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Soutenance de thèse à la Fss/Cotonou : Ce que dit Isaac Fassinou des grands brûlés au Cnhu-HKM

Étudiant, Isaac Jésukpégo Fassinou au cours de ses stages au Cnhu de Cotonou, a eu plusieurs fois l’occasion de voir des personnes brûlées en face. Leurs douleurs et parfois le sort funeste qui met tragiquement fin à leur existence, ont profondément secoué son cœur. Il a donc choisi, pour sa thèse de doctorat en médecine, de s’intéresser à ces patients. Le jeudi 6 février dernier, il a défendu son travail et a prêté serment.

Par Sêmèvo B. AGBON

« Aspects épidémiologiques, cliniques, étiologiques, thérapeutiques et évolutifs des brûlures graves au Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou ». Tel est le thème de la thèse de Isaac Jésukpégo Fassinou soutenue le jeudi 6 février dans le Grand amphi de médecine de la Faculté des sciences de la santé (Fss-Cotonou). Un document riche de 166 rédigé sous la direction du professeur Pierre Claver Hounkpè, Agrégé d’Anesthésie-Réanimation à la Fss de Cotonou.

Dans ce travail qui lui a valu la mention Très honorable avec les félicitations du jury et échanges, l’impétrant souligne que « la brûlure pose un problème mondial de santé publique par leur fréquence élevée, leur importante morbi-mortalité, et la prise en charge spécialisée le plus souvent très coûteuse ». C’est pourquoi, son travail a poursuivi l’objectif d’étudier leurs aspects épidémiologiques, cliniques, étiologiques, thérapeutiques et évolutifs au Cnhu de Cotonou.

La thèse soutenue par Fassinou se présente comme une étude rétrospective de type descriptive et analytique. Les patients brûlés graves admis à l’Unité des Grands Brûlés du CNHU-HKM entre janvier 2013 et juin 2019, soit une période de 78 mois ont constitué sa matière.

Selon ses confidences, sur cette période-là, 390 patients ont été colligés durant la période d’étude et représentaient 90,55% des brûlés graves et 83,66% de l’ensemble des patients admis. « On avait noté une prédominance masculine avec 52% d’hommes et 48% de femmes soit une sex-ratio de 1,08. L’âge moyen était de 23,95 ans. Les enfants de 0 à 4 ans étaient les plus touchés avec un pourcentage de 23% de l’effectif. 76% des patients avaient un revenu faible et 61% proviennent du milieu urbain », a-t-il écrit.

Les circonstances de brûlures

L’impétrant au milieu des membres du jury

Quels sont les facteurs occasionnant les cas de brûlure au Bénin. Dans une démarche hiérarchisation, Isaac Fassinou a identifié les accidents domestiques (70%) dont 47% à la cuisine et 23% dans d’autres pièces (Groupes électrogènes…), les accidents professionnels (12 ,6%), accidents de la voie publique (10,43%) et les agressions (4,4%). « Les brûlures thermiques prédominaient (90,50%) alors que les brûlures électriques représentaient 7,54% des cas et les chimiques, 2,18%. La face est plus touchée (57%) ; ensuite les membres supérieurs (43%), le thorax (40%), cou (23%), le membre inférieur (21%), le périnée (10%) puis abdomen (7%). 19% des patients ont des brûlures d’une superficie de 0 à 20%, 52% des patients ont des brûlures d’une superficie de 20 à 40%, 18% avec une SCB entre 40 et 60%, et 11% une SCB au-dessus de 60%. La SCB moyenne est de 47,5%. Les brûlures de 2ème degré superficiel sont plus dominantes (71%), 60% des brûlures étaient au 2ème degré profond et (17%) des brûlures au 3ème degré », détaille la thèse.

Pour avoir séjourné longuement et observé voire participé à la prise en charge des brûlés dans le service adéquat du Cnhu, Fassinou retient que « 96% des patients avaient bénéficié d’une voie veineuse périphérique et la réanimation hydroélectrolytique était majoritairement faite avec Ringerlactate. La formule de Parkland est la plus utilisée dans 60% des cas. 383 patients (98%) ont été mis sous antibiothérapie dès l’admission. Tous les patients ont reçu un traitement à visée antalgique.  Le paracétamol est le plus utilisé. Dans 26% des cas le nettoyage des zones lésées était fait au sérum salé. Une crème antibiotique à base de sulfadiazine d’argent a été appliquée dans 88% des cas associée à un pansement occlusif. Sur l’ensemble des patients, seuls 23 soit 5,71% ont bénéficié d’une autogreffe de peau ».

Forte mortalité suite aux brûlures au Bénin

Parfois, l’hospitalisation des grands brûlés ne se passe sans complications. L’impétrant a identifié les principales que sont le sepsis (21,74%) et l’anémie (20,51%). L’hospitalisation peut durer en moyenne 39 jours chez les survivants. Mais tous les patients ne se remettent pas des brûlures malgré les soins. « La mortalité globale était de 29,23% », a-t-il soutenu. Les facteurs responsables de la mortalité élevée chez les brûlés sont : la profondeur, l’âge, atteinte de zones fonctionnelles, les troubles ioniques et le Sepsis, a énuméré le doctorant.

Grâce à ses recherches et analyses, il a conclu que « Les brûlures graves sont très fréquentes dans notre milieu et leur survenue est étroitement liée au niveau socio-économique défavorable. La prise en charge non encore satisfaisante témoignée l’élévation de la mortalité dans notre contexte surtout aux âges extrêmes ».

Le jury présidé par Michel Armand Fiogbé, professeur titulaire de chirurgie pédiatrique à la Fss-Cotonou, a été satisfait du travail. Etaient membres du jury, Hugues Daniel Adegbidi, professeur titulaire de Dermatologie-Vénérologie à la FSS et Chef service adjoint du Service de dermatologie vénérologie du Cnhu; Pierre Claver Hounkpè, professeur Agrégé d’Anesthésie-Réanimation à la Faculté des Sciences de la Santé de Cotonou et Chef Service de l’Unité des Grands Brûlés du Cnhu de Cotonou ; et Dansou Gaspard Gbessi, Maître de Conférences, agrégé de chirurgie générale des universités du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames).

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