Les faits et le temps donnent raison à Romuald Wadagni, ministre de l’Economie et des finances. Il y a exactement un an, il a dévoilé au monde en complicité avec le chef de l’Etat Patrice Talon, l’opposition du Bénin à l’option d’allègement de la dette africaine.
Par Sènankpon DOSSOU
On se rappelle, en effet, que face à la crise économique liée à la pandémie du coronavirus, le G20 a préféré l’allègement de la dette des pays pauvres beaucoup plus concentrés en Afrique subsaharienne pour la relance de leur économique. L’idée n’a pas fait unanimité chez les concernés. A l’opposé des pays comme le Sénégal de Macky Sall, le Bénin s’y est opposé.
Dans une tribune publiée dans le magazine Jeune Afrique, le 23 avril 2020, Romuald Wadagni a prévenu des inconvénients. Tout en faisant observer que « les dépenses des États sont appelées à croître rapidement pour contrer la propagation de la pandémie alors même qu’il faut continuer à faire face aux défis du développement », il a évoqué « la chute importante des recettes qui vient réduire davantage les marges budgétaires ». Et que, par conséquent, « L’allègement de la dette ou un moratoire constitue dans ce contexte, un appel à l’indulgence des créanciers et n’apporte pas de solutions structurelles aux difficultés des États ». Pire, a-t-il indiqué, « un allègement de la dette ou un moratoire pour le paiement des échéances ternira davantage l’image des États et compromettra leur accès aux financements futurs. Nos pays subiront un effet induit sur la perception de leur qualité de crédit ; ce qui les exposerait à des sanctions ultérieures inévitables de la part du marché ». Pire, « Au-delà des agences de notation qui pourraient sanctionner le non-respect d’une échéance de prêt, tous les efforts fournis par nos pays pour améliorer le climat des affaires et la perception de risque présentée dans les classifications de l’Ocde notamment et utilisée pour définir le taux d’emprunt de nombreux prêts, ne seront qu’anéantis. » Bien informé, l’argentier national est même remonté dans le temps pour rappeler « que les annulations de dettes opérées dans la décennie passée à la suite de l’initiative Ppte, n’ont pas manqué de laisser de mauvais souvenirs tant au niveau des créanciers privés que des prêteurs bilatéraux publics dont certains ne sont d’ailleurs plus jamais revenus financer nos États, si ce n’est par l’octroi de dons ».
En clair, le nouveau cadre mis en place par le G20 pour alléger la dette de plusieurs pays pauvres constitue un risque pour les créanciers privés internationaux de ces pays-là.
Le gouvernement du Bénin doit être maintenant en train de jubiler. Puisque quelques jours seulement après, les pays qui ont pris le chemin des annulations ont vu leurs notes négativement impactées. C’est le cas du Sénégal. Par contre, l’économie béninoise demeure dynamique. Les notations financières des agences régionales et internationales à savoir Bloomfield, Moody’s, Fitch Rating puis Standard & Poor’s après la crise sanitaire le prouvent. Comme quoi, l’option du rejet de l’annulation de la dette faite par le Bénin est la meilleure parce que saluée par les investisseurs.
Pour rappel, en lieu et place de l’annulation des dettes, Wadagni a pensé des propositions visant à solidifier l’économie du pays malgré les effets néfastes de la crise. Il s’agit surtout d’« Aider à la mobilisation urgente de liquidité nouvelle » et de « Relancer les économies africaines via des financements concessionnels ».