Dans cette avant dernière partie de la réflexion sur la polémique liée au statut de Dako Donou‚ les signataires traitent de la différence entre roi et chef. Pour les deux universitaires‚ «l’histoire de Agbomè ne doit pas être confondue à celle du Danxomè». Ils appellent alors les sachant et universitaires à élever le débat.
Qu’à ce jour, il n’y ait pas à notre connaissance un universitaire, spécialiste de Dako Donou, est révélateur de l’immense chantier de reconstruction historique qui attend le Bénin tout entier. Nous nous réjouissons à plus d’un titre, que les débats sur ce roi qui ont toujours arpenté les couloirs et les dédales des espaces très prisés réservés aux seuls « initiés » ou « fanatiques » deviennent non seulement publics mais aussi et surtout universitaires. Nous ferons enfin parler les faits, leur chronologie, leur charge historique, les preuves sans nous préoccuper de considérations secrètes, royales, indicibles qui relèvent d’un autre niveau d’appréciation.
Nous voudrions commencer par dire que l’histoire d’un royaume aussi puissant et aussi guerrier que celui de Danxomè est forcément plurielle. Les sources nombreuses et parfois contradictoires. On ne doit donc pas l’aborder ni en prince ou monarque seule détenteur de la vérité dite par son ascendant, ni en militant d’une cause. On doit la traiter avec méthode, froideur, rigueur et impartialité. Que vivement les premiers résultats des comités scientifiques chargés de la réécriture de nos histoires nous parviennent.
Dans ce passionnant débat, des sachants, des universitaires et intellectuels dénient à Dako Donou le titre de roi, de premier roi du Danxomè et le cantonnent dans un statut de chef sans citer les sources, leur actualité, sans nous conduire dans le stimulant raisonnement de contextualisation des faits et sans nous dire la différence entre un chef et un Roi. Avec le comité que je préside, nous avons parcouru le Danxomè du nord au sud, nous avons sillonné les localités des hauts faits et actes de Dako Donou, nous avons rencontré dillustres familles qui sont liées au roi Dako Donou depuis 2018 et nous poursuivons nos travaux. Nous avons lu avec minutie les ouvrages d’histoire et autres manuels écrits aussi bien par des collègues béninois, africains que des administrateurs ou explorateurs coloniaux. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux intrigues et contradictions inhérentes à l’histoire du Danxomè. Cest en croisant toutes les données recueillies et analysées que nous persistons et signons ici et maintenant que le Souverain Dako Donou est non seulement le premier roi de Houawé-Djotin. Et en tant que tel, premier roi des fons-Guédévis et donc du Danxomè dans les limites qu’on connait aujourd’hui à ce royaume qui va au-delà du seul intérieur du Agbodo. Les trous de fortification que fit creuser Agadja lors de son règne. Il ne faut pas confondre l’histoire de Agbomè à celle du Danxomè.
C’est quoi un Roi ? C’est quoi un Chef ?
Un Roi est celui qui dirige ou a dirigé un royaume. La titulature d’un royaume est le titre suprême du souverain d’une entité ayant des caractéristiques précises.
Pour quon parle de royaume, il faut au minimum trois conditions essentielles: i) Un territoire aux contours bien définis, ii) une défense organisée avec une armée chargée de la protection, de la défense du territoire contre les attaques ennemies et de la conquête de nouveaux espaces, iii) des institutions chargées de faire marcher le royaume, notamment la royauté avec un pouvoir fort.
Un chef par contre est d’un niveau moins élevé. Généralement il détient son pouvoir d’un roi dont il est en principe le vassal. Les partisans de la thèse de Dako Donou comme chef, peuvent-il nous indiquer le Roi dont il est le vassal à Houawé ? Chez les Guédévis ? Chez les Fons ? Et plus tard dans le Danxomè ? Tous les rois qui ont régné à Danxomè depuis Houegbadja ont fait allégeance à Dako Donou et à son trône. Ceux que l’histoire indique comme n’ayant pas voulu le faire ont appris à leur dépend et ont dû s’aviser. Les faits existent et sont éloquents. Ces collègues n’ont-ils pas fait l’option de décontextualiser les acteurs et les faits et de les analyser avec les moules argumentatifs contemporains ? Si les chefs existaient à la fin du 16ème et au début du 17ème siècle dans l’histoire du Danxomè, c’est les chefs guerriers, religieux, économiques, agricoles et de représentation qu’installaient les rois. On en connait beaucoup que des rois ont installés à commencer par Dako Donou puis les autres. Nous n’avons pas encore su documenter à ce jour ceux que Houegbadja a installés ainsi que les territoires qu’il a conquis mais nous y travaillons. La notion de chefferie et de canton a émergé dans le Danxomè bien plus tard en 1900 à la fin officielle du royaume avec le démantèlement voulu et acté par l’administration coloniale.
Mais un royaume peut s’affaiblir et être rétrogradé à un rang inférieur. Il peut aussi s’agrandir et déplacer son centre de décisions ; disons en langage moderne, sa capitale. Tout semble indiquer que nous sommes en présence d’une telle situation entre Houawé-Djotin et Agbomè
Dodji Amouzouvi
Président du Comité dorganisation
du Quatre centenaire de laccession
au trône du Roi Dako Donou 1620-2020
Blaise Dako Donou
Coordinateur de recherche au sein du Comité
Houégbadjahoué à houawé,houégbadja un fils racheté du palais Dako Donou, royaume de Danxomè jadis fondé par celui-ci, l’équation montre clairement que le daagbo est belle et bien Dako Donou. Houégbadja est de houawé, la racine c’est houawé point. Même un ado est sensé savoir ça.