La submersion marine qui a frappé le golfe de Guinée en ce mois de novembre, menace particulièrement les populations côtières de Sanvee-Codji/Hilacondji. En réaction, la Banque mondiale et le gouvernement avec l’appui du projet Waca ResIP-Bénin ont lancé, jeudi 11 novembre, des travaux d’urgence d’endiguement du cordon de plage du segment de côte et les travaux d’aménagement des sites au profit des sinistrés des risques d’inondations des berges de la lagune morte d’Hilacondji.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Sous le soleil. La pelleteuse plonge sa pelle et arrache du sable marin qu’elle déverse le long de la berge. C’est l’opération de réalisation d’une digue de sable qui se déroule ainsi en présence des sinistrés de l’arrondissement d’Agoué. Ce rempart d’une longueur de 100m sur une hauteur de 2,10m vise à fermer la tranchée ouverte responsable des fortes inondations, a indiqué le préfet Dèdègnon Bienvenu Milohin qui a lancé les travaux. Pendant ce temps, des populations environnantes s’affairent à démolir habitations précaires et à emporter des bagages emballés dans des pagnes et sacs. A cet effet, en plus de la riposte de la digue, les travaux consisteront également à aménager et sécuriser des sites de relogement déjà identifiés par la commune en collaboration avec l’Agence nationale de protection civile (Anpc) et la Croix rouge toutes représentés à l’occasion.

Dans le rang des sinistrés habitués à vivre de la pêche, le départ est douloureux. « Avant nous étions de l’autre côté de la lagune. Quand il y a eu débordement, nous avons été relogés ici. Maintenant les autorités nous chassent encore. C’est vrai qu’elles nous ont prévenus depuis environ deux mois mais sans précision calendaire. C’est par surprise qu’aujourd’hui nous avons constaté le démarrage des travaux. Nous n’étions pas informés. On nous a dit de vider les lieux d’ici demain [ce vendredi 12 novembre, ndlr] Or, nous vivons ici depuis des années, je vis ici depuis mon enfance, j’ai grandi et fait des enfants ici. Nous sommes habitués à la mer. La mer ne nous dérange pas du tout. Ce projet peut avantager ceux qui sont ici, mais nous qu’on est en train de déguerpir, ça n’a pas d’avantages pour nous », critique Onipo Benoît, un riverain chef de famille.
La submersion marine notée ces derniers jours est l’un des effets indésirables des changements climatiques, a indiqué le Dr Bio Djarra Moussa, spécialiste technique du Littoral et chargé du projet Waca. « La tempête au large a provoqué une élévation du niveau de la mer, engendrant dans les villages côtiers de l’arrondissement d’Agoué, une forte inondation marine. Ce qui a causé la rupture du cordon sableux dans le village d’Hilacondji », a-t-il expliqué. Mais il est confiant en la digue en cours de réalisation dont le gabarit est plus solide que le haut de plage naturel. « Avec cette hauteur de 2m nous sommes convaincus qu’à la fin de la submersion marine, nous aurons le haut de plage dans son format normal ». En effet, a-t-il prévenu, la situation pourrait persister au regard des prévisions météorologiques. Ce que, croit-il, les travaux d’urgence initiés par la Banque mondiale et le gouvernement avec l’appui du projet Waca ResIP-Bénin, permettront de contenir afin de mettre les populations sinistrées à l’abri des prochaines vagues d’inondations, en attendant le démarrage imminent des grands travaux durables de protection côtière du segment transfrontalier Agbodrafo (Togo)-Grand-Popo (Bénin) qui s’étend sur une emprise de 41km, dont 23km au Bénin.