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Châtiments corporels

Punition corporelle des enfants : Neuf citoyens sur 10 favorables au Bénin

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L’opinion publique en Afrique reste largement favorable au recours aux châtiments corporels pour discipliner les enfants, selon une enquête d’Afrobarometer en 2021/2022. Mais le rejet de cette pratique est en hausse dans certains pays contrairement au Bénin, si l’on rapproche les chiffres de 2016 à 2022.

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

L’étude dévoilée vendredi à Accra montre que « le soutien aux châtiments corporels est l’opinion majoritaire dans 28 des 36 pays africains sondés en 2021/2022 ». Les données d’Afrobarometer, le réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage proviennent des entretiens face-à-face réalisés dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale de 1.200 à 2.400 personnes.

Dans le détail, la perception favorable est plus prononcée dans cinq pays. Il s’agit du Bénin, Cameroun, Burkina Faso et du Niger où neuf citoyens sur 10 approuvent les châtiments corporels comme moyen d’éducation.

Les diagrammes du réseau panafricain montrent toutefois, une progression de 5% de l’opposition à cette pratique dans 32 pays de 2016 à 2022. En 2016/2018 la somme des africains qui estimaient que l’utilisation de la force physique par les parents pour discipliner leurs enfants est « toujours justifié » et « parfois justifié » s’élevait à 67%.

Entre 2021/2022 cette opinion est descendue à 63%. Ainsi, la proportion de citoyens abhorrant la discipline physique est passée de 32% (2016/2018) à 37% en 2021/2022. « Le rejet du recours à la force physique pour discipliner les enfants est le plus fort au Malawi (74%), en Tanzanie (72%) et au Maroc (72%) », illustre Afrobarometer.

Conditions et statut

Le recours ou non à la punition corporelle dépend à la base, du statut économique et intellectuel des parents (ou répondants). En effet, les données obtenues du terrain par les enquêteurs, révèlent que parmi les citoyens instruits (éducation formelle), 40 à 41% jugent inopportune l’utilisation de la chicotte contre seulement 29% chez les parents n’ayant pas été scolarisés.

Châtiments corporels

Le rejet de cette méthode est aussi différemment exprimé suivant le statut économique des parents : il est de 34% chez ceux qui vivent une « pauvreté élevée » et 49% chez ceux « sans pauvreté vécue », soit un écart de 15%.

Toujours par groupe démographique, il s’avère qu’en milieu urbain la discipline corporelle a plus de contempteurs qu’en milieu rural. 40% de résidents urbains trouvent qu’il n’est « jamais justifié » pour les parents de discipliner physiquement les enfants contre 36% dans les villages.

Le cas du Bénin

Si le rejet du châtiment corporel progresse au Malawi, Mali, Sénégal, Gambie, Ghana, Nigéria, Eswatini, Libéria, Kenya ou encore en Tanzanie, ce n’est pas le cas au Bénin où neuf citoyens sur 10 trouvent les châtiments corporels efficaces pour éduquer les enfants. En la matière, les données d’Afrobarometer confirment une dure réalité au Bénin.

« A la maison, on frappe l’enfant, on le rosse, puis on le soigne. Certains foyers sont de véritables camps militaires où règne la terreur ; où la moindre erreur de comportement se paie très cher. On y voit le palmatoire ou le martinet sur le mur. En règle générale, on dit que celui qui n’a jamais pris de coups n’est pas suffisamment aguerrit pour affronter l’existence et les nombreuses difficultés qu’elle comporte », décrivait l’Ong « Autre Vie » dans un rapport datant de 2012. Chose encore d’actualité.

En milieu scolaire, la pratique est interdite par des circulaires, notes de service, lois et conventions internationales. « Les premiers textes béninois sur l’interdiction du châtiment corporel au Bénin datent de 1962 et 1981. Il s’agit respectivement des circulaires n°100/Menc et n°1264/Mencj. Ils ont été adoptés bien avant l’entrée en vigueur et la ratification par le Bénin de la Convention relative aux droits des enfants », rappelle sur son blog Mariette Ahyi, activiste des droits de l’enfant.

Mais les enseignants se sentent désarmés sans le bâton. Le surveillant général d’un collège pense ainsi que cette interdiction « conforte les apprenants dans leurs vices. Ils savent qu’on ne peut plus les taper dans les écoles et établissements ». Ce qui est dangereux, craint-il, « pour l’avenir de nos enfants. Cela fait que les apprenants nous affrontent au vu et au su de tout le monde », confie-t-il, dépité, au média spécialisé Edu’Action.

Plusieurs voix estiment d’ailleurs que l’interdiction de la punition corporelle à l’école relève d’un snobisme vis-à-vis de l’occident.

 

LIRE AUSSI: Formation Afrobarometer à Abidjan : Analyser les données, donner écho à la voix du public

 

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