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Vih/Sida et souveraineté alimentaire : Les Églises se mobilisent

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Vih/Sida et alimentation. Deux questions sensibles touchant à la vie que les Églises prennent au sérieux. Du mardi 21 au jeudi 23 décembre dernier, elles se sont retrouvées au Centre d’éducation nutritionnelle‚ d’accueil et de formation communautaire (Cenafc) de Dangbo dans le cadre d’un atelier de renforcement de capacité sous le thème : « Action œcuménique pour la préservation de la vie : Les églises se mobilisent pour la réduction de l’infection à Vih/Sida et le renforcement de la souveraineté alimentaire ». L’activité placée sous la supervision de la coordination Régionale/Afrique de l’Ouest de l’Initiatives et Plaidoyer Œcuménique sur le Vih et le Sida (Ehaia)A a été l’occasion d’intense communications, d’échanges, de réflexions et de projection d’images sur la question du Vih/Sida et l’alimentation.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

Le saviez-vous ? En matière de Vih/Sida et alimentation le Bénin ne se porte pas bien.  Malgré que la principale activité génératrice de revenu dans nos pays soit l’agriculture, un « africain sur trois est menacé par l’insécurité alimentaire et un Béninois meurt tous les 12h à cause de la faim ». C’est une réalité glaçante révélée par Ayoko Bahun-Wilson, coordinatrice régionale Afrique de l’Ouest du Coe-Ehaia. Quant au Vih/Sida, les initiatives de préventions au Bénin ont eu un recul depuis l’avènement du Covid-19, « fragilisant ainsi les politiques nationales de riposte et multipliant les cas de nouvelles infections au Vih », a-t-elle constaté.

Or, au plan mondial, cet agent du sida est devenu un fléau « dévastateur et décime des populations sans aucune distinction de sexe, de race, d’âge, de telle sorte que si des actions concrètes ne sont menées, l’humanité aura toujours à payer de lourds tributs ». Les leaders religieux doivent jouer un « rôle central voire fédérateur …dans la promotion de l’épanouissement humain », a-t-elle insisté.

 

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Tel est l’esprit de l’atelier de renforcement de capacité. Pendant trois jours, il a réuni une quarantaine de femmes adultes et jeunes des communautés et associations, chefs religieux, autorités politico administratives et des délégués venus des Église protestante méthodiste du Bénin (Epmb), Église catholique, Église évangélique des assemblées de Dieu (Eead), Église des chérubins et séraphins, Église méthodiste africaine du Bénin (Emab), de l’Église biblique du Saint- Esprit (Ebse) et la Mission évangélique des gagneurs d’âmes (Mega) sans oublier les institutions comme l’Alliance biblique du Bénin (Abb), l’Ong Déborah, et le bureau régional du Coe-Ehaia. L’objectif est de voir ces délégués s’engager à être des acteurs capables de multiplier des initiatives visant à lutter contre le Vih et contre l’insécurité alimentaire dans leurs communautés respectives.

Les travaux se sont déroulés essentiellement en deux panels. Le premier consacré à la thématique de la souveraineté alimentaire, a enregistré deux communications. « Le droit à l’alimentation et la politique alimentaire au Bénin » donnée par l’ingénieur agronome et expert en agroécologie, Théophile Wuemenou ; et « La lutte contre la faim et la pauvreté, le rôle des églises aujourd’hui », développée par le pasteur Matthieu Agossou, spécialiste du développement social. Deux communications ont meublé le dernier panel. Elles ont abordé la question de l’infection au Vih/Sida à travers les « Formes de cultures et d’éducation influençant l’infection à Vih et ses conséquences dans la société », sujet développé par Dr. Clément Ahoussinou, médecin, épidémiologiste, spécialiste des questions liées à l’infection VIH/Sida et à la santé sexuelle reproductrice ; et « En finir avec le Vih/Sida pour un développement social, équitable et durable : que peuvent faire les églises ? » confié au pasteur Daniel Bankolé, juriste et aumônier des Hôpitaux.

Attentes

Docteure en Théologie, enseignante d’Éthique et Présidente du Réseau Déborah, la Révérende pasteure Fifamè Fidèle Houssou Gandonou est la Personne responsable du projet au Bénin. Elle coordonne par ailleurs les campagnes ‘’Food for life’’ (Alimentation pour la vie) et ‘’Pour un monde sans viol ni violence et les implications pour les communautés de foi’’.

Elle constate que des millions de personnes sont encore marqués par les ravages de la faim, de la pauvreté et de la malnutrition ou par les conséquences de l’insécurité alimentaire. «Et pourtant, la conscience publique est forgée par des déclarations et principes qui sont des indicateurs très clairs pour la justice, la souveraineté alimentaire».

Au Bénin‚ indique-t-elle‚ environ 12% des ménages sont touchés surtout dans les zones rurales. «Ce sont les femmes, et par conséquent leurs enfants, qui sont les plus touchées. Plus de 30% des enfants béninois de 6 à 59 mois souffrent d’une malnutrition chronique»‚ apprend-elle. Ce contexte critique de l’insécurité alimentaire et des infections au Vih apostrophe les églises à jouer des rôles dans la campagne et dans la sensibilisation menant à la préservation de la vie et surtout à l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd), défend-elle.

« Le rôle des communautés confessionnelles dans ce contexte est intrinsèquement lié à la justice sociale et aux perspectives missiologiques de l’Église. Les Églises peuvent contextualiser le message de Dieu avec les 17 Odd en se basant sur Matthieu 16,18 où Jésus a parlé à Pierre de l’ecclésia pour décrire l’église comme une assemblée de personnes appelées à assumer la responsabilité de leur propre communauté », soutient-elle. La préservation de la vie, a-t-elle fait observer, est un sujet qui concerne aussi bien le gouvernement que les acteurs sociaux, les églises et les consommateurs. « Une action conjointe de tous ces acteurs favorisera l’efficacité de la lutte », croit-elle.

 

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Au bout des travaux, c’est la satisfaction chez la responsable. Les participants, a-t-elle témoigné, ont compris que les églises désormais doivent mener une lutte accrue en accompagnant les gouvernements dans leur programme de souveraineté alimentaire et d’autres parts amener les fidèles à l’autosuffisance alimentaire. Quant à l’infection du Vih/Sida, elles ont le devoir de continuer à sensibiliser, éduquer les fidèles afin de pouvoir réduire l’influence du Vih. « S’investir dans la formation des fidèles est un moyen pour l’église de participer à l’épanouissement holistique de la communauté. », a conclu Dr. Fifamè Fidèle Houssou Gandonou.

Que peuvent les églises ?

Véritable fléau, le Vih/Sida freine tous les efforts de développement et érode le tissu social. Au Bénin, environ 75000 personnes vivent avec, a indiqué l’épidémiologiste Dr. Clément Ahoussinou. Selon le spécialiste de la santé sexuelle reproductrice, la prévalence du Vih au niveau national est de 1,2 %. La situation est plus critique dans le Mono et le Couffo. Le Littoral et la Donga suivent avec une prévalence oscillant autour de la prévalence nationale. Les statistiques désagrégées par sexe sont de 1.3 % chez la femme contre 0,8 % chez l’homme. D’après les données du spectrum produites en 2019 par exemple, 11% et 31% des nouvelles infections à Vih au Bénin sont enregistrées respectivement chez les adolescents de 10 à 19 ans (garçons et filles) et chez les jeunes de 15 à 24 ans (garçons et filles). Le pourcentage des adolescentes (filles) et des jeunes filles est respectivement de 73% et 63% dans les tranches d’âges de 10 à 19 ans et de 15 à 24 ans. Deux facteurs de risque peuvent expliquer cette situation. Le présentateur a évoqué, d’un côté, des facteurs socio-économiques notamment la pauvreté, les déplacements de populations et certaines professions (routiers, militaires, forces de l’ordre, commerçants ambulants), l’ignorance du mode de transmission des Ist et du Vih, la dépendance socio-économique et le non-respect des droits des femmes sans oublier la non application ou la faible connaissance des textes juridiques et l’analphabétisme.

De l’autre, des facteurs culturels à savoir la culture du tabou sur la sexualité, la sexualité et le mariage précoces, les pratiques traditionnelles (lévirat, sororat) et les occasions de grandes rencontres telles que les marchés forains, les funérailles qui peuvent favoriser des rapports occasionnels, a énuméré celui dont la communication a porté sur le thème « Formes de cultures et d’éducation influençant l’infection à Vih et ses conséquences dans la société ».
De l’avis du pasteur spécialisé en Relation d’aide chrétienne, Daniel Bankolé, les Églises peuvent contribuer à la lutte contre le Vih en offrant deux types d’accompagnement ; matériel (prise en charge médicale et médicamenteuse des porteurs par l’Eglise, et certaines assistances matérielles et techniques de précaution qu’elle leur accorde à travers ses œuvres médicales), et immatériel (information, éducation et communication).

 

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En 2022 l’Allemagne accueillera la 11ième assemblée générale du Conseil œcuménique des églises (COE). Dans cette perspective, les réflexions au cours de l’atelier « rentrent dans cette ligne d’action…afin que les convergences de l’Afrique‚ de l’Europe‚ des États-Unis‚ de la Chine‚ de l’Australie‚ d’un peu partout puissent se mettre ensemble sur le plan mondial pour pouvoir faire avancer l’Église‚ témoigner davantage de l’universalité‚ de l’unicité de l’Église, de sa visibilité‚ et du rôle de sentinelle qu’elle est appelée à jouer dans le monde entier », a précisé Son Éminence Kponjesu Amos Hounsa, président de l’Epmb.

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Kefilath Bello décembre 28, 2021 - 10:39 am

Merci pour ce bel article.

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Bonaventure AGBON février 16, 2022 - 10:17 pm

Je vous en prie. Merci pour l’intérêt

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