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Ramadan 2019 : Un parcours de jeune et d’espérance commence pour les musulmans

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Les fidèles musulmans ont débuté, dimanche 5 mai, leur jeune connu sous le nom de ramadan. En quoi consiste-t-il ? Que gagnent-ils, les fidèles musulmans à s’y dévouer si tant ? Quelle est son origine et qu’arrive-t-il aux malades, aux voyageurs ? Réponse avec deux imams.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

« Ô vous qui croyez, il vous est prescrit comme il a été prescrit aux communautés qui vous ont précédés de jeûner afin que vous soyez purs ». (Al-Baqarah 2 : 183). C’est ainsi que le jeûne est devenu pour le musulman, une recommandation divine qui a court le ramadan, 9e mois du calendrier musulman qui désigne d’office désormais le jeûne même. Selon Idrissa Ibouraïma, imam de la Mosquée centrale de Tankpè/Atinkanmey, le jeûne a été prescrit deux ans après l’hégire du Prophète Mohamed (Paix soit sur lui) vers Médine en Egypte. En effet, a-t-il expliqué, le prophète a passé treize ans à évangéliser à la Mecque (en Arabie Saoudite) avant d’être contraint à l’exil à cause des persécutions.

Le jeûne est un moment d’intenses prières au cours desquels le fidèle s’abstient d’aliments dès l’aube jusqu’au coucher du soleil. Faire le jeûne, pour le fidèle musulman, revêt plusieurs sens dont le plus important est : prouver sa soumission à Dieu. « En exécutant le jeûne, nous témoignons notre obéissance à Dieu, l’islam même signifiant ‘’soumission’’. C’est aussi l’occasion d’une profonde purification du corps et de l’âme, ce qui nous rapproche de Dieu. Dès lors, nos grands objectifs, nos prières sont facilement exaucés de Allah à travers le jeûne », a détaillé Chouaïb Chitou, imam à la Mosquée de Aïbatin, à Cotonou.

Vaincre son corps

Attention ! Pour ne pas perdre son jeûne, le fidèle musulman ne s’abstiendra pas que d’aliments. Il doit mener une vie d’ascèse, c’est-à-dire vaincre les sales aspirations de son corps. « Pendant ce moment, tout musulman doit se garder de désir charnel (sexuel), il doit être doux, éviter la colère, la fornication, la calomnie, ne pas répondre à une provocation ni regarder des choses (films) obscènes, etc. », a énuméré l’imam Chouaïb Chitou. En clair, il y a beaucoup d’interdits pendant le mois de ramadan, a résumé l’imam Idrissa Ibouraïma. « Tout ce qui est ordinairement interdit l’est encore pendant le ramadan, puisque c’est un mois au cours duquel nous cherchons à être pardonnés, c’est un moins dans lequel nous cherchons la miséricorde divine, c’est un mois au cours duquel ceux qui étaient condamnés à l’enfer sont affranchis par la grâce d’Allah. D’où on ne saurait continuer à faire de mauvaises choses. Il faut donc se maîtriser ».

Pour rompre son jeûne…

Parce qu’on est resté à jeun du matin au soir n’autorise pas à rompre le jeûne avec n’importe quel aliment. « Le prophète nous a conseillés de rompre le jeûne avec les dattes. Nous devons en prendre en nombre impair : trois, cinq, etc. Mais comme nous ne cultivons pas de dattes chez nous au Bénin (on l’exporte), on peut rompre le jeûne d’abord  avec l’eau, puis manger des fruits, des aliments légers pour ne pas surcharger son estomac étant donné qu’il y a encore des prières en cours », a prévenu Idrissa Ibouraïma.

Exonéré mais pas excepté

Le jeûne est une obligation divine. A ce titre il s’impose à tout fidèle musulman. Toutefois, Allah dans sa miséricorde, a pensé aux situations ou conditions qui pourraient empêcher ses enfants de l’exécuter. Les enfants (impubères),  les malades, les vieillards, les voyageurs, les femmes (enceintes, celles qui allaitent ou celles en menstrues) sont dispensés du jeûne. Toutefois, afin que tous aient part aux avantages et récompenses liés au ramadan, la plupart des exonérés sont soumis à l’ « obligation de compensation », a souligné l’imam Chouaïb Chitou citant Al-Baqarah 2 : 185 qui stipule : « C’est au mois de ramadan qu’a été révélé le Coran, guide des Hommes et destiné à indiquer la bonne direction avec discernement. Que celui qui constate l’apparition du croissant observe le jeûne. S’il est malade ou en voyage il jeûnera un nombre équivalent de jours.  Allah veut vous faciliter l’accomplissement du culte et vous éviter la gêne. Il importe de compléter le nombre de jours à jeûner, d’exalter le nom d’Allah et de lui être reconnaissant». Autrement, le voyageur, à son retour, comptera le nombre de jours pendant lequel il était pris et, à la fin du ramadan, il va continuer à jeûner pendant ce nombre de jours. Il en est de même pour le fidèle malade qui a été empêché pendant un temps. C’est dire que quoiqu’il arrive, les ‘’empêchés’’ doivent faire ‘’leur’’ jeûne avant un autre ramadan. Néanmoins, les vieillards quant à eux, se contenteront de donner un kilo de la céréale la plus consommée dans leur région comme aumône pour compenser leur ‘’incapacité à jeûner’’, a mentionné Chouaïb Chitou.

La nuit sublime

Le mois de ramadan est subdivisé en trois phases de dix jours. Pendant le jeûne, plus les jours passent plus les prières deviennent intenses. « Au début, vous constaterez qu’il y a de l’affluence », a déclaré Chouaïb Chitou pour signifier que l’intérêt pour le jeûne décroît ou pourrait l’être progressivement. Mais il y a une nuit (parmi les nuits impairs : 21 ; 23 ; 25 : 27 ; et 29 de la troisième et dernière phase que personne ne devrait rater. Appel donc à la veille et à la vigilance ! Et pour cause, cette nuit a été donnée comme réponse aux hommes qui s’étaient plaints à Allah de ce qu’on ne vit plus assez longtemps sur terre comme les patriarches Noé, Moïse, etc., qui ont vécu pendant 600 voire 900 ans. « Encore appelée la ‘’Nuit de la destinée’’, la nuit sublime est la nuit au cours de laquelle Allah décrète tout ce qui va se passer. L’œuvre au cours de cette nuit vaut plus de mille mois », a indiqué l’imam Chouaïb Chitou.

«Nous l’avons révélé (le Coran) dans la Nuit sublime. Sais-tu ce qu’est la Nuit sublime ? La Nuit sublime vaut plus de mille mois. Au cours de cette nuit, les anges et l’Esprit descendent du ciel sur ordre de leur Seigneur (pour régler toute chose) et répandent le salut jusqu’à l’aube. », lit-on dans Al-Qadr. Il faut souligner toutefois que par la nuit sublime les croyants n’engrangent pas à chaque fois mille mois pour vivre sur terre. Non ! L’imam Chouaïb Chitou a tenu donc à préciser plutôt que si les croyants sont en pleine, pieuse et sincère adoration quand ladite nuit sonne, c’est que Allah considère qu’ils l’ont adoré pendant plus de mille mois, ce qui va générer pour le fidèle bénéficiaire, d’incommensurables récompenses, bénédictions divines. Seul Allah connaît cette nuit avec précision et il faut du discernement pour la déceler aussi. C’est donc la raison pour laquelle ces derniers jours, vous verrez les musulmans prier au fond de la nuit dans les mosquées. « Actuellement nous ne dormons plus », a témoigné Chouaïb Chitou.

L’islam, une religion liée à la nature

Dans la religion musulmane, la durée d’un mois n’est pas connue d’avance comme chez les chrétiens. « Nous n’avons pas de calendriers définis. Un mois, c’est 29 à 30 jours au plus. Le croissant lunaire marque le début et la fin du mois. Si au soir du 29 on ne voit pas la lune, on complète un jour et au soir du 30, qu’on ait vu la lune ou non, on considère que le mois est terminé, étant donné qu’on ne doit en aucun cas excéder 30 jours », a expliqué l’imam Chouaïb Chitou de la Mosquée d’Aïbatin. Dans un contexte marqué par les changements climatiques, et où la lune peut bien apparaître et rester toutefois inaccessible à l’œil nu, comment les musulmans s’y prennent-ils ? Le même imam répond : « La technologie a évolué et permet aujourd’hui d’observer plus facilement la lune même si les conditions climatiques sont mauvaises. Mais nous n’avons pas cette technologie au Bénin vu que les conditions climatiques varient d’un pays à un autre. Nous n’avons même pas une structure chargée de cette affaire. C’est le Bureau de l’Union islamique qui se bat pour doter enfin la Communauté musulmane béninoise d’une structure où siégeront des savants, des scientifiques qui vont nous dire à quoi nous plier par rapport à la nature », a-t-il renseigné. « C’est pourquoi au Bénin, nous suivons les grands pays musulmans comme l’Arabie Saoudite », a-t-il ajouté.

 

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