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Viabilisation des espaces frontaliers : Les efforts du Bénin

L’édition 2022 de la Journée africaine des frontières du mardi 7 juin a porté sur le thème : « Investir dans le développement des espaces frontaliers pour prévenir les menaces à la sécurité nationale ». En marge de cette Journée africaine des frontières‚ le Bénin organise la 9ème édition de son initiative de la “Semaine des frontières nationales”.

 

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La prise en compte de plus en plus accrue de ces espaces vient du constat que «Les groupes terroristes capitalisent les frustrations des populations et s’installent le plus souvent dans les zones frontalières faiblement contrôlées par les pouvoirs publics»‚ observe le ministre de l’Intérieur Allasane Seidou dans son discours à cette occasion.
L’illustration‚ c’est que toutes les attaques terroristes essuyées jusque-là par le Bénin ont été enregistrées à des frontières (avec le Burkina et le Niger).

 

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En 2020‚ l’« Étude sur les risques et les facteurs potentiels de radicalisation et d’extrémisme violent en république du Bénin » menée dans le cadre du « Programme de prévention de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et dans le bassin du lac Tchad –(Pprev-Ue II) » alertait sur la longue absence de l’État dans les espaces frontaliers.
Au bout de leurs investigations, les rédacteurs du Rapport ont découvert qu’au détriment de l’autorité de l’État, les normes religieuses sont sérieusement enracinées dans les habitudes et les comportements des citoyens des espaces frontaliers. « La régulation des rapports sociaux est essentiellement régie par les normes islamiques dans les sites investigués. Ceci génère une désaffection vis-à-vis de l’État qui perd toute sa légitimité dans ses fonctions régaliennes de régulation sociale », lit-on.

 

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Les populations vivant dans les espaces frontaliers sont souvent dépourvues d’infrastructures routières ou sociocommunautaires adéquates. Ce qui amène les populations frustrées à rejeter l’État et ses symboles, à travers le refus d’inscrire les enfants à l’école publique au Bénin et la préférence donnée aux écoles coraniques ou franco-arabes ; le rejet de la monnaie officielle de l’État (Fcfa) et préférence pour le Naira ; le refus de dédouaner les moyens roulants (motos, véhicules) ou opposition au paiement de toutes taxes douanières au Bénin.
Conscient‚ le Bénin a pris la question des espaces frontaliers au sérieux. Il travaille à y construire une citoyenneté grâce à des investissements massifs au profit des populations.
«C’est pourquoi, l’État béninois a élevé les questions de frontières au rang de priorités nationales depuis 2006. Dès lors, la Politique nationale de développement des espaces frontaliers a été élaborée en 2012 ainsi que ses outils de mise en œuvre, notamment le Programme national de gestion intégrée des espaces frontaliers.»
Du bilan dressé par le ministre de l’Intérieur dans son discours‚ il ressort que de 2012 à ce jour‚ ce programme a permis à l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (ABeGIEF) de construire, entre autres, cinquante-huit (58) commissariats frontaliers et bases militaires, d’acquérir dix (10) véhicules pickup et quatre cent cinquante (450) motos au profit des forces de défense et de sécurité, soixante-quatre (64) infrastructures scolaires équipées en mobiliers. «De même, soixante-seize (76) galeries marchandes ont été construites et vingt-huit (28) forages ont été réalisés pour permettre aux populations d’écouler leurs productions et d’avoir de l’eau potable. Dans le cadre de la prise en charge sanitaire gratuite des populations frontalières, huit (8) éditions de consultations médicales foraines ont été organisées, lesquelles consultations ont impacté plus de vingt-cinq milles (25 000) personnes. Pour appuyer les activités génératrices de revenus, trente (30) groupements de femmes ont bénéficié de formations et d’équipements de transformation de produits agricoles».
Ces avancées ont permis‚ conclut-il‚ de développer et de renforcer chez les concitoyens jadis marginalisés et laissés à eux-mêmes le sentiment d’appartenance à la nation béninoise.

La Journée africaine des frontières est une occasion pour le Bénin depuis quelques années d’organiser une série d’activités pour la viabilisation des localités frontières du pays. Cette année encore, la tradition sera répétée à travers ‹‹ la semaine dès espaces frontaliers›› prévue pour le mois du juillet.

Par Sêmèvo B. AGBON

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