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Semaine d’Action des Églises sur l’alimentation : «Notre foi nous appelle à mettre un terme à la faim chronique et à prendre soin de la Création»

Démarrée dimanche 10 octobre dernier‚ la “Semaine d’action des Églises sur l’alimentation” s’achève ce dimanche 17 octobre sur le thème “Donne-nous chaque jour notre pain quotidien”. Une initiative de l’Alliance œcuménique « Agir ensemble » (Eaa) du Conseil oecuménique des Églises depuis 2008. Le Sens et les activités organisées dans ce cadre avec la Révérende Fidèle Fifamè Houssou-Gandonou‚ pasteure de l’Epmb‚ docteur en Théologie et enseignante d’Éthique à l’Université protestante d’Afrique de l’Ouest (Upao).

Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON

Bénin Intelligent : Qu’est-ce que la semaine d’action des églises pour l’alimentation?

Révérende docteure Fifamè Houssou-Gandonou : Cette Campagne mondiale annuelle d’une semaine lancée par l’Alliance œcuménique pour le plaidoyer (Coe-Eaa), la Semaine d’Action des Eglises sur l’Alimentation invite le mouvement œcuménique mondial et ses organisations, organisations à base communautaire et organisations confessionnelles, à agir collectivement pour la justice alimentaire et la souveraineté alimentaire.
Cette initiative de l’Alliance œcuménique « Agir ensemble » (Eaa) du Conseil Œcuménique des églises autour de la campagne sur l’alimentation a commencé depuis 2008. Cette campagne vise à encourager les Églises à s’investir dans les questions de justice et de la souveraineté alimentaire.
C’est un moment pour sensibiliser aux systèmes de production et de distribution des aliments, examiner notre propre consommation alimentaire et demander des réformes politiques qui garantissent le droit à l’alimentation pour tous et toutes. Notre foi nous appelle à mettre un terme à la faim chronique et à prendre soin de la Création – chose que nous pouvons faire individuellement, en tant qu’Églises et en tant que citoyen.nes du monde. En fait, c’est une semaine de prière et d’action contre la faim.
La Semaine d’action des églises pour l’alimentation va du dimanche au dimanche et comprend la Journée internationale des femmes rurales (15 octobre), la Journée mondiale de l’alimentation (16 octobre) et la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté (17 octobre). Cette année elle va du 10 au 17 octobre 2021.

Pourquoi la semaine d’action des églises pour l’alimentation ?

La Semaine d’action des églises pour l’alimentation vise à :
Susciter la prise de conscience sur la sécurité et la souveraineté alimentaire et renforcer la solidarité dans la lutte contre la faim.
Promouvoir les produits locaux durables ainsi que les producteur/trices locaux/ales.
Répondre à notre foi nous qui appelle à travailler pour un monde où chacun a accès à une nourriture suffisante, saine et culturellement appropriée.
Travailler afin que ceux et celles qui produisent et préparent la nourriture soient assez compensés, respectés et célébrés !
Agir ensemble dans les communautés chrétiennes et d’autres encore au monde entier pour la souveraineté et la justice alimentaire.
Réveiller la conscience de tous et toutes au sujet des approches de l’agriculture qui aident des individus et des communautés à développer la résilience, à combattre la pauvreté et à opter pour l’agroécologie.
Sensibiliser pour l’examen des choix de nourriture et réclamer les modifications de politiques qui assureront le droit à la nourriture pour chacun.

Que dit la Bible de l’alimentation ?

Dans la Bible, l’alimentation est plus qu’une nécessité matérielle. Elle a une valeur spirituelle et sacrée. Jésus a souvent partagé ses repas avec de nombreuses personnes.
Même lorsqu’il nourrissait un grand nombre de personnes, le repas partagé revêtait un sens d’intimité et de communion. Imbus de ce sens de la vocation, en tant que chrétiens et chrétiennes, membres de communautés confessionnelles, nous devons passer à l’action et travailler avec nos groupes de base et nos associations dans le monde entier dans le cadre d’une campagne mondiale visant à éradiquer la faim. Nous sommes appelés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire de l’accès à une alimentation suffisante et nutritive un droit plutôt qu’un privilège. Car nous sommes toujours et pour toujours en souvenir de la promesse « Venez. . . recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous . . . Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger. » (Matthieu 25 ;34-35). La nourriture est une denrée très précieuse sur laquelle le jugement se basera.

Quelles sont les propositions d’action que les communautés chrétiennes peuvent mener pendant cette Semaine ?

Plusieurs actions peuvent être menées et se résument en ces points :

Salir les mains : Planifier une visite à un champ proche (et aider !) le/la cultivateur/trice et apprendre des défis et joies de la production agricole. Penser à joindre ou à commencer un jardin communautaire.

Célébrer la nourriture locale et la connaissance alimentaire : Organiser une foire communautaire qui démontre les producteurs/trices d’aliments locaux et partager leurs histoires avec des gens impliqués dans la justice et la souveraineté alimentaire.

Planifier et réaliser un culte œcuménique sur la justice et la souveraineté alimentaire.
Organiser un “apportez et partagez” nourriture dans votre communauté, avec la nourriture issue de vos jardins et champs locaux.

Faire le lobbying avec les responsables politico-administratifs et personnes d’affaires pour créer une demande stable pour les produits locaux et saisonnés au travers les cantines scolaires et les hôpitaux.

Parler aux média locaux : Encourager votre TV locale et stations de radio à promouvoir et accompagner les producteurs/trices des aliments locaux au cours de la semaine.

Que peut faire une église de manière concrète pendant cette Semaine ?

Pour sensibiliser et œuvrer en faveur de la justice et la souveraineté alimentaire dans la communauté locale et dans le monde, voici plusieurs idées d’actions que vous pouvez mener :
Rassemblement liturgique
Organiser un service religieux le dimanche au début ou à la fin de la Semaine d’action. Une liturgie a été préparée pour être utilisée pendant la Semaine d’action 2021. Ce service, ainsi que d’autres ressources liturgiques, sont disponibles en ligne et peuvent être photocopiés pour les participant.es ou adaptés à vos différents contextes.
Changements dans les habitudes alimentaires
Évaluer l’alimentation personnelle ou locale pour voir s’il y a moyen de réduire son impact. Par exemple, si vous avez l’habitude de manger de la viande tous les jours, essayez de passer une journée sans viande par semaine. Mettez en place un « club de recettes pour la justice alimentaire » dans votre église pour partager des recettes de mets végétariens créatifs et savoureux. Efforcez-vous d’éviter de gaspiller de la nourriture, en achetant uniquement ce que vous savez que vous et votre famille allez manger.
Organisation d’un festival communautaire
Organiser un festival de produits équitables et d’événements locaux tels que spectacles musicaux, pièces de théâtre ou séminaires qui mettent l’accent sur le problème de la faim et sur les changements à apporter à l’échelle locale et mondiale dans nos modes de production, de distribution et de consommation d’aliments.
Tenue d’une exposition
Une image ou une vidéo peut permettre de mieux raconter l’histoire de la crise alimentaire. Une exposition en ligne « Pour une alimentation juste » conjugue art, réflexions bibliques et déclarations internationales pour réfléchir sur le droit à l’alimentation.
Apprentissage collectif
Organiser des études bibliques pendant la Semaine d’action afin d’en apprendre davantage sur la provenance des aliments que vous consommez et sur les liens à faire avec l’appel biblique en faveur de la justice.
Utilisez comme point de départ les réflexions bibliques et les sermons qui les accompagnent, ainsi que les histoires vécues dans la culture locale.

Célébration des produits locaux

Organiser un « Repas-partage de produits locaux » ! Préparez des mets à partir de produits cultivés localement. Les participant.es plus âgés pourraient parler du système alimentaire du temps de leur jeunesse et faire une démonstration pratique de la préparation de mets

locaux ou de la mise en conserve d’aliments. Les agriculteurs et/ou travailleurs agricoles locaux peuvent être invités pour parler de leur vie et répondre aux questions.
Mettez de la musique et amusez-vous ! Le thème central de la semaine pourrait être votre objet de discussion ou encore d’autres comme « Célébrons la généreuse création de Dieu » ou autre chose du même ordre.
Soutien aux jeunes agriculteurs/trices
Contribuer à l’obtention et à la préservation de terres par des dons et/ou des collectes de fonds. Ces parcelles de terrain peuvent ensuite être louées à de jeunes agriculteurs/trices potentiels et à des agriculteurs/trices à faible revenu. Car l’accès limité à la terre est l’une des principales contraintes qui se posent aux agriculteurs/trices à faible revenu et aux futurs jeunes agriculteurs/trices. Le coût élevé des terres empêche les gens de devenir producteurs/trices et limite l’accès de la population locale à des produits locaux frais et sains.

« Donne-nous chaque jour notre pain quotidien » est le thème retenu par le Conseil Œcuménique des Eglises. Pourquoi ce thème et quel en est la portée dans notre monde aujourd’hui ?

L’alimentation est le résultat de toute une chaîne de facteurs, de nombreux composants et d’actions de plusieurs personnes.
Dans l’économie de Dieu, il y a l’abondance qui garantit que nos besoins quotidiens peuvent être satisfaits. Notre réponse est donc d’étendre cette abondance à tous et toutes, en tous lieux et à tout moment.
Comme la Bible nous le souligne si bien : Toute chose nous vient de Dieu (Romains 11, 36) et déjà dans le jardin d’Eden avant de créer l’être humain, Dieu a pris soin de créer d’abord ce qui doit lui servir de nourriture mais il a le devoir d’en prendre bien soin.
La nourriture a été, est et reste un élément primordial dans la vie de l’être humain. Depuis sa création, l’être humain a été instruit à se nourrir à partir des produits du sol et de la terre autour de lui. Le droit à la nourriture pour tous et pour toutes, fait partie de la recommandation divine. Mais, c’est aussi l’un des besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir, s’instruire et s’épanouir.
Aussi, dans la prière que nous avons reçue de Jésus, chaque fois que nous prions, nous disons : « Donne-nous chaque jour notre pain quotidien… ». C’est pourquoi l’investissement dans la justice alimentaire et dans le développement rural est un chemin probant pour résoudre les problèmes de la migration liés à la pauvreté, à la faim et la misère. En assurant le droit à l’alimentation pour tous et pour toutes, nous travaillons à ce qu’il y ait un partage équitable de la nourriture saine ; équilibrée et localement produite. Ceci nous invite à la protection de notre environnement, de nos terres, de nos mers et à une pratique agricole locale et consciente de sa pérennisation pour la génération future.

Votre mot de la fin :

Les églises s’engagent dans cette campagne sur la souveraineté alimentaire en vue de mettre en lumière le rôle des sociétés civiles et des communautés de foi dans l’amélioration de l’alimentation et leur contribution à l’élimination de la faim en abordant les changements climatiques avec les valeurs de justice, d’amour et de paix prônées par l’Évangile.
Étant donné qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort pour nos pays, engageons-nous toutes et tous à prendre part à cette campagne en encourageant tous nos membres, réseaux et paroisses à intégrer la « Souveraineté alimentaire pour la vie » dans leurs programmes communautaires, missionnaires et ministériels respectifs.

La Semaine d’action des Églises sur l’alimentation est une excellente occasion de dire au monde que l’insécurité alimentaire est causée par l’injustice qui sévit dans le monde. C’est un moment pour exiger des modes de production, de distribution et de consommation des aliments fondés sur l’équité et sur une agriculture socialement et écologiquement durable. Nos interventions doivent contribuer à l’autonomisation des femmes et aussi des jeunes, qui constituent la majorité des petits exploitants agricoles et qui, en même temps, s’appauvrissent.

Merci.

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