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Projet ‘’Assainissement et sécurisation des plages’’: Tchéhouéa Sonon dénonce « l’incivisme généralisé » sur les plages

Tchéhouéa Sonon est le directeur exécutif de l’Ong Amshart. Il nous en parle du projet gouvernemental ‘’Assainissement et sécurisation des plages’’, des conditions de travail des 20 brigadiers sous sa tutelle, de l’incivisme des citoyens qui découragent les efforts d’assainissement de la plage et de la rébellion des cadavres humains que la mer rejette souvent sur la plage.

Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON

 

BI : Comment avez-vous été retenu dans le cadre de ce projet ?

TS : Nous sommes nés en 2004. Dans notre évolution nous avons croisé l’arrondissement de Godomey qui nous a proposés à la mairie d’Abomey-Calavi dans le cadre du projet ‘’Assainissement et sécurisation des plages’’ contenu dans le Programme d’action du gouvernement (Pag). Pour la plage de Calavi, on nous a donné 20 brigadiers. Notre rôle est alors de les organiser sur 12km. Sur cette distance, il y a 3km querellés entre Calavi et Ouidah. Nous avons déployé les 20 brigadiers. Nous avons réparti la plage en trois zones : la zone Adounko qui fait corps avec Ouidah, la zone centre et la zone bars Affakodji. Nous avons six équipes, trois pour le matin de 9h à 14h et trois autres équipes pour l’après-midi, de 14h à 19h.

Notre rôle c’est de balayer la plage de sorte qu’on n’y voit pas un seul débris, pas un seul sachet. C’est ce à quoi nous nous attelons.

Dans cette tâche vous vous plaignez souvent du comportement des citoyens. Que font-ils ?

Le tout premier problème que nous avons, c’est par rapport aux pêcheurs. Ils débarquent sur la berge des débris ramenés de la pêche. Ils les abandonnent après et quand nous les interpellons ou les sensibilisons pour qu’ils viennent nettoyer avec nous ils rejettent la responsabilité sur nous. Ils disent que nous sommes payés par le gouvernement, il faut alors que nous allions travailler. Après deux ans de sensibilisation nous trouvons que trop, c’est trop.

Aussi nous avons sensibilisé les riverains sur le fait qu’ils ne doivent plus construire en matériaux définitifs sur la plage. Mais depuis un temps il y a une recrudescence. C’est comme de l’incivisme généralisé. Ils construisent en brique. Il y en a même qui se permettent de dire qu’ils sont en train d’embellir la plage sans consulter le plan en vigueur ; ils n’interrogent ni le chef quartier, ni le chef d’arrondissement, ni la mairie ni le ministère du cadre de vie. Ce sont là des difficultés que nous vivons. Par ailleurs vous avez des tenanciers de bars qui viennent faire des affaires, encaissent des sous mais quand vous venez un lundi matin, vous allez voir les désordres laissés par leurs clients. Ce qui ne leur dit rien. Ils laissent le soin aux brigadiers de les mettre au propre. Nous leur avons dit que ce n’est pas bien. Le ministère est passé sensibiliser. Dans les encablures de leurs bars il faut qu’ils mettent de l’ordre, leur a-t-on imposé. Mais ils s’entêtent.

Nous avons un autre problème : des riverains qui défèquent partout ou alors quand ils ont honte ils conservent les selles dans des sachets qu’ils viennent déposer sur les ordures regroupées par les brigadiers. Ce sont des comportements qui découragent, qui révoltent.

Avez-vous informé des autorités de cet incivisme ?

Nous avons fait appel à notre chef d’arrondissement, monsieur Léon Kpobli que nous saluons car il n’a pas baissé la garde. La dernière qu’il est venu, il a mis en place un plan de sensibilisation puis voir dans quelle mesure il faut aller au-delà de la sensibilisation. Nous attendons qu’il donne le top afin de déployer le plan pour en apprécier les effets après.

Aussi tous les 25 de chaque mois nous déposons un rapport. Dans ce sillage nous avons informé et le chef du quartier, et le chef d’arrondissement, la mairie et le ministère du cadre de vie et du développement durable.

Y a-t-il eu une réaction de leur part ?

Au niveau de la direction départementale du cadre de vie, le directeur départementale, monsieur Rosaire Attolou a dépêché l’inspecteur de l’environnement qui est venu sensibiliser et jusqu’à convoquer des gens dans son bureau et a fait des observations. Nous attendons de voir ce que cela va donner comme impact à propos de ces indélicats.

Il y a aussi le problème des cadavres qui sont rejetés sur la plage.

Ah oui ! Là c’est un drame.

Vous en avez déjà dénombré combien ?

En janvier dernier nous étions au-delà de 12 corps. Ils proviennent souvent de Erevenan. C’est là-bas qu’ils font les plongeons en bravant les drapeaux rouges installés et perdent leurs vies. Et nous retrouvons les cadavres à Abomey-Calavi. Le plus macabre des corps que nous avons retrouvé n’a plus de tête, de bras ni de pieds. Vous avez les os déjà sortis. Si vous n’avez pas un cache nez solide, vous ne pouvez pas respirer. C’est arrivé ! Nous avons contacté le chef du quartier qui a alerté le chef d’arrondissement, la mairie, le procureur. Nous avons envoyé des photos et la voirie était venue. Mais quand vous voyez les conditions d’enlèvement de ce corps, ça laisse à désirer et interpelle une Ong comme Amshart qui est dans le domaine de l’hygiène, la santé au travail. C’est pour cela que le mois d’avril prochain nous pensons organiser avec les autorités à divers niveaux une visite des lieux de la voirie puis faire une sensibilisation sur les risques encourus par ses agents de bonne volonté qu’on envoie mais qui ne sont pas dans des conditions requises pour enlever ces cadavres. Nous pensons donner l’équipement adéquat si nous réussissons à mobiliser les ressources nécessaires pour montrer que ceux-là ont besoin de se faire protéger.

En attendant, vos 20 brigadiers sont-ils dans de bonnes conditions de travail ?

Là je salue le projet Pplec (projet de protection du littoral et de lutte contre l’érosion côtière) qui a actuellement en charge la gestion des plages. Il nous a fourni des gants très coquettes. Nous avons des cache-nez, des gilets, la houe, les râteaux, les paniers. Pour dire que nous avons le minimum.

Nous formulons le vœu en matière de perspectives, que le ministère du cadre de vie et du développement durable et sa direction départementale de requérir les conseils d’un médecin en santé de travail des conseils en matière d’achat des prochains équipements de protection individuelle. Nous sommes au contact de l’eau de mer, il y a des gants adaptés. Nous pensons qu’avec la direction de la santé au travail au sein du Ministère du travail et de la fonction publique la solution va être trouvée.

Vous êtes en charge de la plage depuis quand ?

Depuis deux ans. Nos agents sont bien motivés au travail. Ils travaillent cinq heures par jour et se reposent jeudi et dimanche. Ils sont bien payés même si avec quelque retard.

Merci

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