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Tofa, version Adfat : 2021 sous le signe de Tchè-Wlin

Comme annoncé, une forte délégation de l’Association des dignitaires de Fa et tradi-thérapeutes (Adfat) a rempli, samedi 19 décembre, le Hall des arts de Cotonou pour la 6e édition de la consultation annuelle de Fâ. La prospection a révélé comme Fadù central Tchè-Wlin. Que dit ce signe de l’année 2021 en vue ?
Par Sêmèvo B. AGBON
Tchè-Wlin, signe principal, Sa-Losso sur les noix (Adjikwin) et Ka-Mindji, sur les cauris comme Fadù secondaires. Ce sont là les trois signes qui révèlent le code de l’année 2021 à l’issue de la prospection menée par l’Adfat à l’intention de tout le Bénin. En définitive, la consultation est « négative ».
Décryptant les trois signes, le collège des dignitaires de Fâ a alerté sur des imprévus, des maladies, des accidents. Aussi, a-t-il invité les populations à bien mûrir ses actes pour n’avoir pas à les regretter. « Nous devons essayer d’agir en toute conscience et responsabilité pour ne pas avoir à regretter », a indiqué Dah Glèlè Milonon II, président international de l’Adfat. 2021, au regard du signe Sa-Losso sera pleine de bonheurs. Mais…pour en jouir, il faudra surtout honorer le vodoun Dan. Les jumeaux seront omniprésents pour la sécurité en 2021. C’est pourquoi, les Hoho qui ont vécu doivent recevoir beaucoup d’offrandes. Pour finir, chacun est exhorté à « prendre » et « entretenir » son Fa.
Au titre des Vodun à honorer figurent Lègba, Dan et les Hoho (Jumeaux). Des sacrifices propitiatoires sont exigés en leur intention pour annuler les mauvais sorts et attirer les grâces.
Outre l’étape phare de consultation de Fâ, des représentants de l’Adfat dans d’autres pays ont été dévoilés et installés. De plus, les Bokonon et dignitaires des cultes endogènes « qui ont pris leur travail au sérieux et l’ont exercé en respect des règles déontologiques édictées par l’Adfat » ont été également distingués.
Reconnue par le ministère de l’Intérieur, l’Association des dignitaires de Fa et tradi-thérapeutes (Adfat) poursuit de nobles ambitions au profit des cultures béninoises. Ainsi, elle œuvre pour l’émancipation des dignitaires de Fâ et des cultes endogènes, la réhabilitation des anciens lieux de culte et des forêts sacrés, le recensement de toutes les forêts sacrées sur le plan national en vue de leur sécurisation, la construction d’écoles pour l’enseignement de Fâ et des valeurs endogènes. La consultation de Fâ au niveau arrondissement, commune, département et national est un défi relevé chaque année. Le challenge est d’exporter cette pratique au-delà des frontières nationales.

Dah Glèlè Milonon II, président international de l’Adfat décrypte les trois Signes

« Le signe que nous avons trouvé c’est Tchè-Wlin, sur les noix (Adjikwin) nous avons retrouvé Sa-Losso et sur les cauris Ka-Mindji. La consultation est négative pour le Bénin.
Tchè-Wlin nous annonce des imprévus, des choses inattendues, des maladies, des accidents. Tchè-Wlin dit « Qui fera l’effort de respecter les lois de la nature trouvera les mérites de sa sueur ». Donc si nous nous efforçons de faire quelque chose, de respecter les aînés, les lois de la république nous serons heureux.
Tchè-Wlin nous prévient aussi que nous allons regretter nos actes. La légende indique, à cet effet, que ‘’Adjawhahoué’’ avait refusé d’épouser la Musaraigne au profit de Abosakowo. Mais plus tard, il comprit qu’il aurait dû accepter l’inverse. Le Fâ nous dit par-là que nous sommes en train de regretter le mari, la femme que nous avons aujourd’hui. Nous sommes en train de regretter notre actuel chef. Mais si jamais nous le délaissons au profit d’un autre, nous découvrirons combien il est bon et cela, nous allons le regretter. Donc nous devons essayer d’agir en toute conscience et responsabilité pour ne pas maigrir de remords.
Quant à Sa-Losso le Fâ nous prédit le bonheur. La divinité Dan nous réserve beaucoup de bonheur. Mais nous devons pour en bénéficier effectivement, nous conformer aux totems, retourner à nos valeurs, c’est-à-dire respecter les interdits de nos Vodoun, ne pas blesser nos ainés. Sinon nous aurons les yeux rougis par les tribulations. Sa-Losso nous rassure que la méchanceté et la sorcellerie tenteront en vain de nous nuire. Nous allons surmonter par le savoir-faire.
Enfin, à travers Ka-Mindji, Fâ nous exhorte à offrir beaucoup d’offrandes aux Hoho (jumeaux). Les parents qui ont perdu leurs enfants jumeaux, doivent faire les cérémonies qu’il faut, les avoir représentés chez eux à la maison. Faire des offrandes aux jumeaux constituera une puissance, une bénédiction pour soi-même, parce que dans Ka-Mindji il s’agit du roi Mètolonfin qui avait planté un champ d’igname jaune (Léfé, en Fon) derrière la maison d’un Hootô, père de jumeaux. En ce temps, les jumeaux avaient demandé à manger cette espèce d’igname à leur père. Celui-ci s’en alla la leur acheter au marché. Le lendemain matin, Mètolonfin vint constater que son champ situé juste derrière le domicile du Hootô avait été volé. Lors des investigations, on surprendra les jumeaux en train de manger d’igname jaune chez eux. Il fut alors conclu que c’est leur père qui avait volé Mètolonfin. Le roi le convoqua, on le ligota et le déposa en prison. Fâchés, les jumeaux agirent spirituellement de sorte que le vrai voleur se dénonça de lui-même au roi. Comme quoi, si nous négligeons les jumeaux, nous serons injustement emprisonnés ou accusés, par pure haine ou jalousie. La prévention passe donc simplement par le service des jumeaux, des offrandes à eux.
Mètolonfin nous indique aussi que nous avons beaucoup de protections. Toute pirogue peut se renverser excepté celle dénommée ‘’Ligbaligbahoun’’. Nous sommes actuellement embarqués dans cette dernière. Pour maintenir la dynamique, entretenons nos Fa. Ceux qui n’en ont pas doivent se hâter d’en avoir. »

Propos recueillis par Nadège Sènan WANGNANNON

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