Vous êtes ici
Accueil > Actualité > Situation malienne : La France comme au temps colonial

Situation malienne : La France comme au temps colonial

Finalement‚ par qui Emmanuel Macron a-t-il été élu ? Par les maliens ou les africains en général ? Depuis que le jeune président français ne se donne plus de limite dans l’ingérence dans les affaires africaines‚ on peine à contenir cette interrogation.

Elle est devenue davantage flagrante et honteuse dans la crise malienne actuelle. Dans une sortie scandaleuse le mardi 11 janvier‚ Macron approuve les sanctions de deux organisations ouest africaines à l’encontre du Mali en ces termes : « Dimanche dernier‚ et l’Uemoa et la Cedeao ont donné une position très claire et très ferme avec des sanctions inédites pour un pays de la région qui marquent la condamnation profonde des dérives de la junte militaire que la France avait à plusieurs reprises dénoncées‚ et d’un non-respect absolu de toutes les conditions qui avaient été émises dès le mois d’août 2020. Nous soutenons cette position de l’Uemoa et de la Cedeao».

Ces propos qui respirent arrogance et surtout l’hégémonie‚ amènent à voir clairement la France comme l’instigatrice desdites sanctions simplement communiquées par une Uemoa et une Cedeao de plus en plus désavouées par leurs propres populations.

Ce qui est davantage scandaleux‚ c’est de voir Macron dans cette posture‚ lui qui a pourtant promis une refondation des relations françafricaines avec l’organisation récente‚ on s’en souvient‚ d’un sommet avec la société civile africaine à Paris. Cette réaction de Macron nous ramène donc à une vielle évidence qu’on croyait en voie de cicatrisation‚ à savoir que la France n’a que des intérêts. Quel que soit le jeune ou le grabataire qui sera chef de l’État en France‚ ce sera à chaque fois la même politique de prédation et de paternalisme envers l’Afrique d’où Paris tire sa survie. Et comme il faut faire les choses désormais avec élégance‚ il ne s’agira plus (forcément) d’assassiner froidement les patriotes africains comme ce fut les cas de Sylvanus Olympio (Togo)‚ Patrice Lumumba (Congo RDC) et Sankara (Burkina-Faso). Il faut empêcher quand même par tous les moyens les jeunes héros de réussir la défense de leur terre. L’une des stratégies redoutables qui marche déjà si bien à l’ancien-néo colonisateur‚ c’est bien le contrôle absolu des instances africaines ou sous-régionales de décision.

Que défend la France ? L’intérêt des maliens ? la démocratie ? Rien de tout cela‚ en réalité. À moins de croire aux mielleuses intentions ou les beaux discours qui masquent les vraies enjeux. Voyons que sur le même continent la même France a mille et une attitudes les une aux antipodes des autres. Pourvu que ses intérêts économiques et géopolitiques soient préservés selon les cas. Soutien au 3ème mandat volé et ensanglanté de Ouattara (Côte d’Ivoire) suite à un coup d’État constitutionnel‚ soutien à Déby-fils (Tchad) pour succéder à son père. Dans ces deux illustrations non exhaustives‚ la France n’a pas montré de fermeté au nom de la démocratie qu’elle ment être en train de défendre dans le cas actuel du Mali.

Si aujourd’hui la junte malienne n’a pas les accolades chaleureuses de Paris‚ ce n’est donc que parce qu’elle n’est pas manipulable. On aura donc eu ainsi la preuve que le chaos du terrorisme est une opportunité pour la France de rester et de piller. Et‚ en affichant sa farouche détermination à vraiment combattre ce mal en changeant de partenaire au besoin après une décennie de présence inefficace française‚ Assimi Goïta a franchi le rubicon

On aurait souhaité que les instances africaines gèrent le dossier malien en toute indépendance et clairvoyance. Mais là‚ la main de la France est trop flagrante pour ne pas exaspérer. Les pays occidentaux excellent dans des dérives qu’aucun État africain n’oserait aborder avec autant de mépris et de condescendance.

Tout bon démocrate doit reconnaître aux maliens le droit de penser et d’organiser leur vivre ensemble.

Sêmèvo Bonaventure AGBON

Laisser un commentaire

Top