Spécialisée dans la lutte contre l’endométriose, l’Ong EndoEspoir a lancé officiellement ses activités le lundi 28 mars au Novotel de Cotonou. Elle est portée par Innocentia Alladagbé sous le parrainage de Louis Vlavonou.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Innocentia Alladagbé connaît les affres de l’endométriose, pathologie liée au développement du tissu endométrial en dehors de la muqueuse utérine. Sans complexe, elle reconnaît en être « une authentique victime ». Entre interminables rendez-vous médicaux, maux de ventre atroces au bas ventre, saignement, absentéisme à l’école et stigmatisation sociale, cette maladie est une croix, a-t-elle démontré dans un discours émouvant. Elle qui a eu les soutiens nécessaires, le suivi adéquat et n’en est pas morte, entend désormais soutenir les victimes connues ou ignorantes.
L’Ong EndoEspoir, c’est donc l’initiative d’une victime qui se met au service de toutes les femmes. Avant son lancement officiel, des séances de sensibilisation ont été tenues à Porto-Novo, Abomey-Calavi, Abomey et Parakou. Elles ont permis à la présidente de constater que l’endométriose est méconnue. L’Ong prévoit de lancer « une vaste campagne de dépistage pour aider les femmes à connaître leur statut ». Le dépistage, a déploré Innocentia Alladagbé est onéreux et ne se fait qu’au Cnhu de Cotonou. Elle insiste alors sur la multiplication des centres de dépistage et la création d’un centre de prise en charge des victimes.
Environ 200 milles femmes en souffrent sur la planète, un « nombre sous-estimé » au regard des formes asymptomatiques, a précisé le professeur Justin Lewis Dénakpo en charge de la clinique universitaire de gynécologie du Cnhu. Le professeur titulaire de gynécologie obstétricale a indiqué que l’endométriose est « un terrible problème de santé publique », une « maladie grave avec des douleurs invalidantes chez 70% les patientes ». Elle est également source d’angoisse, de fatigue et d’infertilité.
10% à 20% des femmes en âge de procréer sont sujets à cette maladie, a indiqué la présidente. Certaines « n’auront jamais d’enfants, d’autres connaîtront la mort ». Car, la « meilleure solution » à l’endométriose reste la castration des ovaires, « décision difficile qu’une femme puisse prendre ». Ou, il faudra créer la ménopause de façon artificielle. Révélation confirmée par le professeur Dénakpo.
Mettre en place un programme national de lutte contre l’endométriose à l’instar du paludisme, des hépatites et la poliomyélite et voter une loi de protection des patientes. Tel est l’ultime souhait de l’Ong EndoEspoir. Le vœu du parrain Louis Vlavonou, est aussi de voir la lutte contre cette maladie devenir une cause nationale. Lui-même n’a pris connaissance de cette maladie qu’en 2017 dans le cadre des souffrances de sa « fille adoptive » Innocentia Alladagbé. Celle-ci, a-t-il témoigné, devrait passer 3 à 4 jours d’hospitalisation sur 7 jours. Ce qui, dit-il, justifie sa promptitude à appuyer la création de l’Ong en vue d’assister les autres victimes. « Elle [Innocentia Alladagbé] ne veut pas qu’on s’apitoie sur son sort. Elle veut que vous vous joignez à elle pour sortir celles qui sont encore dans l’ignorance », a lancé Louis Vlavonou au public. Car, avec l’endométriose « il arrive qu’on a envie de se donner la mort pour en finir avec », a-t-il avoué. Il a invité « les hommes à faire attention aux femmes de leur entourage qui sont potentiellement touchées ». La conviction du parlementaire, c’est que « La femme est le trésor de la société. Quand la femme est ébranlée, c’est tout l’édifice sociétal qui tangue et s’écroule ».
Pathologie sournoise
Le praticien de la santé a donné un exposé illustré de la maladie suivi d’interaction. Il a fait toucher du doigt la réalité de cette pathologie au public à travers ses manifestations, conséquences et facteurs de risque. L’endométriose, a-t-il insisté, affecte les organes vitaux de la femme (poumons, cerveau et bien d’autres) et peut faire le lit au cancer du col de l’utérus. Il la qualifie de « pathologie sournoise » source d’errance diagnostic. Héréditaire, elle peut survenir également du fait de rapports sexuels précoces, un cycle menstruel court ou l’avortement. « Avoir des règles, c’est normal, mais avoir mal lors des règles, c’est le signe d’une potentielle endométriose », a-t-il a déclaré à propos des signes annonciateurs. Et d’ajouter les difficultés à la selle, le gonflement du ventre lors des menstrues, les saignements prolongés, l’écoulement du sang par le nombril et la présence du sang dans les selles ou l’urine lors des règles.
« Face à l’endométriose et ses ravages, c’est l’espoir qui fait vivre », a déclaré Innocentia Alladagbé pour justifier la dénomination de l’Ong. À ses yeux, faire connaître l’endométriose et porter attention aux personnes souffrantes, constituent déjà une victoire.
Des représentants d’Ong, élus locaux et communaux, têtes couronnées, députés et la vice-présidente de la république, Mariam Chabi Talata ont pris part à la cérémonie.
