
L’Institut protestant méthodiste de théologie (Ipmt) de Dowa, a abrité une conférence sur la laïcité mercredi 23 novembre. Organisée par l’Eglise protestante unie de France (EPUdF), elle a été placée sous le thème « Tolègba, facteur de développement des territoires ». Enseignant à l’Université protestante de l’Afrique de l’Ouest (Upao), le professeur Raymond Assogba‚ maitre de Conférences (Cames) en sociologie‚ a été sollicité pour le développement dudit thème.
Par Roger KPONOUKON (Coll.)
« Enrichissant !», apprécie le pasteure Chantal VIanou, cheffe de la délégation de l’EPUdF au Bénin, à l’issue de la communication du professeur Assogba. La servante de Dieu avoue avoir compris notamment certaines expressions qu’elle utilisait bien que béninoise sans savoir réellement leur portée. C’est le cas principalement du concept “Lègba” sur lequel le communicateur a mis d’accord son audience, composée de la délégation de l’EPUdF et des étudiants de l’Impt. Parmi ces apprenants, se trouve Lucien. Pour cet élève-pasteur, « la communication a permis la découverte des valeurs endogènes négligées au détriment de l’évangile ». Elles constituent une richesse de notre patrimoine qu’il faut valoriser.
Concept de Lègba, Tolègba et implication
Étymologiquement, explique le Prof. Assogba,le « Legba » est tiré de deux mots. Il s’agit du préfixe « lè » qui veut dire en fon « recommencer » ou « commencer encore ou à nouveau ». Quant au suffixe « gba », il a deux sens. Le premier renvoie à « la destruction » ou à la « déconstruction » lorsque son ton de prononciation est bas.
En ce qui concerne le deuxième sens de « gba » dont l’intonation est élevée, il s’agit simplement de « construire ». De façon précise, « Lègba » veut dire « avant de construire, il faut détruire la fondation et maintenant édifier ce que tu as comme vision ».
D’après le responsable de l’Unité d’enseignement de Boologie à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), « Lègba est la philosophie de l’action ». Il est matérialisé par Tolègba. Celui-ci « est une existentialité souverainiste qui installe sur le territoire la pluralité des droits et devoirs du “favi” ». Le “favi” dit-il‚ est le citoyen du territoire sous le contrôle de Tolégba. Pour jouir de ses droits, il doit acquérir son “fa” qui lui montre le chemin à suivre dans la vie.
Contribution de Tolègba au développement
Dans tous les domaines de la vie et secteurs d’activité, le sociologue du développement a démontré l’importance de Tolègba. Facteur de développement, sa réappropriation est indispensable pour le progrès des territoires. Sur le plan économique, explique le boologue, Tolègba via le vodun « Dan » joue un rôle régulateur dans les marchés. À travers « Hèviosso », il rend justice. Grâce au vodun « Gu », Tolègba établit également l’ordre dans la société.
Ces vodun sont des instruments entre les mains de Tolègba. Il se manifeste à travers 21 vodun, dont quelques-uns cités plus haut. Côté transport, assure le professeur Assogba, Tolègba est aussi efficace. Il permet le voyage entre l’Afrique et l’Occident entre minuit et 3heures du matin. Cela est possible grâce à l’expertise des personnes comprenant le langage de Tolègba au service des voyageurs spirituels.
Pour profiter de tous ces atouts, le favi doit acquérir son fa et obéir à ses directives. Ce faisant, informe le conférencier, les territoires pourront réellement expérimenter le développement que procure le Tolègba.