Le député Eric Houndété, président du parti ‘’Les Démocrates’’ (Ld) a été reçu en audience lundi 24 avril au palais de la Marina à Cotonou. Avec le chef de l’Etat Patrice Talon, les deux personnalités ont échangé sur plusieurs sujets notamment la prochaine nomination de l’opposant en tant que chef de file de l’opposition, la crise dans les filières soja et coton, la proposition de loi d’amnistie pour la libération des « prisonniers politiques ». Dans l’opposition, on estime que les vrais sujets d’actualité ont été snobés par le chef de l’État Patrice Talon et le prochain chef de file de l’opposition, Éric Houndété au cours de cette rencontre. Le Mpl et Restaurer l’espoir opinent…
Par Béni AGBAYAHOUN
L’élément central, objet de cette rencontre entre le président Patrice Talon et Eric Houndété, chef du seul parti de l’opposition à s’être trouvé une place dans la 9e législature, s’inscrit dans la perspective de la nomination de ce dernier par décret pris en conseil des ministres comme chef de file de l’opposition. Cette nomination est prévue par les dispositions de la 2019-45 du 25 novembre 2019 portant statut de l’opposition en république du Bénin.
Sur cette question, Eric Houndété émet quelques réserves concernant cette loi qu’il faudra « corriger » selon lui. « Le président de la république ne peut pas nommer le chef de file de l’opposition » a-t-il affirmé à sa sortie d’audience.
La loi en question prévoit aux alinéas 1 et 2 de son article 8 que « le chef de file de l’opposition est le chef du parti politique déclaré de l’opposition, ayant le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale à l’occasion des dernières élections législatives ». En cas d’égalité de sièges au parlement, la loi prévoit la prise en considération du nombre d’élus communaux.
Face à ces dispositions, Eric Houndété reste donc impuissant. « Le chef de l’Etat est en disposition favorable de prendre les actes conformément aux dispositions de la loi qui est là pour que le chef de file de l’opposition soit nommé », a-t-il concédé.
La crise dans les filières soja et coton, qui a fait l’objet de plusieurs échanges entre les membres du gouvernement et même le chef de l’Etat, et les associations des producteurs, n’a pas été occultée au cours de cette audience. Sur la question, Eric Houndété a indiqué avoir expliqué au chef de l’Etat « qu’il faut permettre aux producteurs de continuer à vivre pour produire, de continuer à faire travailler ceux qui sont autour d’eux ».
Les députés de l’opposition de la 9è législature ont déposé une proposition de loi d’amnistie pour la libération des « prisonniers politiques » et le retour au pays de ceux en exil. Sur le sujet, les deux hommes ont également échangé. Le président Talon a dit laisser le soin au Parlement de statuer sur la question au nom du principe de séparation des pouvoirs. Le chef de l’Etat a également rassuré son hôte de ce que les services judiciaires sont à l’œuvre pour régulariser la situation judiciaire des militants sortis de prisons dont la situation judiciaire reste à clarifier.
Plusieurs autres sujets dont le code électoral ont été évoqués au cours de cette rencontre, qui selon le président du parti ‘’Les Démocrates’’, feront l’objet de discussions entre l’exécutif et l’Assemblée nationale.
« C’est même ridicule »
Cette rencontre entre le président du parti Les Démocrates (Ld) et le chef de l’Etat a fait réagir certaines personnalités politiques notamment celles de l’opposition. Félicité Akueson, la secrétaire générale nationale du parti Restaurer l’espoir de Candide Azanaï, a fustigé cette rencontre qui pour relève du « ridicule ».
« Eric Houndété n’est-il pas juste allé quémander des prébendes dans le dos des populations ? » s’est-elle interrogé. Pour Félicité Akueson, le compte rendu de cette rencontre n’annonce « rien » de nouveau ni pour les agriculteurs et producteurs de soja, ni pour les « détenus, prisonniers et exilés politiques ». « Tout donne à comprendre que le chef de file de la prétendue opposition serait allé faire allégeance pour pouvoir se vêtir de la toge loufoque arrachée à Hounkpè. C’est tout », a-t-elle conclu dans sa publication sur le Meta.
Le président du Mouvement populaire de libération (Mpl) Expérience Tèbè s’est également confié à notre rédaction sur le sujet. L’homme pense que la décision de l’opportunité de cette rencontre entre Talon et Houndété relève de la discrétion de l’opposant. Toutefois, il pense que le dialogue entre les acteurs politiques de la mouvance et de l’opposition est la solution à crise à laquelle cette dernière est sujette. « Nous pensons que le dialogue entre les forces de l’opposition et les institutions et le gouvernement reste une solution au problème que vivent les forces de l’opposition en ce moment dans le pays » a confié Expérience Tèbè.
L’opposant à la gouvernance du président Talon constate par ailleurs, au regard du compte rendu donné par Eric Houndété à sa sortie d’audience, qu’il n’y a pas vraiment eu du nouveau au terme des échanges. Ce qui laisse insatisfait Expérience Tèbè qui pense que des sujets plus sérieux et urgents auraient dû être abordés. Au nombre ceux-ci, la situation de la jeunesse, la vie sociale, la précarité ou encore le chômage. « C’est cela qui nous dérange chaque fois. Autour des nombreux débats politiques qui se font, nous n’avons pas l’impression qu’il ait un début de solution sur ces questions. C’est peut-être là encore que nous sommes restés un peu sur notre soif », a-t-il confié. Le chef du Mpl nourrit l’espoir que le gouvernement et son chef « puisse vraiment réagir » face à ces situations qui sont d‘une importance capitale pour le peuple béninois.
