Les produits agricoles dont le maïs ont connu ces derniers mois, une hausse du prix sur le marché bien que la production nationale soit suffisante pour répondre aux besoins des populations. Le gouvernement prenant ses responsabilités, en est arrivé à interdire l’exportation. Puisque la cherté du maïs selon le gouvernement est aussi due à sa sortie incontrôlée du territoire national.
Mais en dehors de cette cause, il y en a une autre qui ne saute pas à l’oeil. Elle concerne l’impact de l’aviculture sur la production nationale de maïs dont tout n’est plus orientée à la consommation humaine comme avant. Le président du parti Union progressiste le Renouveau a évoqué cet aspect de la situation mercredi 5 juin, lors de la tournée de reddition de comptes du gouvernement, étape de la 15e circonscription électorale à Cotonou.
Les propos relayés par le journal Bénin Intelligent sont devenus très tôt virales sur les réseaux sociaux. Certaines personnes jugent puérile cette déclaration du professeur Joseph Djogbenou. Cependant, son observation reste pertinente. En effet, le président Patrice Talon a interdit récemment, l’importation des produits congelés qui, rappelle Joseph Djogbénou, rendaient malades les consommateurs. «Les poulets sont congelés dans le bateau depuis l’étranger, font le trajet. Une fois à destination, ils sont encore congelés ailleurs». Ce qui constitue un vrai danger pour les consommateurs.
Ainsi après l’interdiction, les volailles doivent être élevées sur place au Bénin. «Que mangent les poulets ?» a-t-il demandé à l’assistance avant de répondre : «du maïs». Il conclut que c’est l’une des raisons qui justifient la cherté du maïs. Mais avec l’interdiction de l’importation du maïs, le prix baisse déjà sur le marché, se réjouit Joseph Djogbénou.
Ambition
« Plus aucun œuf, plus aucun poulet congelé ne va rentrer au Bénin à partir du 31 décembre 2024 ». Cette annonce ferme émane du ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui. Le Bénin compte développer désormais sa propre production locale de volailles. Cette politique vise surtout à protéger la santé des populations.
Il est de notoriété, en effet, que généralement obsédées par le profit et la production de masse, les grandes industries agroalimentaires se préoccupent peu de la santé des consommateurs. Ainsi, des enquêtes ont alerté sur la dangerosité des produits utilisés dans la croissance rapide des poulets massivement importés en Afrique. La consommation de ces poulets expose les populations à de graves maladies qui les ruinent davantage.
En 2020 déjà, le gouvernement affichait son ambition pour l’aviculture endogène. Un arrêté interministériel interdisait alors, bien que temporairement, l’importation, la distribution et le transit de volailles, parties et abats de volailles congelés, poussins d’un jour, œufs et aliments de bétail en provenance de certains pays infectés de grippe aviaire.
Mais le développement d’une filière avicole endogène ne se passera pas sans bouleversement. En dehors de la consommation humaine, l’élevage local a également besoin du maïs, confirme le médecin vétérinaire assermenté Sylvestre Fayomi. Ce céréale, dit-il, est l’aliment le plus prisé des volailles. Avec la politique de développement de l’aviculture en cours, le secteur aura besoin davantage du maïs.
«Dans l’alimentation des poulets, le maïs et le soja occupent au moins 75%»
En réaction aux propos du président de l’Up le renouveau, le médecin vétérinaire souligne toutefois que la cherté du maïs n’est pas vraiment liée à son exportation. Le gouvernement a pris la bonne décision de subventionner la production aviaire au Bénin, reconnaît-il. «Mais il a oublié de prévoir ce que ces 500 milles volailles pondeuses introduites dans le cheptel béninois devraient manger», déplore-t-il tout de même.
Sylvestre Fayomi explique que «ceux qui ont conçu et validé ce projet devraient savoir que dans l’alimentation des poulets, le maïs et le soja occupent au moins 75%». Par conséquent «l’alimentation des poulets concurrencera sérieusement celle des hommes». Pour le médecin vétérinaire, Sylvestre Fayomi, «le gouvernement devrait entreprendre des actions afin d’assurer une augmentation très considérable de la production de ces céréales». Cela permettra de stabiliser les coûts aussi pour la consommation des populations que les acteurs de l’aviculture locale.