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Olivier Boko

Suscitation de candidature à l’approche des élections : Retour du conditionnement psychologique de l’électorat

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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À trois ans de la fin du dernier mandat de Patrice Talon, des mouvements et associations naissent déjà pour susciter des candidatures. Et c’est Olivier Boko, grand allié du chef de l’État qui est actuellement exhibé comme le dauphin parfait à même de sauvegarder les acquis des deux mandats.

Par Bernadin ANATO

La vague des instigations de la candidature du surnommé « vice-président de la République » est partie de « l’Association des pasteurs partageant les idéologies de Olivier Boko ». Samedi 11 mars, le creuset regroupant essentiellement des bergers évangéliques, a organisé une prière en son honneur. Puis, vient le tour de « Dynamiques Olivier Boko 2026 » dont les barons jettent le dévolu sur la même personne. « Il faut reconnaître qu’il est de bon ton que les mouvements se manifestent pour amener Boko à accepter d’être candidat aux élections de 2026. Connaissant la totale discrétion de l’homme, il peut bien décliner l’offre même si le président Patrice Talon lui tend la perche », avoue Bienvenu Amoussou, son coordonnateur.

« Olivier Boko est un homme lucide et sage. Il ne peut jamais solliciter ces jeunes pour susciter sa candidature »

Un cadre du ministère de l’Économie et des finances se dit en phase avec ces mouvements qui se constituent. « Le président Patrice Talon, depuis son arrivée ne cesse d’insuffler un vent nouveau dans tous les secteurs vitaux du pays à travers des réformes bien pensées. Il faudra donc d’ores et déjà identifier celui qui pourra assurer la relève pour continuer les œuvres », se défend-t-il.
« Nous attendons qu’il accepte d’être candidat pour que le pays continue sa marche vers le développement. Nous ne désirons pas quelqu’un moins [charismatique, ndlr] que Patrice Talon au pouvoir », formule Christian Gbakpa, président du ‘’Fan club Olivier Boko’’. « Lorsqu’on jette un regard dans le gotha des noms miroités dans l’opinion publique comme ballon d’essai, seul Olivier Boko pèse dans la balance », conclut-il.

Innocent Athindokledje, coordinateur national du mouvement “Talon a sauvé le Bénin” et membre du parti Moele-Bénin proche du pouvoir, encense les jeunes activistes politiques. Néanmoins, dénonce-t-il, il est trop tôt pour se mettre à crier le nom d’un probable candidat. « Olivier Boko est un homme lucide et sage. Il ne peut jamais solliciter ces jeunes pour susciter sa candidature », jure-t-il.
Mais les mouvements ont aussi des pourfendeurs. Prince Tadagbe Agoli-Agbo crie à l’agitation. « Si l’intéressé a toujours eu l’étiquette de l’homme à tout faire de Patrice Talon, nulle ne doute que sa candidature serait pour permettre à Talon de continuer à tirer les ficelles dans l’ombre, vu que constitutionnellement, il ne pourra plus briguer un nouveau bail présidentiel », critique-t-il.

L’avis du juriste

Susciter des candidatures à l’approche de telle ou telle élection, est devenu une « habitude béninoise ». Elle n’a rien d’illégale, elle est surtout l’expression et « la jouissance des libertés fondamentales », soutient le juriste spécialiste des questions de démocratie, Landry Angelo Adélakoun.
Toutefois, ces mouvements précoces fonctionnent bien comme une « stratégie de conditionnement psychologique de l’électorat » et sont souvent déterminants pour la candidature ou non de l’intéressé dont le nom est inoculé au peuple. « En politique, rien n’est anodin. Tout à un sens », tranche le juriste.
Toutefois, cette « habitude » aurait pu être corrigée par la loi en conditionnant la candidature aux élections présidentielles à l’appartenance à un parti politique. Alors, « il reviendrait aux partis politiques de décider par des mécanismes qui leur sont propres à l’interne qui sera leur candidat. Ainsi, la marge de manœuvre des citoyens et autres mouvements dans l’invite à la candidature serait minime ou carrément apparente, car tout le jeu se déroulerait dans les états-majors des partis politiques ».

Le code électoral modifié en 2019 dans le cadre de la réforme du système partisan, intègre l’exigence de parrainage. L’article 132 dispose que « Nul ne peut être candidat aux fonctions du président de la République ou de vice-président de la République s’il n’est dûment parrainé par un nombre de députés et ou maires correspondant à au moins 10% de l’ensemble des députés et des maires ».
Cette réforme visait à rendre les partis politiques forts avec un ancrage national. « Elle n’a pas vocation à restreindre les droits et libertés des uns et des autres », rappelle le juriste. Toutefois, quelles sont les limites des appels à candidature de sorte à ne pas verser « ni dans une campagne prématurée, ce qui serait illégale, ni dans la violation des règles de la République » ?

 

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Isadora Morison août 15, 2023 - 4:48 pm

Dans cet article, j’ai identifié des renseignements inestimables que je cherchais depuis longtemps.

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