Des journalistes africains francophones se sont réunis à Abidjan du 12 au 13 juin à l’invitation du réseau Afrobarometer, pour une formation sur l’analyse des données. Occasion pour eux de découvrir davantage le réseau, ses thématiques de prédilection et l’impact de ses enquêtes sur l’amélioration de la gouvernance en Afrique. Entretien avec Hassana Diallo, coordinateur des communications pour l’Afrique francophone chez Afrobarometer.
Propos recueillis par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Bénin Intelligent : Qu’attend Afrobarometer des participants ?
Hassana Diallo : Avant tout, Afrobarometer est un réseau panafricain, indépendant, à but non lucratif de recherche par sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie.
L’objectif d’Afrobarometer : faire de la voix des citoyens un pilier clé des décisions politiques et de développement en Afrique.
La nouvelle stratégie d’Afrobarometer accorde une attention particulière à la collaboration avec les médias et à davantage d’implication des organisations de la société civile dans l’utilisation des données. C’est dans cet objectif que l’unité de renforcement des capacités d’Afrobarometer organise deux ateliers de formation à Abidjan, du 13 au 16 juin, conçus pour fournir aux journalistes les outils pour analyser et interpréter efficacement les données, et à la société civile des méthodes efficaces dans l’élaboration de plaidoyers. Il s’agit du deuxième d’une série d’ateliers régionaux et nous prévoyons d’en faire d’autres pour outiller les médias et les organisations de la société civile (Osc) sur l’usage efficace des données Afrobarometer.
À la fin de cette formation, nous attendons que les participants puissent analyser de façon efficace les données Afrobarometer et ressortir les informations essentielles pour une meilleure compréhension du public. Journalistes et Osc doivent à la fin de cet atelier comprendre ce qu’est Afrobarometer et comment nous menons notre travail sur le terrain avec nos partenaires nationaux.
Les échanges avec les participants vous convainquent-ils de la pertinence de cette formation d’Abidjan ?
Bien entendu. Les participants, pour la plupart, ne savaient pas qu’il existe une telle ressource sur le continent. Même si certains avaient déjà entendu parler d’Afrobarometer, ils ne savaient pas que nous avons des partenaires nationaux dans leurs pays avec lesquels nous faisons notre travail d’enquête sur le terrain.
« La nouvelle stratégie d’Afrobarometer accorde une attention particulière à la collaboration avec les médias et à davantage d’implication des organisations de la société civile dans l’utilisation des données.»
Les journalistes comme les organisations de la société civile ont émis le souhait d’avoir plus d’accès aux données Afrobarometer dans leur travail au quotidien. Les journalistes ont aussi exprimé le souhait d’avoir souvent des experts Afrobarometer sur leurs plateaux afin d’éclairer le public sur certains sujets d’actualité sur la base des données Afrobarometer.
Donc oui, les échanges riches que nous avons eus lors de cet atelier avec les différents participants nous montrent combien il était important d’avoir des séances d’information sous ce format et de renforcement des capacités.
Combien d’enquêtes Afrobarometer a-t-il réalisé à ce jour et combien de pays sont couverts ?
Depuis le Round 1 (1999-2001) dans 12 pays, nous sommes passés à 39 pays dans le Round 9 (qui s’achèvera en juillet 2023). Les enquêtes du Round 9 (2021/2023) sont presque terminées, il ne reste seulement que quelques pays qui ont commencé au début de cette année, notamment les nouveaux pays qui ont rejoint Afrobarometer dans ce Round ; Congo Brazzaville, Mauritanie, les Seychelles. Afrobarometer c’est 257 enquêtes depuis 1999 avec plus de 380 000 répondants sur l’ensemble des pays couverts.
Quel impact vos données ont-elles sur la gouvernance en Afrique ?
Nos données aident à l’amélioration de la gouvernance en Afrique en permettant aux décideurs politiques de disposer des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie. L’exploitation de nos données dans les prises de décision est une garantie que la voix des citoyens compte dans les décisions qui sont prises pour eux et en leur nom.
Y a-t-il des sujets sur lesquels il vous est difficile d’investiguer ?
Nous n’avons pas encore rencontré de difficultés sur des sujets. Nos thématiques tournent autour de la gouvernance et de la démocratie. La gouvernance dans tous ses aspects, est appréciée. Nous parlons ainsi de la gouvernance politique, environnementale, sociale, économique, etc.
Les gouvernements sont-ils attentifs, ouverts vis-à-vis de votre travail ?
Les expériences varient selon les pays. Ce qui nous laisse comprendre que nous devons amplifier davantage notre stratégie de communication à l’endroit des décideurs.
Quelles sont les principales difficultés que rencontrent vos équipes dans les pays lors des enquêtes ?
Les difficultés sont parfois liées dans certains pays au retard d’obtention de l’autorisation du gouvernement pour commencer la collecte. Nous exhortons souvent nos partenaires nationaux à s’y prendre tôt pour commencer les procédures administratives dans leur pays.
Quelles sont les garanties à la fiabilité de vos données ?
Afrobarometer utilise la procédure aléatoire stratifiée à plusieurs degrés pour tirer son échantillon. Notre méthodologie est considérée comme l'”étalon-or” de la recherche scientifique par sondage, et d’autres organisations s’en inspirent.
«L’exploitation de nos données dans les prises de décision est une garantie que la voix des citoyens compte dans les décisions qui sont prises pour eux et en leur nom.»
Cette approche nous permet d’inférer nos résultats à la population totale des citoyens. Nous travaillons étroitement avec le bureau des statistiques dans nos pays respectifs.
En quoi les médias peuvent-ils vous accompagner durablement ?
Les médias ont besoin d’informations ou de données fiables quand ils traitent des sujets liés à la gouvernance, la démocratie, la qualité de vie. Afrobarometer étant une source de données fiables publiques, les médias gagneraient à s’approprier davantage les résultats d’Afrobarometer et à en faire bon usage dans l’exercice de leur métier.
A l’issue de la présente formation, quelles sont les perspectives, la suite ?
La suite est simple : plus d’appropriation et plus d’usage des données Afrobarometer dans l’exercice de la profession des professionnels du quatrième pouvoir.
Merci.
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