
Kenneth, Eden, Adriel et Caleb. Ainsi se prénomment les quadruplés qui ont vu le jour le 3 juillet 2021 à la clinique Horeb d’Abomey-Calavi. À l’occasion de leur premier anniversaire, nous avons rencontré les géniteurs. Prendre soin de quatre bébés, nés d’une seule grossesse n’est pas aisé, mais ils se débrouillent et appellent à la solidarité.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Dimanche 3 juillet 2022. Dans un bar de la cité dortoir, la petite famille a invité parents, amis et connaissances à la coupure du gâteau du premier anniversaire des quadruplés. Les réjouissances fixées à seize heures n’ont finalement démarré que vers dix-huit heures. Au téléphone avec un invité ponctuel, leur mère, Edwige Dovonou, 32 ans, s’excuse du retard : « Je viens de finir la toilette des bébés. C’est mon tour d’aller me doucher. Patientez, nous vous rejoindrons dans un instant s’il vous plaît !».

Depuis un an, Edwige Dovonou connaît aussi bien la joie d’accueillir quatre bébés en un seul ‘’geste’’ que le grand stress lié à leurs soins. Chaque jour, elle doit passer des heures à gérer entre autres leurs toilettes et alimentation. Exténuée ? Non, elle ne l’est pas. Plutôt déterminée, elle est. « Leur arrivée m’a beaucoup émue. Même si nous n’avons pas assez de moyens je vais prendre soins d’eux », confie-t-elle, souriante, à son arrivée. « C’est une bénédiction. Oui, c’en est bien une, mais la gestion n’est pas facile. Il faut être vraiment patient », renchérit l’époux, Patrice Agbadjo, technicien en génie civil.
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Vu la forte ressemblance entre les quatre garçons, pas facile pour elle au début de distinguer tel par rapport à tel autre. « Les débuts ce n’était pas aisé de les identifier et d’attribuer les noms à chacun. J’ai pris deux semaines pour y arriver. Finalement j’ai remarqué un petit trait qui différencie chacun d’eux », apprend-t-elle.
Les moyens financiers constituent une grande préoccupation pour les parents. Les revenus du père et de la mère (enseignante d’anglais), sont nettement insuffisants face aux besoins des quadruplés. Or, l’assistance des personnes de bonne volonté s’est vite estompée. « C’est quand les bébés ont eu deux semaines que nous avions vraiment bénéficié de soutiens. Après, de deux semaines jusqu’à nos jours, plus rien », déplore Edwige Dovonou. « Nous avons vraiment besoin d’assistance. Sinon c’est très difficile. Gérer quatre enfants à la fois, ce n’est vraiment pas facile. On a besoin de moyens financiers pour nous approvisionner en couches et lait parce que le sein maternel ne peut pas leur suffire », insiste-t-elle
Perception
Une femme svelte qui accouche de quadruplés. Cela émeut forcément. « Quand je passe on me montre du doigt : « voilà la petite fille qui a accouché des quadruplés », dit-on. C’est un honneur, je suis très contente », avoue leur mère. Ces admirateurs ont été les plus grands soutiens, précise-t-elle. « Il y a des gens qui aiment personnellement les jumeaux. Quand ils entendent que quelqu’un a fait 4 bébés en un geste, ils sont étonnés, émerveillés et se demandent si c’est vrai. Ils nous sont venus en aide. Je les en remercie », exprime Edwige Dovonou.
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Par contre d’autres soupçonnent les géniteurs des quadruplés d’être déjà devenus riches grâce aux soutiens qu’ils auraient amassés au nom des jumeaux. « Quand nous passons les gens disent que le président Patrice Talon nous connaît déjà. Pour insinuer que nous aurions reçu un appui financier considérable. Ce qui n’est pas vrai », tient-elle à rectifier.
Dans l’aire culturelle Adja-Tado jusqu’à celle Ifê d’Oyo en passant par celle gourmantché au nord du Bénin, les Hoxo (fongbè) ou Venavi (mina) –jumeaux- sont traités comme des êtres extraordinaires porteurs d’un message des ancêtres. Ils sont déifiés. « L’explication en est que la naissance d’un jumeau dans une famille ne soit jamais le fait du hasard. Dans les considérations anthropologiques, les jumeaux sont toujours porteurs d’un ‘’discours programmé’’. Il pourrait autant s’agir d’une prophétie de bon augure que de mauvais qui serait le lot de toute la famille, de toute la lignée ou même de la communauté entière. D’où l’intervention du Fâ, système de divination basé sur des signes (Fadù) qui permet de communiquer dans ce cas avec ‘’l’esprit’’ des jumeaux », explique Juste Christian Kassouin auteur d’un ouvrage inédit intitulé « Le mystère des jumeaux dans une famille chrétienne (Divinité, réalité ou mythe ?).
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Sont attribués aux jumeaux des noms coutumiers spécifiques qu’eux seuls portent exclusivement. Agoï, Agohoue ou Tété selon le cas lorsqu’elles sont de sexe féminin ; Agossou, Agossa, Gboja, Zinsou, Sagbo lorsqu’ils sont des garçons. Les quadruplés d’Edwige Dovonou et Patrice Agbadjo n’en portent aucun. Il ne leur a pas été attribué un prénom africain. Rien que des noms européens « déjà assez nombreux (jusqu’à trois par tête) pour qu’on rajoute des noms endogènes », justifie leur mère.
Par expérience, celle qui précise avoir cohabité avec de nombreux jumeaux dans sa famille, confirme leur côté extraordinaire. « Personnellement, je considère les jumeaux comme de petits dieux. Je sais de quoi je parle. Ils sont extraordinaires. Parfois je peux manquer des frais de couches mais de façon miraculeuse, pendant que je suis soucieuse, je peux recevoir par exemple un transfert financier fortuit d’un proche ou d’une connaissance. C’est vrai que ce n’est pas à tout moment mais, ils sont extraordinaires ». Leur père est du même avis. Lui qui « Avant je ne croyais pas en ces choses » y croit désormais. « Avec les jumeaux j’ai puis noté une différence par rapport à leur aînée grande sœur », justifie-t-il.
Un avenir meilleur, c’est ce dont les géniteurs rêvent pour Kenneth, Eden, Adriel et Caleb. Ils comptent sur le soutien de tous les Béninois.
Bonjour et bravo aux parents de ces charmants enfants.
Puisse la Providence les assister.
Ma grande désolation est dans les prénoms de ces Innocents.
Vivement la Libération des cerveaux des ex-coloniseés que nous sommes !
Une grande action de grâce à l’Eternel des Armés..
Et qu’il les garde vraiment et fortifie leur maman