Père Rodrigue Gbédjinou, 43 ans‚ prêtre Catholique de l’archidiocèse de Cotonou boucle « 20 ans d’écriture ». Il a organisé à cet effet un gala littéraire le samedi 2 juillet 2022 à Gbegamey lors duquel ont été aussi célébrés les dix ans d’existence de deux structures dont il est fondateur : « La Fondation Afrique Espérance et les Éditions Isidore de Souza.
En vingt ans, le Père Rodrigue Gbédjinou a écrit et publié 43 ouvrages. De nombreuses réflexions dans la presse nationale et étrangère. Sa carrière littéraire a débuté par « Notes pour réussir ses études », paru en 2002 à l’intention des apprenants.
« Vous le savez, chaque livre a une histoire, chacun des livres est une histoire, certains ont même créé des histoires non pas toujours des moindres. Quelques-uns ont-ils pu créer l’histoire ? Je ne sache ! Mais ils sont rentrés dans une histoire », a-t-il déclaré‚ le ton ferme sous les acclamations.
Dans une œuvre aussi riche, les thématiques récurrentes et transversales tournent autour de la Justice, la liberté, la conscience nationale, la connaissance de l’Église, l’avenir de l’Église en Afrique, sa mission, la jeunesse et surtout la paix, et la sauvegarde de la démocratie béninoise.
Ce qui revient à constater que « le parcours du Père Rodrigue Gbédjinou est à la fois théologique, ecclésial, patriotique voire panafricain », récapitule la Sœur Béatrice Agbo dans sa communication intitulée « Un père dans la cité ». À la lumière de ses ouvrages, le Père Rodrigue Gbédjinou, « écrit pour ses frères en humanité ». La religieuse a aussi relevé « la connexion logique dans la pensée de l’auteur ».
LIRE AUSSI : « L’Aube nouvelle » : Sortir du confort de l’exécution machinale (La grande contribution du Père Gbédjinou)
Suivant différents angles, des communicateurs dont les professeurs Raphaël Yebou (grammairien), Christian Kiti (spécialiste de Métaphysique et Philosophie africaine)‚ le Père Megnigbeto (historien) et le journaliste Tanguy Agoï ont décrypté quelques publications de l’heureux du jour. En choisissant d’aborder les « défis de l’Église en Afrique », le grammairien Yebou a étudié des essais comme “L’Afrique peut-elle évangéliser l’Europe ?”‚ “Et j’avance comme un âne (Réflexions d’un prêtre sur Église‚ politique et société (2007-2017)” et “L’Afrique a-t-elle un avenir avec l’Église ? (Leurres et lueurs)”. Alors que « Nous continuons de prendre l’Église pour la chose des blancs », Rodrigue Gbédjinou‚ dit-il‚ nous sensibilise à aimer l’Église et à la considérer plutôt comme un patrimoine. Par ailleurs, l’Église doit définir son identité en Afrique.
De son côté, Christian Kiti a porté un regard sur l’œuvre politique du Père Gbédjinou. Il en dégage des axes tels que «Allergie à l’injustice et à l’oppression » et un « appel à la conscience nationale et à l’engagement pour la justice et la liberté ». Il s’est appuyé entre autres sur “Sauvons l’esprit de la conférence nationale (Le défi pour aujourd’hui et demain)”‚ essai sociopolitique d’inspiration religieuse publié en 2018 et “Enfant du Bénin, debout ! Hymne national commenté”. Paru en 2021 aux Éditions Ids dans la collection ‘’Œuvres de l’Esprit’’, ce dernier est une herméneutique de l’Aube nouvelle, qui amène à la comprendre au-delà de son exécution machinale.
Le professeur Christian Kiti se réjouit d’une constance dans les publications du prêtre-écrivain ; constance liée à son « attachement à la figure de feu Mgr Isidore de Souza et à la Conférence nationale ». Gbédjinou aime de Souza, et ses œuvres le positionnent tel un gardien des idées et valeurs républicaines promues par le prélat de regretté mémoire. « Il est difficile de voir Gbédjinou écrire sans évoquer Isidore de Souza (…) Gbédjinou a été séduit par de Souza dont il continue l’œuvre sur le plan sociopolitique », a-t-il déduit.
Le Père Mègnigbeto, historien, et le journaliste Tanguy Agoï ont traité respectivement des « œuvres de mémoire » du Père Rodrigue Gbédjinou et de la thématique de la Jeunesse dans sa littérature. Qu’il s’agisse de prodiguer des conseils pour réussir des études ou une vie sentimentale saine et épanouie, le Père Gbédjinou est un éclaireur des jeunes, avenir de la nation et du monde, a salué Tanguy Agoï.
Les analystes s’accordent que les messages dans les œuvres du Père Gbédjinou sont sans exclusion ; il y en a pour tous les publics : jeunes, acteurs politiques, chrétiens, laïcs, même le prêtre aussi.
Double événement
Les 20 ans d’écriture du Père Rodrigue Gbédjinou coïncide « agréablement » avec les 10 ans d’existence de la « Fondation Afrique Espérance » et « Les Éditions Ids (Isidore de Souza) », deux structures dont il est promoteur et qui constituent des outils au service de son patriotisme et panafricanisme.
« La Fondation Afrique Espérance, c’est la promotion de l’Afrique et la revalorisation de l’être africain ; c’est l’engagement à la pensée ; c’est la rencontre entre Culture et Foi ; c’est la formation aux valeurs ; c’est l’accompagnement sur le chemin de la vie… », a défini Axelle Adiho, coordonnatrice de la Fondation.
Quant aux Éditions Isidore de Souza, elles s’inscrivent dans l’axe « Engagement à la pensée » de la Fondation. En une décennie, 95 ouvrages ont été publiés par cette maison pour 41 auteurs « et pas que des prêtres et évêques ni que des ouvrages religieux », a insisté Axelle Adiho.
« Sur la route des 10 ans, les défis étaient nombreux et énormes : formation, promotion de la lecture, célébration de la mémoire, connaissance de la foi. Sur la route des 10 ans avons été guidés par des mots clés : espérance, émerveillement de l’autre, amour de la patrie, réconciliation, livre, valeurs, etc. », a-t-elle poursuivi. La Fondation Afrique Espérance a développé une série d’actions en fonction de ses ambitions : campagnes de lecture, animation de clubs de lecture, des foires du livres religieux, des festivals et concours sans oublier la réalisation de films documentaires qui célèbrent la mémoire.
Dès cet anniversaire, les Éditions Isidore de Souza « prennent leur indépendance et abordent un autre tournant », a annoncé la coordonnatrice.