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Vodun est la vraie solution : Un mouvement laïc pour réhabiliter l’héritage des ancêtres

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Alors que le Bénin mise sur son patrimoine culturel pour son développement, une initiative audacieuse voit le jour. Le samedi 1er novembre, à Abomey-Calavi, sera lancé le mouvement « Vodun est la vraie solution ». Son promoteur, le pontife Dodji Amouzouvi, dit Baba Avimadjenon, en dévoile les ambitions : il ne s’agit pas de convertir, mais de réhabiliter avec fierté l’héritage philosophique, culturel et éthique des ancêtres. Face à un monde en crise, ce mouvement laïc et citoyen se propose de puiser dans la sagesse vodun des clés pour le développement et l’épanouissement de l’Afrique et des Béninois, invitant chacun, quelles que soient ses croyances, à renouer avec ses racines pour mieux construire l’avenir. Un sursaut identitaire qui promet de bousculer les préjugés.

Bénin Intelligent : Le 1er novembre prochain s’annonce houleux. Pourquoi ?

Baba Avimadjenon: Il y aura un éveil supplémentaire de conscience. Il y aura une initiative forte. Le 1er novembre 2025 à 8h, dans l’enceinte de la mairie d’Abomey-Calavi, il y aura un acte majeur. Nous allons marquer d’une pierre blanche notre présence au monde, la présence de tout africain, la présence de tout terrien, la présence de toute personne souhaitant se redécouvrir, souhaitant renforcer sa connaissance et sa connexion avec ses ancêtres. C’est de cela qu’il s’agira le 1er novembre à partir de 8h, parce que nous allons lancer le Mouvement Vodun est la vraie solution (M-Vvs). Et à cela peut-être on ajoutera « et les ancêtres le seul et vrai chemin, la seule et vraie assurance.»

Certains disent que c’est l’invisible qui gouverne le visible. D’autres disent que dans le monde invisible, nous avons un répertoire, réservoir de sagesse, de connaissance, de savoir, de force, de principe et de puissance tel que le physique ne peut pas lui délier les lacets de ses chaussures.

Si c’est cela et que nos ancêtres qui nous ont devancé sont dans l’invisible pour ceux qui ne les voient pas, il est absolument question aujourd’hui de poser nos valises. Il est absolument actuel et indispensable aujourd’hui de conjuguer nos efforts pour pouvoir nous retrouver une fois de plus dans un creuset, dans une sorte d’initiative, dans un mouvement pour aller assumer complètement l’héritage de nos ancêtres.

Vous voyez, je ne vous parle pas d’initiation Vodun, je ne vous parle pas d’embrasser la spiritualité, non. Il s’agira pour nous, hommes et femmes, qui savons que nous descendons de quelque part, de regarder avec fierté, de regarder sans complaisance, de regarder avec amour, mais de regarder aussi avec engagement la valeur, les principes, la sagesse, la philosophie, le savoir de nos ancêtres, de les investir, d’en prendre la substantifique moelle, de prendre le miel qu’il y a dans cet amas de connaissances et de contribuer au développement du monde, de contribuer au développement de l’Afrique, de contribuer au développement du pays à partir de ce que nous allons tirer de bon.

Voilà ce qui va se passer. Et pour cela, naturellement, tout le monde est invité. Je vous dis le samedi 1er novembre jusqu’à l’éternité parce que nous les hommes nous passerons et les autres viendront. Tout le monde est attendu. Il suffit que vous soyez béninois, que vous soyez terriens. Il suffit que vous ayez des ancêtres qui ont mis en place un mode de vie. Et ce mode de vie, si vous voulez le découvrir ou le redécouvrir, ses valeurs et ses principes, si vous voulez en tirer la meilleure partie, vous avez votre place. Vous avez votre présence. Tout le monde peut venir.

Il ne s’agira pas pour ce “Mouvement Vodun est la vraie solution, les ancêtres, le vrai chemin et la vraie assurance”, il ne s’agira pas d’initier quelqu’un au Vodun. Il ne s’agira pas de vanter le Vodun au point de dire venez au Vodun et vous serez sauvés. Non. Il ne s’agira pas non plus d’affronter d’autres systèmes religieux ou d’autres spiritualités. Non. Il s’agit d’abord et avant tout de reconnaître nos ancêtres dans leur héritage et puis de regarder de près cet héritage-là. Après, si quelqu’un veut s’adonner, si quelqu’un veut suivre rigoureusement la spiritualité des ancêtres, ça relève d’une autre dimension.

Mais si nous prenons le Vodun aujourd’hui en tant qu’entité, en tant que spiritualité qui, à la suite, a généré un art de vivre, a généré une culture, a généré des arts simplement, a généré une architecture, un art culinaire, un art vestimentaire, a généré des danses, a généré du beau, de l’esthétique. Si nous le prenons à l’intérieur, cette philosophie, cette valeur, cette importance, cette manière de comprendre le monde, la rencontre avec l’autre a tout fait de jeter des discrédits sur tout ça.

Je ne dis pas que tout est rose, mais je dis que je dois assumer ce que mes ancêtres ont fait. Et à partir du moment où je l’assume avec ma conscience, avec mon intelligence, avec mon discernement, je vais séparer le bon gré de l’ivraie et je prendrai.

Moi, je suis un digne descendant de mes ancêtres. Ainsi, tous ceux qui viendront sauront donc, ceux qui viendront assumeront le fait qu’un arbre sans racine meurt et meurt absolument. Tous ceux qui viendront là, ils sauront, ils savent et ils le vivent déjà que l’oiseau ne grandit que dans son plumage.

Donc, il s’agira de revisiter, de revenir, de recourir à cela pour en tirer les éléments essentiels. Même pour vivre une foi étrangère, la foi de nos ancêtres, c’est bien possible. Mais il faut être enraciné, il faut être profondément sur terre avant de pouvoir aller vers d’autres cieux, vers d’autres foi, vers d’autres spiritualités. Donc, c’est ouvert pour tout le monde.

Le ”Vodun est la vraie solution”, un mouvement de plus ?

Non, ce ne serait pas un mouvement de plus. Ce serait une initiative nouvelle en cela que des questions d’explication, des initiatives de sensibilisation, des initiatives de recherche, de recherche scientifique, des initiatives de publication, des initiatives de vivre dans le vécu quotidien de chacun de nous, les valeurs d’hier qui sont des valeurs progressistes, qui sont des valeurs actuelles, qui sont des valeurs à dépoussiérer et à mettre au goût du jour.

Il s’agira de les mettre au goût du jour, qui sont des valeurs de solidarité, des valeurs d’amour, des valeurs de tolérance, des valeurs de générosité, des valeurs d’ouverture, des valeurs de dialogue. Je passerai ma vie à raconter ces valeurs-là. Il faut les revisiter, il faut les prendre.

Et lorsque vous regardez bien, c’est de cela que nous avons besoin aujourd’hui pour développer ce Bénin là, ce Bénin prospère. Donc, il s’agira à travers ce mouvement de réinvestir notre propre vie, de réinvestir notre passé, de réinvestir la connectivité avec nos ancêtres et de leur dire, chapeau les gars, chapeau les gos, vous voyez, je parle comme un homme d’aujourd’hui. Vous avez fait du bon boulot. Et nous, nous sommes fiers de vous. Nous sommes fiers de notre passé. Et il nous revient aujourd’hui, dans cette fierté-là, de prendre l’engagement de mener plus loin avec les armes d’aujourd’hui ce que hier vous avez vu et vous avez fait.

Qu’est-ce que le Vodun a-t-il d’essentiel aujourd’hui à proposer dans un monde en mutation et en crise ?

Regardez par exemple ce qui se passe à travers le monde. Regardez là où nous conduit le progrès, là où nous conduit l’industrialisation à outrance. Ça nous conduit à une déshumanisation. Mais les valeurs de nos ancêtres, l’héritage de nos ancêtres, notre propre héritage, les principes, les valeurs, la morale, l’éthique du Vodou, si je ne veux prendre que ça, spiritualité, nous ramène à ce que nous avons d’essentiel.

Et ce que nous avons d’essentiel, c’est l’humanité qui est en nous. Et cela, nous, nous voulons le mettre au service du développement. Oui, nous voulons le mettre au service de l’évolution de notre pays. Nous voulons aussi découvrir. Parce que pendant longtemps, on a couvert ces réalités d’un mur de béton armé pour voiler ce que c’est effectivement.

Maintenant, nous avons besoin, nous avons le pressant besoin, non pas dans une forme de narcissisme, non pas dans une forme de revendication, non pas dans une forme d’affrontement. Nous avons simplement besoin de dire ”I am”. Voilà, je suis. Je suis ici. Voici ce que je suis. Voici d’où je viens. Et d’où je viens, voici ce qu’il y a. Et parce qu’il y a ça aujourd’hui, voici ce que je peux en faire pour servir le développement.

Le ”Mouvement Vodun est la vraie solution” s’inscrit donc dans une sorte de trilogie. Déconstruction de tout ce qui est faux, caché, préjugé, négativité qu’on a jeté sur l’héritage de nos ancêtres, sur leur spiritualité, sur leur culture, sur leur manière de faire. Déconstruction, reconstruction dans la vérité et dans la tolérance.

Si quelqu’un sent cette philosophie, si quelqu’un sent cette envie de faire, si quelqu’un sent cette modalité-là, ces objectifs-là, et se voit à l’intérieur, se voit en phase avec cela, il est plus que la bienvenue autour de cette initiative qui n’est qu’à côté de nous, à Calavi, c’est sûr, mais qui a pour vocation, très rapidement, de toucher les coins et les recoins de ce monde. Parce que nos ancêtres, ne sont pas restés qu’au Bénin, ils ne sont pas restés qu’en Afrique, ils sont mondialement partis; il y a des diffusions successives, diffusions qui se sont faites souvent dans la douleur, qui a fait qu’aujourd’hui ils se retrouvent partout sur les cinq continents.

Donc, j’appelle simplement les terriens à s’associer à ce mouvement-là, à apporter leurs contributions, quelles qu’elles soient, afin que le mouvement prenne de l’ampleur, le mouvement existe, le mouvement revivifie, parce que cette sagesse de nos ancêtres, cette culture de nos ancêtres, cette spiritualité de nos ancêtres, elle est vivante.

Non seulement elle est vivante, mais elle est vivifiante, elle vivifie tout ce que nous faisons. Mais, si nous nous laissons aller, si nous refusons nos racines, si nous refusons nos plumages, nous serons comme des ovnis, nous serons comme des chauves-souris, ni oiseaux, ni mammifères. Et dans ces conditions-là, ça va être dommage pour nous.

N’y aura-t-il pas une dimension initiatique ?

À cette question de savoir s’il y aura peut-être une dimension initiatique, spirituelle, je vous dirais oui, absolument, n’allons pas nous voiler la face. Je me suis présenté comme un Vodunnon. Si, en revisitant, si, en travaillant pour la promotion, si, en assumant avec fierté notre culture, notre passé, notre existence. Si nous faisons, il y a comme une sortie de route, il y a comme une ouverture, il y a comme une envie pour quelqu’un d’aller plus loin, de faire le pas et de s’initier à cette réalité spirituelle, c’est à bras ouverts que nous allons l’accueillir. Mais dans une autre dimension, dans un autre univers, dans un autre creuset.

Le ”Mouvement Vodun est la vraie solution” va dans des partenariats avec l’université, avec des centres de recherche, offrirait des conférences, offrirait des colloques, offrirait des événements scientifiques, offrirait des événements grand public, offrirait des débats, des interventions radios diffusées pour expliquer, remettre au goût du jour tout ce que nous avons obtenu de nos ancêtres.

Ce mouvement-là, il est citoyen, il est laïc, il est engagé. Il intéresse tous les Béninois. Vous savez pourquoi je dis que ça intéresse tous les Béninois ? Le Mouvement Vodun est la vraie solution intéresse tous les Béninois, interpelle tous les Béninois, quels qu’ils soient, où qu’ils se trouvent.

Simplement parce qu’aujourd’hui, la République du Bénin, pour des raisons que je ne veux pas étaler maintenant, dès que vous sortez du Bénin et que vous évoquez le Vodun, tout de suite on jette du discrédit sur le Bénin : Ah voilà le pays des sorciers, ah voilà le pays de la sorcellerie, ah voilà le pays des malfaiteurs.

On met tout le monde dans le même sac, oubliant que le Bénin, en tant que République laïque, a des chrétiens, des musulmans, des vodunnon, des vodunsi, a toutes sortes de religions parce que nous avons cette liberté-là. Mais dès qu’on dit que le Bénin est un pays de sorciers, vous voyez qu’à cause de ça, on jette déjà du tort au béninois qui ne sait rien du Vodun.

Mais on dit de lui qu’il est un sorcier parce qu’on pense que le Vodun est un sorcier. Donc en allant dire exactement, en allant vivre exactement ce que c’est que le Vodun, nous rendrons service, nous rendons justice au Bénin pour qu’il ne nous regarde plus comme un pays de malfaiteurs ou de malfaisants.

Par ce temps où le gouvernement du Bénin a choisi de faire du tourisme religieux autour du Vodun, l’un des piliers majeurs de notre développement économique, je crois que le mouvement-là ne peut pas mieux advenir. Je crois que le mouvement-là ne peut pas mieux tomber. C’est ici, c’est maintenant. Si on ne l’avait pas imaginé, il aurait fallu le faire. Et je remercie tous ceux qui se joignent à nous pour qu’ensemble, nous soyons plus forts. Merci beaucoup.

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