Alain Botoko, président du comité exécutif de l’Ong « Environnement sain sans frontières » basée en République démocratique du Congo regrette la gestion qui se fait de la biodiversité et propose des solutions idoines.
Propos recueillis par Arnauld KASSOUIN (Coll.)
Bénin Intelligent : La biodiversité est le patrimoine naturel que nous laissons en héritage aux générations futures. Alors quelle serait la définition la plus juste de la biodiversité que vous épousez ?
Alain Botoko, expert : La biodiversité recouvre l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, bactéries, virus …). De même que d’autres formes de vie qui ne sont pas connues mais qui interagissent avec l’environnement et l’homme.
En quoi la biodiversité est-elle indispensable au bien-être de la santé des êtres humains ?
La première raison est que l’humain avec tout ce qui est autour de lui, forme une chaîne de vie. Et une chaîne alimentaire. Justement parce que celle-ci permet à ce que l’homme trouve à manger pour avoir de l’énergie. Quant aux espèces comme le poisson, il faut que ces derniers mangent des insectes par exemple pour avoir la vie afin que l’homme puisse s’en servir dans son alimentation. Pour que l’arbre grandisse, il faut que les micros organismes qui sont sous la terre fonctionnent comme il se doit. Pour la deuxième raison, il faudrait comprendre que l’importance de la biodiversité aujourd’hui est au-delà de tout ce que je viens d’évoquer. Parce que c’est grâce à la biodiversité, en particulier à des milieux verts tels que les grandes savanes et les grandes forêts qui absorbent les gaz à effet de serre que l’humain peut encore vivre sur la terre. Sinon, avec le dérèglement climatique qui est dû aux émissions de gaz à effet de serre par les grandes industrielles, nous ne serions plus sans doute en vie.
Quelle appréciation faites-vous de la gestion de la biodiversité en République démocratique du Congo ?
Ça fait plus de vingt ans que j’alerte les autorités politiques de la Rdc. La gestion de la biodiversité est chaotique en Rdc. Par exemple, la forêt de Mayombe située dans l’embouchure du Congo au sud, jusqu’à la rivière Kouilou-Niari au nord reconnue pour son immense biodiversité par le passé n’existe que de nom aujourd’hui. À cause de la déforestation accrue qui menace dans la province. Après l’ère de l’indépendance, on comptait encore jusqu’à 1 million d’éléphants. Aujourd’hui, on compte à peu près quatre mille éléphants dans toute la foresterie de la Rdc. Foresterie qui renferme plus de 46 % de la forêt africaine. Le plus alarmant est que malgré que nos forêts soient dans des états piteux, nous ne savons pas tout ce qu’elles regorgent comme biodiversité.
Quels sont aujourd’hui les affres des changements climatiques sur la biodiversité ?
Le recensement des espèces vivants est autour de 10 millions. Si je ne me trompe pas. Mais de ce qui est connu du grand public et des scientifiques, envoisine un près 1 million. Le reste est à découvrir. Mais avec le dérèglement climatique auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, et la mauvaise gestion de tout ce qui nous entoure, attention. Puisque nous perdons jusqu’à 300 mille espèces par jour. Et les premières retombées de cet état de chose c’est le changement climatique. Cela impacte aussi le rendement agricole qui met en mal la sécurité alimentaire.
Le déclin de la biodiversité n’est-il pas un problème qui nécessite une approche commune et une action coordonnée entre les pays ?
C’est le vœu le plus cher de notre association « Environnement sain sans frontière ». Mais les moyens n’existent pas. Le réel problème de l’Afrique, c’est qu’au lieu d’investir dans la durabilité de la vie, il n’y a que le présent qui nous importe. À cela s’ajoute le manque de moyens efficaces, pour faire face à la crise qui sévit dans le monde aujourd’hui. Qui est bien sur celle du climat. Mais tout ce que nous pouvons faire, c’est d’unir nos forces. Pour préserver la biodiversité afin qu’elle puisse continuer de nous fournir ce qui est essentiel pour notre survie sur la terre. Par exemple, dans le monde, la ressource la plus prisée est l’eau. Et on sait bien que c’est grâce à l’eau qu’il y a la vie. Nous avons donc l’obligation entre nous africains de protéger nos eaux d’une manière générale. Au Congo, je le dis de temps en temps, quand nous investissons, qu’elles sont les priorités que nous voulons ? Actuellement, est-ce que c’est nos pétroles qu’il faut vendre ou chercher des voies et moyens pour durabiliser et sécuriser nos sources d’eau ? Parce que l’eau accompagne nos forêts. Alors que c’est dans cette dernière qu’existe plus de biodiversité. Je demande aux dirigeants, aux hommes d’affaires et tous ceux qui aiment l’Afrique de s’unir pour penser pour les générations futures.
Pourquoi est-il si important de conserver les organismes vivants ?
La biodiversité doit être conservée parce que sans elle, il n’y aura pas de vie pour l’homme. Par exemple, s’il n’existait pas de forêt capable d’absorber les gaz à effet de serre, que deviendrait l’humanité ? Si il n’existait l’écosystème qu’on appelle tourbière, qui a gardé et stocké pendant des siècles du Co2, je ne sais pas si nous existerons encore. Je pense que nous devons changer nos manières de faire et de vivre aujourd’hui au risque d’être plus exposés et surpris par un changement climatique plus dégradant qui ne fera pas bon vivre. Aussi, dans la protection de l’environnement vivable, il faut savoir que sans eau, il n’y a pas de forêts. Sans arbres et sans forêts pas de mammifères qui soient en quelques sortes des germoirs. La biodiversité est d’une importance capitale pour la vie de l’homme. La biodiversité est très utile pour l’adaptation et aussi pour la survie de la planète terre.
Quels sont les moyens d’évaluation ou d’appréciation de l’état d’une biodiversité ?
La biodiversité s’évaluait par les yeux. Des techniques scientifiques existent pour soupeser l’état de notre biodiversité quand-même. Avec la science et la technologie de nos jours, des satellites ont été conçus et adaptés pour détecter la marge de notre quantité d’eau, le temps de dominance, d’érosion et autres. Des drones aussi y jouent un rôle d’envergure.
Les structures spécialisées qui ne sont pas sur le terrain ont-elles un rôle important à jouer dans la préservation de la biodiversité ?
Oui ! Elles sont mêmes à encourager. Car elles permettraient de sauvegarder et de conserver notre biodiversité. Quand nous prenons le cas de Bonobo, qui est un animal très proche des humains, je puis vous dire que des techniques de conservation sont en marche même hors des forêts.
Pour la protection de l’environnement, que proposeriez-vous en tant qu’expert des questions liées au changement climatique aux organisations de la société civile et aux organisations non gouvernementales ?
Je pense qu’il nous faut plus de sensibilisation. Qu’il faut plus de plaidoyer. Et une multitude d’Ong. Les Ong sont peu en République démocratique du Congo. Personnellement, je souhaiterais par exemple qu’il y ait des Ong pour défendre le droit d’exister de chaque espèce. J’aurais aimé voir plusieurs associations qui œuvrent dans ce sens-là, afin que des appels à nos gouvernants soient faits.