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Sagesse du Fâ/ « Gbé-Di » : Femme, fidèle contre vents et marrées

Lorsqu’une femme trompe son mari avec un autre homme, sur lequel des deux la faute doit-elle peser le plus ? Dans l’Afrique des traditions, c’est une faute grave qui peut conduire à la mort. Et souvent, c’est la femme qu’on accuse en premier. Et pourquoi ? Le Fagléta du signe ‘’Gbé-Di’’ tranche la question. Il est raconté par Bokonon Aditi Hinhami de Hlagba-Dénou commune de Zogbodomey et sera traité en trois volets.

Recueillis et traduit par Barnabé Yélian KINTOHOU (Coll.)

C’était dans les temps immémoriaux. Mintolonfin avait enfermé dans une chambre bien protégée, sept de ses femmes. L’une d’entre elle ne manqua pourtant pas de ruse pour le tromper. Et avec qui ? un sujet du royaume du nom de Blènon. La nuit est leur moment privilégié pour consommer le fruit défendu. Pendant de nombreux jours, ce dernier sort nuitamment profiter sexuellement de ladite femme. Telle une graine que la terre fait germer, le sein de la reine accueilli une grossesse. Des mois passèrent et le nouvel état de cette dernière se révéla. Son mari, Mintolonfin qui ne l’avait plus approchée depuis un bon moment, et qui les avait, en plus, placées en lieu sûr, fut étonné. Au bout de questions insistantes, la femme avoua être tombée enceinte de Blènon. Une confession qui fâcha Mintolonfin. Dans environ sept jours, la tête du fautif allait être déchargée. Perplexe, Blènon courut consulter l’oracle. Le signe secondaire Gbé-Di apparu. Pour lui épargner le triste sort qu’il s’est provoqué, le Bokonon lui confectionna un tam-tam magique à base de la peau de lion et de panthère. Il fut prescrit à Blènon de la jouer au cours des cérémonies au palais de Mintolonfin et aux cérémonies de ‘’Falilè’’.  Il observa cette recommandation du Bokonon.

Un jour, Mintolonfin envoya ses sujets chercher de chiendents qui serviront à la reconstruction des nombreuses cases détruites dans le palais. La quantité de l’herbe nécessaire ne pouvait être mobilisée en deux jours. Mais grâce aux doux sons du tam-tam magique de Blènon, les émissaires du roi ont pu finir en une journée. A leur retour, Mintolonfin était vraiment surpris. « Comment avez-vous fait pour finir de sitôt ? » interrogea-t-il. « L’œuvre est vite accomplie grâce à Blènon qui nous a égayés avec son tam-tam dont les retentissements nous redonnèrent de l’entrain », répondirent-ils au roi.

Puis l’ultime jour pour l’exécution de Blènon arriva. Mobilisation générale des habitants du village à la cérémonie. Le visage crispé, Blènon n’attendait que sa mort imminente. Mais à la surprise générale, Mintolonfin le blanchit et demanda plutôt de décharger la femme enceinte. Pour lui en effet, c’est la femme qui a amené Blènon à commettre ce forfait. Ou du moins, elle a manqué de rigidité envers elle-même. Sinon, soutint le roi, elles étaient au nombre de sept à être enfermées dans la pièce. Pourquoi fut-elle la seule à trahir son mari ? »

A retenir : Loin d’encourager les hommes à jouir des femmes d’autrui. Au contraire, ce Fagléta exige des femmes de la rigueur pour préserver contre vents et marrées leur fidélité. « Si le mur n’est pas lézardé le margouillat ne s’y introduit pas », pense-t-on généralement en Afrique.

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