Le docteur Coovi Raymond Assogba a présenté, mardi 8 juin 2021, le Trophée à lui décerné par l’Ong Ifè Africa au recteur de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), professeur Maxime da Cruz. Occasion pour ce dernier de s’exprimer sur cette distinction et le projet de Laboratoire de recherche de la ‘’Boologie’’ dont rêve le récipiendaire.
Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Bénin Intelligent : Monsieur le recteur, quelle est selon vous la pertinence d’un prix décerné à votre collègue par une Ong de la place ?
Recteur da Cruz : Nous sommes des enseignants, nous faisons aussi de la recherche. Le service à la société est un élément essentiel de notre mission. Lorsqu’on parle de service à la société, évidemment, nous interagissons avec les membres, les acteurs de notre société. De ce point de vue les Ong ont leur rôle à jouer. Les Ong, ce sont des compatriotes qui ont choisi d’intervenir dans la société mais sous un ample tout à fait particulier qui devrait les contraindre normalement à la possibilité de prendre du recul par rapport au phénomène que nous vivons, à la possibilité de donner des avis, des interventions qui ne soient pas entachées de ce que l’on note au niveau d’autres composantes de la société dont la composante Politique, pour ne donner que cet exemple. Qu’une Ong décerne un prix de cette nature, pour moi il n’y a rien d’étonnant, ce sont des acteurs de la société. De ce point de vue, les membres des Ong ont leur rôle. Qu’ils observent ce que nous faisons, qu’ils identifient parmi nous des collègues dont le travail, les performances ont retenu leur attention, on ne peut que les en remercier, féliciter le collègue et les encourager à continuer leur travail de veille citoyenne, travail de regard avisé sur la manière dont notre société fonctionne. Pour moi c’est tout à fait naturel. Nous sommes tous des citoyens et citoyennes et chacun au niveau où il est doit jouer sa partition. Je les encourage à continuer ce travail dans les domaines de compétence qu’ils ont choisi.
Le jour de la remise du Prix le docteur Assogba a été félicité d’abord pour la discipline inédite qu’il enseigne, la Boologie et ensuite pour son engagement pour le recours à la trilogie Fa-Vodun-Boo comme facteur de développement. Ici à l’Uac, il dit nourrir des projets de Laboratoire et l’érection d’une Faculté des sciences du Sacré africain. Y a-t-il des garanties que ces projets auront votre accompagnement ?
Nous sommes dans un milieu de recherche et les collègues en fonction de leur centre d’intérêt, leur domaine de compétence, prennent beaucoup d’initiatives et l’institution les accompagne. Donc il n’y a pas de catégorisation à faire sur la recherche sur les réalités africaines endogènes. Ce sont nos réalités, pourquoi on devrait être gêné d’en parler alors qu’on parle de ce que les autres font sur la place publique. On s’en réclame même donc pour moi ce qu’il y a à faire sera fait puisque nous sommes dans le domaine de la science. Nous sommes dans les œuvres de l’esprit, nous sommes dans la réflexion, nous sommes dans tout ce qui relève de la recherche du fond des choses. Nos réalités endogènes ne peuvent pas être en marge de ce processus. Ce qui doit être fait sera fait. L’essentiel c’est qu’on travaille à mobiliser les ressources ; c’est le nerf de la guerre. Il [Dr. Assogba] a quand même la ressource la plus importante à savoir de l’engagement, de la détermination. Il est passionné par ce qu’il fait, il y croit. Je crois que ce sont les intrants essentiels. Le reste peut arriver. Je crois que c’est déjà les points déterminants pour aller de l’avant. Il n’y a pas de problème.
Ce que vous évoquez prend plusieurs contours. Quelle infrastructure il faut mettre à disposition, quelle va être la nature de ces infrastructures, quelles sont les ressources humaines, parce qu’il travaille il faut qu’il y ait des gens autour de lui, il faut qu’on ait une équipe. La recherche, l’enseignement, la formation c’est une question d’équipe. Quelles que soient les qualités dont chacun pris individuellement peut faire montre c’est toujours mieux, c’est plus indiquer de travailler dans une équipe. On ne peut rien faire tout seul mais on peut indiquer la voie, être un peu le point d’ancrage pour que l’initiative soit pérenne. Sur les choses pérennes, si nous sommes ensemble nous irons loin. En tant qu’humains nous sommes ce que j’appellerais des instants. Nous sommes des instants et le temps on en a aucune maitrise. Il faut faire le nécessaire pour l’accrocher, le mettre à notre service.