon mentor qui a su transmettre à Mama Afrika cet amour pour les Odds et surtout les valeurs altruistes. De cet amour naîtra la communauté des citoyens de l’anneau au Bénin et en Côte d’Ivoire.
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Nous espérons même rassembler autant d’acteurs de l’anneau car l’atteinte des Odds est primordiale pour tous. Si Mama Afrika s’y est consacrée, c’est surtout parce qu’elle veut, à travers ses actions aider à accélérer la concrétisation des Odds. Rappelons-nous que nous sommes déjà à la Cop 27. Il faut agir !
Quelles sont les réalisations dont vous êtes le plus fière avec Mama Afrika ?
Je parlerai de l’Academy Of Future Leaders qui prônent la vulgarisation et la promotion des Odds auprès de nos jeunes frères tout en incluant des formations en éducation sexuelle et reproductive complète, promotion des valeurs altruistes et bien d’autres thématiques.
La première édition du week-end Odd autour des thématiques telles que accès, gestion et traitement de l’eau, agroécologie et fabrication de lampes solaires, initiation aux jeux Odds et atelier de rédaction de projet. N’oublions pas les formations sur les objectifs de développement durable constituées de sept modules et sur les maladies tropicales négligées et le paludisme.
Que préconisez-vous comme action ultime pouvant aider dans l’atteinte des objectifs de développement durable ?
Dresser une liste des besoins de chaque communauté car les réalités diffèrent d’une communauté à une autre. Prôner aussi l’Odd 17 en incluant les valeurs altruistes. Travaillons ensemble pour des objectifs communs profitables à tous et non pour des intérêts personnels profitables qu’à un groupe de personnes. Change starts with me !