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Entretien avec Richard Boni Ouorou : «Le président Soglo doit revenir à de meilleurs sentiments »

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Élie Djènontin est libéré, peut-on crier victoire ? L’ex-président Nicéphore Soglo a-t-il un rôle à jouer dans le dégel de la crise sociopolitique au Bénin ? Le politologue Richard Boni Ouorou y répond. « Autant que nous sommes, dit-il, nous devons militer pour le renforcement de notre démocratie. »

Propos recueillis par Arnauld KASSOUIN (Coll.)

Bénin Intelligent : Élie Djènontin a été libéré. Peut-on déjà crier victoire dans la lutte pour la libération des prisonniers politiques en République du Bénin ?

Richard Boni Ouorou : On ne peut crier victoire de sitôt. Mais on est satisfait de l’allure que prennent les choses. On peut se réjouir quand-même de ce qu’une personne ait retrouvé sa liberté, puisse reprendre ses activités, se soigner, revoir sa famille et se projeter dans l’avenir. Là, on est satisfait. Surtout pour moi, c’est une très bonne nouvelle. Quand je sais qu’il y a juste quelques jours, nous avons déposé près de 1500 signatures de béninois et béninoises avec pour objectif la libération des prisonniers politiques. Élie Djènontin était aussi de la liste de ceux dont on voudrait qu’ils recouvrent leur liberté.

Quelle lecture faites-vous de la vague de libération des prisonniers politique qui s’observe depuis peu au Bénin en tant que politiste ?

La libération des prisonniers politiques nous montre pertinemment qu’il y a un élan de dégel qui se constate. Pour cela, il urge que nous œuvrons davantage pour qu’il y ait une libération massive et définitive du reste des prisonniers politiques. Il est de constat que le président Patrice Talon fait preuve de beaucoup de responsabilité. Cela peut se faire comprendre par les actions de ce dernier qui laissent croire qu’il prend la mesure de la situation. Puisque la crise n’est ni avantageuse pour lui ni pour le Bénin tout entier pour lequel il travaille pour son développement. Par conséquent, nous devons tous, y compris le chef de l’État, mobiliser nos efforts pour la recherche de solutions afin de sortir tout propre de cette crise qui alimente des polémiques.

N’y a-t-il pas nécessité que l’ex-président Nicéphore Soglo emboîte les pas au président Yayi Boni dans le processus de dégel de crise ?

L’ex-président Nicéphore Soglo a bien évidemment son rôle à jouer dans le dégel de la crise. Il lui revient de prendre la mesure de la question et de prendre ses responsabilités devant l’histoire. C’est bien déplorable que jusque-là, il ne fait pas confiance en la démarche du docteur Boni Yayi. C’est dommage qu’il n’ait pas confiance aussi en la volonté du président Talon. Quand on sait que Monsieur Nicéphore Soglo avait battu campagne en 2016 pour l’actuel locataire de La Marina, on se demande qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui les divise ? Au-delà de tout, je pense que le président Soglo doit revenir à de meilleurs sentiments et penser à l’intérêt général du pays. Et ce, avant tout.

Quelle analyse faites-vous de la déclaration de la vice-présidente Chabi Talata à la suite de la conférence des chefs d’État tenue en session extraordinaire à Accra, le 7 Novembre 2021 ?

Madame Talata ne peut se permettre de nier publiquement qu’aujourd’hui le Bénin n’est plus un État de droit. Que plus loin, son élection à elle n’est pas démocratique. Mais elle est dans son rôle. Je pense qu’à sa place, je n’aurais pas dit mieux. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est de s’acquitter des petites polémiques dans les propos de nos dirigeants. Par contre, il est de notre devoir de les convaincre de ce que seule la démocratie leur permettra de conduire à bon port leur programme d’action et à réaliser des performances. Puis, secundo, que seule la démocratie pourra les protéger demain si par erreur l’arbitraire devient la loi sous leur règne. Autant que nous sommes, nous devons militer pour le renforcement de notre démocratie.

Une des prouesses du président Talon, c’est l’effectivité de la restitution des biens culturels détenus par la France. Cet acte fait-il de lui un héros ?

Il a eu le culot de les réclamer, alors que les autres ne l’ont pas fait. Connaissant la relation brutale de la France avec les pays africains, il fallait être cette personne pour le faire. Mais comprenons-nous bien, Talon est un héros-relatif.
L’Agence française de développement (Afd) a financé la construction des musées devant abriter les œuvres culturelles restituées. L’Agence française de développement ne donne pas de l’argent gratuit aux États, c’est le fruit d’une collaboration où chacun gagne. Nos économies sont assez faibles pour soutenir individuellement leur développement. Il faut par conséquent des apports de collaboration. Maintenant doit-on pour cela refuser nos biens spoliés ? Là, se situe la vraie question. Pour moi il est évident que même si ces biens devraient dormir à l’air libre, qu’ils dorment mais qu’ils soient chez nous. A l’époque où les œuvres ont été constituées, il n’y avait pas de modèle de conservation.

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